2000 maniacs
Two thousand maniacs
Des touristes nordistes prennent la route pour aller vers le sud des Etats-Unis. Ils arrivent dans une petite ville étrange, "Pleasant Valley", où s'organise une grande fête. Le maire du village annonce aux six touristes qu'ils sont les invités d'honneur de leur célébration. En fait, les habitants de Pleasant Valley ont tous été massacrés pendant la Guerre de Sécession et réapparaissent pendant 24 heures tous les cent ans pour se venger, les touristes leur servant à assouvir leur vengeance. Ils organisent des jeux avec eux qui se révèlent vite meurtriers. Une femme se fait sectionner le bras à coups de hache, un autre touriste est mis dans un tonneau dans lequel on plante des clous avant de lui faire dévaler une petite colline... Les survivants vont tenter de s'échapper de cette ville fantôme...
L'AVIS :
Après la révolution que fût " Blood Feast " l'année précédente dans le domaine du cinéma d'horreur, inventant le cinéma que l'on qualifiera de " Gore ", Herschell Gordon Lewis continua sur sa lancée avec son film suivant, au titre fort alléchant de " 2000 Maniacs ".
La première chose qui frappe à la vision du film est le soin apporté à la réalisation. Blood Feast relevait du plus pur amateurisme, tant au niveau de la réalisation justement, mais aussi du jeu des acteurs. Ce qui en faisait également tout le charme. Mais pour 2000 Maniacs, une réelle progression a eu lieu. Certes, ce n'est pas encore réalisé par Orson Welles et les acteurs n'auront sûrement pas de nominations aux Oscars pour ce film. Néanmoins, on a plus l'impression de voir un " vrai " film. Les séquences s'enchaînent bien, les acteurs se débrouillent mieux, celui interprétant le maire du village fait de son personnage un élément marquant du film. En clair, Lewis a beaucoup mieux maîtrisé son film, soigné sa photographie également. Il est vrai qu'il disposait d'un budget trois fois supérieur à celui de Blood Feast. Forcément, ça aide un peu !
Mais ces 2000 Maniacs me direz-vous ? Qu'en est-il exactement ? On sait que le film fût tourné à St Cloud, petite ville de Floride qui comptait 2000 habitants justement ! Une aubaine ! A la lecture du scénario, le cinéphile ne pourra que faire le rapprochement avec une comédie musicale fort célèbre de Vincente Minnelli, " Brigadoon ". Et pour cause, 2000 Maniacs étant sa version gore ! Comme dans le film de Minnelli, les habitants de Pleasant Valley sont donc des fantômes qui réapparaissent tous les cent ans mais pas pour les mêmes raisons. Une grande fête est donc célébrée et malheur aux touristes venant du Nord qui tomberont aux mains des habitants. Car qui dit fête dit jeux mais des jeux bien spéciaux ici, et ce sont ces jeux qui font tout l'intérêt du film de Lewis. Pretexte aux débordements gores, les attractions sont très inventives et dénotent d'un certain humour noir ! Par exemple, la scène où un homme est placé dans un tonneau dans lequel on plante des clous et que l'on fait dévaler ensuite sur une pente…le tout sous les acclamations des habitants en délire ! De grands gamins ces Maniacs, je vous le dit…
Niveau gore justement, le fan de Blood Feast pourra être légèrement déçu. Il faut bien le reconnaître, ça gicle moins ! Le sang est bien sûr présent mais de façon plus " discrète ", moins " grand-guignol ". Le spectateur des années 2000 trouvera même ce film très " soft " comparé à Evil Dead ou Braindead par exemple. Mais dans le contexte des années 60, les séquences d'horreurs des films d'Herschell Gordon Lewis étaient du domaine du jamais vu auparavant !
Malheureusement pour les spectateurs français, la version que l'on trouve en VHS présente un défaut de taille : la musique originale composée par Lewis et Larry Wellington a été remplacé par la partition de Fabio Frizzi pour " l'au-delà " de Lucio Fulci. Une pratique honteuse et d'une bétise rare. Ne connaissant que cette version, je ne pourrai vous parler de la musique originale.
Longtemps interdit en France, disponible uniquement en VHS avant d'être enfin projeté lors d'un festival dans les années 80 (!), 2000 Maniacs comblera les amateurs de gore " sixties " et les nostalgiques d'une époque révolue où l'on pouvait tout oser, tout montrer et où les réalisateurs n'aseptisaient pas leur film de peur d'être censuré ou de récolter un NC-17… Les autres trouveront sûrement le film moyen et ne comprendront pas le pourquoi d'une telle réputation. D'ou la nécessité de replacer le film dans son contexte pour l'apprécier pleinement.
J'ai découvert ce film grâce à ce site il y a quelques années. Entre autre, c'est son facteur gore et sa controverse qui ont piqué ma curiosité. Mais comme le dit bien la critique, on reste sur notre faim pour cet aspect. Aussi, là quand j'y pense, je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette critique sur les acteurs et la photographie. Je n'ai jamais vu Blood Feast pour pourvoir comparer l'évolution. Par contre, ce film a tous les traits d'un film low budget mais sans véritable charme. Acteurs assez mauvais, effets spéciaux moyens et visuellement pas très attrayant, j'ai été déçu par l'ensemble. Cependant (et je ne crois pas que je vais capable d'aimer un film de Herschell Gordon Lewis un jour), je reconnais l'importance de l'homme qui a fait beaucoup pour l'horreur. Et je suis tout à fait d'accord avec son titre Master of Gore (tout comme Fulci aussi). À essayer uniquement si vous voulez approfondir vos connaissances de l'horreur au cinéma.
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