Ju-on : the grudge 2
Ju-on : the grudge 2
Après un premier épisode éprouvant et pratiquement culte, Shimizu remet le couvert avec la séquelle de "Ju-on". Pour ceux qui ne le serait pas encore, la saga des "Ju-on" s'avère déjà très prolifique. Tout débuta en 2000 avec la version DV exploitable pour la télévision, en vu du succès survient la suite sobrement intitulé "Ju-on 2".
La réputation et le coût financier que rapportèrent ces deux premières versions firent le bonheur de tout le monde à commencer pour Shimizu qui pu s'offrir la chance de refaire ses deux premiers films en 35 mm pour une exploitation en salle de cinéma.
Devenue aujourd'hui une série culte en Asie, ce fut Sam Raimi qui offrit au japonais de faire le remake de son propre film pour le marché mondial, en résulta "The grudge" qui malgré ses grandes faiblesses face à ses prédécesseurs a remporté un succès remarquable.
La version qui nous intéresse ici est donc la 35 mm japonaise de l'épisode 2, nous commenceront donc par le pitch.
Un couple est victime d'un accident de voiture après avoir percuté un chat noir, et subit l'apparition du petit garçon Toshio. L'homme tombe dans le coma et sa fiancée qui était enceinte perd son bébé, néanmoins ceci est plus que supposition, car malgré tout, elle se rend compte que sa grossesse suit son cour. Etant actrice, elle se rend sur un lieu de tournage pas du tout banal puisqu'il s'agit ni plus ni moins de la maison hantée, celle des évènements du premier "Ju-on : the grudge" de la famille Saeki. Depuis que l'équipe a tourné dans cette demeure chacun des membres disparaissent un à un, et la grossesse de Kyoko devient de plus en plus suspecte.
Essayant de construire un film avec une trame plus classique et conventionnelle, Shimizu perd l'originalité du premier et insuffle de nombreux temps morts (le plus souvent sans intérêts) à son métrage. En résulte des longues scènes de dialogues insipides et mal jouées et des moments de tensions sans surprises et saveurs.
Ceci étant d'ailleurs l'un des problèmes majeures de cette suite, la peur. Difficile de ne pas sursauter devant le premier épisode, hors cette suite quand elle reprend les mêmes processus de peur que son homologue, s'avère plate et aucunement effrayante à certains moments. Dès l'introduction, on n'est frappé de voir aussi rapidement Toshio, le côté suggéré du premier épisode est ici un peu mis aux oubliettes, où les spectres sont vu à de nombreuses reprises. Si la mère est toujours aussi terrifiante et remarquable, bien plus impressionnante d'ailleurs que pour le premier film (son aspect à été retravaillé) et qui de plus obtient certainement la scène la plus mémorable du film à la fin dans l'hôpital, ce n'est malheureusement pas le cas pour le petit Toshio.
On a bien plus l'impression de voir un "schtroumpf" par moment qu'autre chose, le problème de ce petit bonhomme est que le montré plus de 4 secondes nuit beaucoup à son aspect. Hors Shimizu le garde souvent beaucoup trop longtemps dans le cadre marquant indéniablement une perte d'efficacité.
Néanmoins l'ambiance du premier se ressent à certains endroits, notamment lorsqu'un protagoniste se retrouve seul dans une pièce peu éclairée peuplée d'ombres où ici on saluera le très bon travail du chef décorateur et de la photo. Ce qui nous amènera à repenser à l'excellente ambiance de "Kairo". De plus l'environnement sonore est tout bonnement remarquable et utilisé à bons escient sans surcharge et stéréotype, au contraire des nombreuses productions horrifiques hollywoodienne. Les sons émient par les spectres étant toujours autant stridents et tétanisants. Bref de l'excellent boulot.
Il en est de même pour la mise en scène de Shimizu bien qu'assez pompeuses par endroit, elle prend toute sa force quand la tension doit monter. Cela donne des plans réfléchis superbes et des trouvailles exemplaires, bien que l'on retrouve encore une fois des petites ressemblances aux "Ring" de Nakata.
A noter cependant que part deux fois Shimizu choisit de prendre le point de vue d'un fantôme (dès la séquence d'ouverture), pour cela la couleur devient grisonnante contrastée avec un rouge pâle et l'image devient floue et saccadé. Un parti prit hautement intéressant. Tout comme la scène du couple pendu d'un sadisme et d'une imagerie sublimissime, nous prouvant que cette suite est loin d'être ratée (voir aussi la scène de la photocopieuse).
Malheureusement il est clair de déplorer l'absence de recherche d'un réel mythe envers le personnage du petit garçon et de sa mère, l'histoire étant ici traitée d'une manière bien trop succincte.
Cette suite de "Ju-on : the grudge" laisse donc un goût d'inachevé et de déjà vu, Shimizu avait de quoi faire beaucoup mieux et nous offrir un spectacle encore plus supérieur au premier. On sent que le film a été fait un peu trop rapidement et que la saga commence un peu à s'essouffler dans son propre concept (rappelons que Shimizu a réalisé toute les versions des "Ju-on"). Malgré tout, cette suite plaira à bon nombre d'entres vous et vous fera à coup sûr passer des nuits blanches.