Opera mortem
Opera mortem
Les visions morbides d'une jeune fille suicidaire s'entremêlent avec celle d'un tueur nécrophile...
L'AVIS :
Bon, pas facile de donner un avis sur ce type d'expérience visuelle et auditive. Parce que Opera Mortem n'est pas un film au sens strict du terme. Pas de scénario, pas de réel fil conducteur mais une suite d'images déroutantes, pas toujours compréhensibles, un kaléidoscope quasi non-sensique sur lequel la musique toute aussi expérimentale de Anthony Harris vient se poser. Réalisé sur une période de dix ans d'après certaines sources par un peintre anglais, David Fleas, qui était aussi sataniste, Opera Mortem a longtemps été considéré comme un film maudit, invisible, et qui n'a bénéficié que d'une seule projection en salles, durant l'année 1973 au Nottingham Odeon Film Theatre.
Le réalisateur a utilisé différents formats vidéos tout au long de ces dix années, comme le Super 8 ou la VHS. C'est grâce à un collectionneur, Giovanni Mele, que cette oeuvre on ne peut plus insolite peut enfin s'offrir aux amateurs d'étrangeté filmique. Et dans une version un peu plus longue que celle de l'unique projection de 1973, puisque cette dernière faisait alors 62 minutes alors que la version proposée par l'éditeur Tetro Vidéo dure 70 minutes. Impossible de savoir précisément quel est la durée exacte du film, il est fort possible que d'autres bandes soient éparpillées à travers le monde, peut-être en possession chez d'autres collectionneurs. Le mystère demeure intact. C'est donc après de nombreuses recherches sur David Fleas que Giovanni Mele a retrouvé des membres de la famille de ce peintre considéré fou et qu'il a pu acquérir les droits d'Opera Mortem.
D'après Mele, il semble que la famille de Fleas n'ait pas trop envie d'être mêlée à ce film et notamment son fils, bien content que quelqu'un lui achète les droits pour se débarrasser de cet héritage non désiré. Cette succession d'images pourrait contenir de manière détournée ou dissimulée un code susceptible d'être lié à une incantation satanique, et ce, selon des experts en occultisme qui ont décelé des éléments venant corroborer cette thèse, comme des chiffres, des symboles, des artefacts. Si l'image de Baphomet, la présence de bouc ou du chiffre 666 entre autres indiquent clairement que nous sommes en présence d'un film sataniste, un théologien va encore plus loin en disant que Opera Mortem est purement et simplement une transposition métaphorique d'un rituel de magie noire. On fera confiance à ces experts et on arborera dans leur sens. Toujours est-il que la vision d'Opera Mortem m'a plutôt déçu. Ce maelström d'images en noir et blanc et de quelques séquences en sépia s'avère vite ennuyeux au possible et ne présente en réalité que très peu d'intérêt.
C'est un trip hallucinatoire aux images somme toute très sage : un peu d'érotisme avec une vision fugace d'une fellation et d'une pénétration, un peu de violence et de sang, avec ces allusions au tendances suicidaires d'une femme brune, et beaucoup d'autres images ou scènes qui constituent un puzzle démoniaque à remettre en ordre ou à interpréter mais que le néophyte ne comprendra guère. Alors oui, Opera Mortem est peut-être une oeuvre blasphématoire, artistique, sataniste, dadaïste, surréaliste, avant-gardiste et tout ce qu'on veut, mais en l'état, il faut quand même être sacrément réceptif à ce type de film expérimental pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Dans le même genre, j'ai largement préféré Beggoten par exemple. A découvrir malgré tout
* Disponible en Bookbox DVD chez TETRO VIDEO