Shrooms
Shrooms
Jake, un irlandais de souche et expert en champignons de surcroît a promis à Molly, Bluto, Lisa, Troy et Tara, de jeunes américains en manque d'aventures, le "trip" de leur vie dans son beau pays vert. Et les voilà partis pour un camping forestier en quête de substances naturelles hallucinogènes. Malgré ses recommandations quant aux "champignons auxquels ils ne doivent surtout pas goûter", les choses commencent à mal tourner quand Tara ingère une mycose "tête de mort" et est prise immédiatement de convulsions tout en ayant d'horribles visions. Pensant qu'elle se calmera, on la cantonne dans une tente pendant que Jake, autour du feu de camp, raconte une histoire qui fait peur à propos d'un orphelinat où se seraient déroulés d'horribles évènements et situé alentours...
C'est curieusement à partir de ce moment là et de l'ingestion par tous d'une infusion de champis que les choses prennent une tournure peu commune. Nos petits touristes en herbe (quel jeu de mots !) sont, en effet, plus ou moins sujets à d'étranges visions. Mais si finalement, il ne s'agissait pas d'hallucinations !?
Si je devais décrire ce film, je dirais que Shrooms, s'apparente au choix : au film d'un étudiant en cinéma passant son diplôme de fin d'année ou bien au métrage tourné entre potes dans la forêt locale du coin ressemblant à s'y méprendre à celle de "Blair witch". Autrement dit, ça sent un peu le film amateur nanti d'un budget riquiqui et qui va à l'essentiel reprenant ainsi tous les codes propres aux slasher movies. Alors a-t-on droit aux écueils habituels ? Eh bien la réponse est "oui". En ce qui concerne les protagonistes, on a pêle-mêle : le bourrin limite débile mental, le fumiste fumeux et fumeur, la fille sympa, la garce de service, le mec douteux et les moins tocards qui s'en sortiront peut-être. Ajoutez à cela des scénettes de drague, de coucheries, la présence de rednecks locaux limite consanguins et hyper suspects tout ça parce qu'ils ne sont pas beaux, un scénario pas très linéaire car trop confus et surtout un twist final pas très novateur pour les fans du genre bis qu'est le slasher.
Pourtant, certains éléments pouvaient être intéressants à exploiter. Par exemple, le prétexte des champignons hallucinogènes aurait pu apporter un petit plus à un genre qui ne vole généralement pas bien haut. De même, l'idée de l'orphelinat des tortionnaires avec à sa tête le Frère Noir, était très intéressante. Enfin, certaines visions (la vache qui parle notamment) sont assez déjantées et novatrices pour faire de Shrooms un slasher se démarquant des autres. Seulement voilà, les idées quand elles ne sont pas sous-exploitées, deviennent trop attendues, ou bien pire encore, sont malvenues et utilisées sans surprise, c'est vraiment dommage ! On a l'impression d'assister à la naissance d'un style qui prend son envol mais qui meurt la minute suivante, faute d'innovation majeure et de persistance dans une voie précise. En définitive, ce film apparaît comme un brouillon, une ébauche conceptuelle et désordonnée dans laquelle Paddy Breathnach, le réalisateur, (qui c'est d'ailleurs ce gars là ?) a été pris à son propre piège, celui de n'avoir jamais pu vraiment choisir de style propre. Shrooms est, en effet, à la lisière de l'horreur pure (en témoignent les scènes où apparaissent le Frère Noir, un succube), le teen movie potache (cf. les scénettes pseudo érotiques et la vache qui parle) et le slasher avec un peu de gore (voir les petits coups de hache par-ci par-là) mais ne convainc jamais, hélas ! Cette série B aurait pu, si elle avait été mieux gérée d'un point de vue scénaristique et en matière d'originalité surtout, sortir du lot des slashers actuels et autres films remakés. Au lieu de cela, on arrive devant un nanar se voulant au même niveau que l'ensemble de la production horrifique pour ados en mal de frissons en vogue actuellement.
Côté acteurs maintenant, on n'a vraiment rien d'exceptionnel à se mettre sous les mirettes, puisqu'a priori tout le casting, quand il ne pense pas à forniquer ou à se doper, est là pour se faire dézinguer en long, en large et en travers. On est dans un slasher quand même ! Notons tout de même que Lindsey Haun, l'actrice interprétant Tara, a joué dans "Le village des damnés" de l'illustre John Carpenter et que Jack Huston, Jake dans le film, est le petit-fils de la légende d'Hollywood John Huston et le neveu d'Anjelica Huston. Comme quoi, on peut avoir des méga stars dans sa famille et jouer dans de grosses bouses ! Pour le reste des comédiens, on évitera d'en parler tant ils sont sans importance car on les oubliera bien vite, tout comme le film en fait. D'ailleurs pour ma part, c'est déjà fait…
En conclusion, après une première demi-heure pleine de promesses grâce à une atmosphère intrigante oscillant entre réalité ou fiction et une bonne dose d'humour, Shrooms devient vite un slasher basique qui n'arrive jamais à sortir du lot à cause d'un scénario devenu indigent et d'une fin ultra convenue sans aucun intérêt car en définitive trop prévisible. Ne reste au final qu'un petit nanar pour adolescents vraiment en manque, c'est le cas de le dire. Tout le mérite de ce film réside ainsi dans sa durée (à peine plus d'une heure), ce qui nous laisse largement le temps de visionner pour une énième fois nos petits classiques ! Du coup, je vais aller me mater pour la cinquantième fois "Black Christmas" de Bob Clark qui serait, d'après ce que l'on dit, le premier vrai slasher…