Puppet master : the littlest reich
Puppet master : the littlest reich
Tout juste divorcé, Edgar a besoin de repartir du bon pied. Alors qu’il vient de retrouver une compagne, il décide de partir avec cette dernière et son meilleur ami à une convention pour vendre un pantin ayant appartenu à son défunt frère.
Mais ce qu’ils ne savent pas et sont bien loin d’imaginer, c’est que ce pantin va soudainement être animé par une force maléfique fidèle au troisième Reich. Or le jouet d’Egdar n’est pas le seul à prendre vie : toutes les marionnettes vendues lors de cette convention vont rapidement se retourner contre les résidents d’un hôtel qui devient alors le lieu d’un carnage sans précédent.
L'AVIS:
Sonny Laguna et Tommy Wiklund, deux réalisateurs suédois ayant déjà donné naissance à quatre longs métrages dont "madness" et "wither", se voient proposer un projet inattendu : celui de réaliser un nouvel opus à la fameuse saga horrifique des "puppet master" !
"Puppet master", mais qu’est-ce donc ? Hé bien il s’agit d’une saga assez longue (12 films au compteur avant ce petit dernier, dont un cross-over avec les "demonic toys") mettant en scène des marionnettes tueuses et qui fut lancée en toute fin des années 80 par la firme Full Moon (dont les marionnettes deviendront presque l’égérie, à l’image d’un certain Toxic Avenger pour la firme Troma).
Au vu de la qualité en dents de scie de cette longue saga, beaucoup décideront de s’arrêter à la trilogie initiale (que l’éditeur Artus avait d’ailleurs sortie il y a quelques années maintenant), réalisée par 3 Dav’ (lol) : David Schmoeller, Dave Allen et enfin David Decoteau.
Après nous avoir abreuvé de sympathiques petites créatures (nous pensons bien évidemment à trois sagas phare en la matière : nos fameux Gremlins en tête, suivis par les Trolls, Critters et Ghoulies sur lesquels je me suis déjà posé lors de chroniques sur le site), le cinéma fantastique nous a livré d’autres « menaces hautes comme trois pommes » : des jouets maléfiques !
La seconde moitié des années 80 verra d’ailleurs apparaître deux films majeurs de cette sous-catégorie filmique : les très bons "dolls-les poupées" (l’un des meilleurs films du brillant Stuart Gordon) et "jeu d’enfant" (le premier opus des aventures de Chucky, réalisé par Tom Holland qui nous avait déjà offert le culte "vampire vous avez dit vampire ?").
"Dolly Dearest", "Annabelle", "the boy", "dead silence" ou encore la saga des "demonic toys" (autre saga de la firme Full Moon soit dit en passant), la liste de films/sagas est suffisamment longue dans le cinéma fantastique pour ne pas vous livrer ici une liste exhaustive (d’ailleurs ce n’est pas le but...) de cette sous-catégorie mais sachez que les "puppet master" en sont l’un des piliers assurément !
Rites égyptiens, vengeance nazie, marionnettes tueuses et sadiques à souhait... Cette saga avait un petit quelque chose d’intéressant et surtout de bien décalé, si on en oubliait la fadeur de certains opus (présents uniquement pour enrichir le nombre de segments à l’une des sagas les plus longues du cinéma fantastique).
Belle surprise donc de retrouver ces chères petites marionnettes (nous n’en avions plus entendu parler depuis 2012, année de sortie de "puppet master X : axis rising"), même si la peur de se retrouver face à un DTV bas de gamme et stupide comme certains opus de la saga était difficile à se retirer de l’esprit lors de la 26ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer où il fut présenté en compétition officielle.
Et pourtant, en parcourant la fiche technique du film, ce nouvel opus avait de quoi susciter un réel intérêt. On y découvrait bien évidemment Charles Band à la production (rien d’étonnant là-dedans puisque Full Moon est sa propriété), mais également Fabio Frizzi à la partition (le revoilà !), sans oublier des apparitions de l’acteur allemand Udo Kier (vu notamment dans "chair pour Frankenstein", "du sang pour Dracula", "suspiria" ou encore "spermula" et dont Gérardmer fit un hommage lors de cette 26ème édition) et de la scream queen Barbara Crampton.
