Carnosaur 2

Carnosaur 2

Suite à des défaillances électriques survenues dans une mine d'uranium dirigée par l'armée au beau milieu du désert, une équipe de maintenance est appelée pour venir réparer les pannes. Une fois arrivée sur place, l'équipe d'intervention ne trouve pas âme qui vive et décide d'inspecter les lieux. Il semble s'être passé quelque chose de grave sur cette base : la cuisine est saccagée et de nombreuses tâches de sang sont retrouvées un peu partout. Seul un survivant a été trouvé, un jeune garçon encore sous le choc que l'équipe de maintenance va soigner tout en essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer.
Très vite, ils apprennent qu'ils ne sont pas seuls sur cette base isolée : des dinosaures ont été recréés par le gouvernement à l'aide d'ADN fossilisé et ont été parqués dans les derniers niveaux de la base tenus top secret. Mais, à en croire l'état du bâtiment, les carnassiers du Jurassique semblent errer en toute liberté dans les couloirs sombres de la base militaire…

CARNOSAUR 2 | CARNOSAUR 2 | 1994

Suite au beau succès vidéo de "carnosaur", Roger Corman décide de se lancer dans la production d'un deuxième opus intitulé à juste titre "carnosaur 2", mais connu également sous le nom de "espèce mutante" lors de sa sortie vidéo dans l'Hexagone, titre qui redeviendra "carnosaur 2" lors de la parution du dvd quelques années plus tard.

C'est à présent au tour de Louis Morneau, adepte de direct-to-video ("hitcher 2", "bats, la nuit des chauves-souris", "une virée en enfer 2"…), de s'atteler à la réalisation de ce deuxième opus de la saga grandissante, aidée il va sans dire par l'énorme succès de "jurassic park" (même si l'on joue dans un tout autre registre ici, le film flirtant bien plus vers le nanar que son grand grand frère).
Voyons donc rapidement ce que ce nouvel opus de la saga des "carnosaur" nous offre, tout en se référant à son aîné.

Alors que le premier opus nous avait gratifié d'un scénario des plus maigres qu'il soit, ce deuxième volet ne s'en sort pas mieux et réussit même à s'emmêler gentiment les pinceaux avec une sorte de double scénario, comme si l'histoire avait été écrite par deux personnes qui ne s'étaient quasi pas échangé leurs idées et points de vue, chacun à un bout de table… Ainsi, nous nous retrouvons avec une histoire qui tient la route sur le postulat de départ (une équipe de maintenance doit venir réparer le système électrique d'une mine d'uranium sans savoir que ces défaillances sont le fruit de dinosaures qui vivent sur la base en toute liberté après s'être échappés de leurs cellules) mais qui se complique et s'embrouille par la suite (un nouveau danger intervient pour nos héros : des armes nucléaires sont stockées également à d'autres niveaux de cette base et les dinosaures pourraient bien, par mégarde, les déclencher : cela devient un peu fouillis… Nous apprenons que la base qui au départ doit servir à extraire et stocker de l'uranium sert également de zoo jurassien et qu'en plus on y parque des armements nucléaires : un bon gros bordel en quelque sorte…).
Notons par ailleurs que Morneau a (volontairement) repris certaines scènes du premier opus dont notamment cette confrontation entre un tyrex et un tractopelle, un arrachage de tête presque copié-collé, des griffures semblables… Alors, en panne d'idées?

Par ailleurs, on regrette cette hétérogénéité entre la première et la deuxième partie du film. En effet, les trente premières minutes du film sont navrantes, les dialogues sont poches et les acteurs peu convaincants, voire même énervants (référence à la grosse brute idiote interprétée par Rick Dean qui ne cesse de jouer le gros dur ou encore à ce cuisinier pas crédible un instant dans son monologue désespérant).
Très tôt dans le film, nous avons la forte impression et l'horrible sensation que nous allons encore une nouvelle fois subir pendant une heure et demie des clichés ultra-stéréotypés de l'Armée et du Gouvernement avec ces gros abrutis, ces machos et ces morceaux de bravoure à répétition, le tout dans un film censé nous montrer que dans l'Armée il n'y a que des gros durs bêtes et méchants et que les scientifiques travaillant pour le Gouvernement sont des grands malades ne cherchant que la renommée sans se soucier de ce que pourraient engendrer leurs créatures génétiquement modifiés…

Heureusement, une fois la deuxième partie du film commencée (nos amis arrivent sur la base) il n'en est rien et tout ce qui pouvait nous faire craindre le pire n'est finalement que de mauvais souvenirs. Exit les soldats bêtes et méchants de l'Armée et les scientifiques maboules : vous n'en verrez pas, tout le monde est mort! C'est alors un petit huit-clos sans grande révolution qui va se mettre en place petit à petit, nos gentils réparateurs étant pris au piège dans cette satanée base qui n'est autre qu'une immense salle à manger pour nos vilains dinosaures.
Cette deuxième partie rehausse donc nettement la qualité d'un film qui aurait pu tourner rapidement en cauchemar vu et revu dans ce genre de production. L'idée de faire un huit-clos est la bienvenue ici et nous rappelle (l'espace d'un moment) le célèbre jeu de Capcom "dino crisis", la réalisation et l'angoisse en moins malheureusement…