Mais ce qui surprenait surtout était la présence S. Craig Zahler au scénario. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il s’agit du réalisateur de l’excellent "bone tomahawk", film mêlant cannibalisme et western logiquement récompensé à Gérardmer en 2016 par le Grand Prix. Un mystère total que de le retrouver au scénario d’un "puppet master" mais forcément cela renforça notre curiosité ! D’autant plus que le générique nous annonçait d’emblée le nom de Fangoria (un magazine américain traitant du cinéma d’horreur et d’exploitation né en 1979 pour celles et ceux qui ne connaissent pas).
Hé bien ce cher S. Craig Zahler a réussi le coup double en 3 ans seulement à la Perle des Vosges : obtenir deux Grands Prix ! Car "puppet master : the littlest reich" a en effet reçu cette récompense (à mon grand étonnement, ce genre de prix étant bien souvent réservé à des produits plus subtils dirons-nous...) mais également le Prix du Public (bien plus justifié) et celui de la Meilleure Bande-Originale (surprenant au vu de la très bonne bande originale de "the unthinkable" également en compétition mais pourquoi pas, la saga des "puppet master" ayant souvent réussi à offrir une musique mystérieuse et envoûtante).
Trois prix vosgiens donc pour le film du tandem Sonny Laguna / Tommy Wiklund mais était-ce vraiment justifié ?
Après une introduction fort plaisante dans laquelle nous pouvons constater que nos marionnettes n’ont rien perdu de leur sadisme propre à la saga (une sympathique double décapitation) et dans laquelle une succession d’images vient nous narrer les mésaventures du Puppet Master (pratique pour les non-initiés à la saga), nous étions en droit à nous attendre à un bon défouloir très divertissant.
Un opus dans lequel nous retrouvons les mêmes marionnettes que celles déjà rencontrées dans les épisodes de la saga (Blade coiffé d’un chapeau et armé d’une lame et d’un crochet ainsi que Tunneler et son foret métallique au sommet du crâne, tous deux apparus dès le premier épisode, ou encore le fameux Torch et son bras lance-flamme vu pour la première fois dans le second volet), chacune ayant ses particularités (modes de déplacement, armes...) pour nous offrir de bien belles scènes de meurtres.
Et à ce niveau, ce "puppet master : the littlest reich" remplit parfaitement son contrat !
Têtes coupées, membres arrachés, intestins extirpés... Les scènes sanglantes se suivent et, chose intéressante, ne se ressemblent pas forcément, le film faisant preuve de beaucoup d’inventivité dans ses meurtres perpétrés par des marionnettes bien réalisées et dont les animatroniques rendent plutôt bien à l’écran !
Humour noir, mauvais goût (un homme décapité dont la tête tombe dans les chiottes tachés de merdes pendant que le reste du corps continue à pisser dedans...) et gore qui tache (plusieurs meurtres sont très graphiques, même si nous retiendrons plus particulièrement cette scène où une marionnette extirpe le fœtus d’une femme enceinte après être passé par le sexe de cette dernière !) : nous suivons ce massacre de juifs, homosexuels, noirs ou encore gitans sans véritable temps mort! (mais également le massacre des marionnettes avec quelques clins d’oeil à l’Histoire disséminés par-ci par-là comme cette fameuse marionnette d’Hitler passée au four !)
Dommage toutefois que le scénario soit si minimaliste et que certaines situations semblent si peu crédibles (ta marionnette à priori inerte sort soudainement une lame de sa main mais rien de plus normal dirons-nous...). Heureusement, quelques gags viennent égayer un peu tout ceci en attendant le soulèvement tant attendu des marionnettes et le carnage dans l’hôtel !
Le jeu d’acteur lui non plus ne vole pas bien haut et il est préférable de ce fait de ne pas trop s’attarder sur ce point et de prendre le film pour ce qu’il est : un bon défouloir sans prise de tête à regarder de préférence à plusieurs autour d’une bonne bière pour en savourer tous les moments saignants et baignant dans l’humour noir mais également pour rire de tous ces petits défauts qui parcourent le film !
Festival de joyeusetés gores orchestrées dans la joie, la bonne humeur et le grand n'importe quoi, "puppet master : the littlest reich" réussit le pari de nous divertir et de nous amuser devant toutes ces scènes sanglantes.
Petit bémol pour le scénario vraiment creux, si on en retire l’inventivité des meurtres, mais également pour le jeu d’acteur vraiment moyen (même si nous n’en attendions guère plus pour ce type de production). Je dis « petit bémol » car le principal (essence de la saga, sadisme des marionnettes, rythme maintenu et humour présent) est bien là pour que nous passions un agréable moment devant ce petit film hautement divertissant !