Car c'est bien cela qui manque cruellement au film de Morneau : l'angoisse, le stress… Tout ce qui rend les huit-clos excitants quoi! (référence au premier opus d' "alien" par exemple). Quitte à changer radicalement le registre de la saga (passer du nanar amusant, loufoque et décomplexé du premier opus à un huit-clos plus sérieux pour ce deuxième volet), autant le faire jusqu'au bout! Bien que le rythme soit plutôt bien maintenu (tout comme dans le premier opus), on frissonne à aucun moment au final et c'est d'autant plus dommage car quelques éléments de l'ambiance étaient bien là comme l'obscurité des couloirs par exemple (certains diront que c'est pour cacher la misère et la pauvreté de l'esthétisme des dinosaures…).

Pour ce qui est du casting, contrairement au premier volet nous retrouvons quelques têtes connues comme celle de Rick Dean (que l'on regrette de trouver dans ce film, soit dit en passant, tellement son personnage nommé Monk est bête, macho et sanguin à souhait) mais également de John Savage ("voyage au bout de l'enfer", "salvador", "le parrain 3", "la ligne rouge", "une bouteille à la mer", "christina's house"…) dans la peau du héros nommé Jack Reed : un être émotif, très sentimental et attachant (de loin le meilleur rôle).
Comme toute série B qui se respecte, on retrouve également des personnages stéréotypés auxquels on finit par porter très peu d'intérêt : le jeune intello qui se la joue pro de l'informatique (il pirate le réseau de la base depuis quelques temps), l'homme du Gouvernement qui cache les secrets du site et refuse que l'on détruise le matériel de l'Armée (rôle joué par Cliff De Young que l'on retrouve dans "les tommyknockers" ou encore "the substitute"…).

Le casting n'est pas mauvais mais certains personnages auraient peut-être mérité un meilleur traitement pour rendre le film plus attrayant… En tout cas, les acteurs sont bien meilleurs que dans le premier volet (même si c'est ce qui faisait entre autres le charme de "carnosaur" : cet esprit loufoque et humoristique a disparu pour l'occasion dans cette suite…).

Là encore, après le scénario, voilà une nouvelle déception par rapport au premier opus : les effets gores. Alors que "carnosaur" possédait un petit charme grâce à ses effets sanglants certes caoutchouteux mais plaisants, ce deuxième volet s'avère être très avare en la matière et nous donne uniquement deux scènes gores : un arrachage de bras plutôt bien sympa et une décapitation à la manière du premier opus mais plus vite expédiée ici…

Pour ce qui est des dinosaures, ceux-ci semblent avoir été un peu retouchés pour ce deuxième volet : plus beaux (sans jamais atteindre ceux d'un "jurassic park") et plus apparents que dans le premier opus, on ne peut que saluer cette petite amélioration. Les mouvements saccadés ont ici quasi disparus et de beaux petits plans sur les pieds du tyrannosaure ont été ajoutés, tout comme des gros plans sur sa gueule en sang qui ne sont pas négligeables dans ce genre de petite production. C'est pour ma part le point fort (presque unique) de cette suite…

Au final, ce deuxième opus déçoit terriblement sur bon nombre de tableaux : scénario fourre-tout, humour absent, gore en perdition… Alors que "carnosaur" était une série B à tendance nanaresque qui s'assumait parfaitement, Morneau a voulu rehausser la qualité de la saga (amélioration du casting et de l'esthétisme des dinosaures) mais a également voulu rendre le film plus familial (en limitant les effets gores) et a enlever cet aspect humoristique pour essayer de faire un film plus angoissant (apparition du huit-clos mais mal maîtrisé) : bref, il a détruit tout ce qui faisait l'originalité et le petit plus de "carnosaur", autrement dit ce côté kitch et fauché, avec ses effets caoutchouteux et ses situations granguignolesques (les humains et les poules qui pondaient des œufs de dinosaures). Dans les effets bidons que l'on affectionne tant dans ce genre de production, on retiendra surtout le crash de l'hélicoptère (un jouet en plastique filmé au ralenti en train de tomber sur le sol : terrible! RIRES!).

"carnosaur 2" parait au final trop sérieux et trop clean (moins amateur même s'il l'est encore beaucoup) par rapport à son aîné et demeure donc un film bancal, une série B quelconque, sans âme…

CARNOSAUR 2 | CARNOSAUR 2 | 1994
CARNOSAUR 2 | CARNOSAUR 2 | 1994
CARNOSAUR 2 | CARNOSAUR 2 | 1994
Note
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David Maurice