Formule pour un meurtre
7, Hyden Park : La Casa Maledetta
Boston, 1985. Ayant chuté, enfant, dans un escalier pour échapper à l'agression d'un homme habillé en prêtre, trauma qu'elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu'elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d'elle une sportive handisport accomplie. Alors qu'approche la date de signature d'une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l'entraîneur de Joanna, la pousse à l'épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire...
L'AVIS :
Après avoir débuté dans le péplum, comme bon nombre de ses compatriotes, avec des films très sympathiques comme Le Gladiateur Invincible (1961), Persée l'Invincible (1963) ou La Révolte de Sparte (1964), Alberto de Martino bifurque ensuite dans le film d'épouvante (Le Manoir de la Terreur - 1963), le western (100,000 dollars pour Ringo - 1965), le film d'espionnage (Mission spéciale Lady Chaplin - 1966), le polar (Rome contre Chicago - 1968), le giallo (L'Uomo dagli Occhi di Ghiaccio - 1971) et bien sûr, le film fantastique et horrifique, avec deux beaux représentants du genre, à savoir "L'Antéchrist" en 1974 et "Holocaust 2000" en 1977. C'est également à ce réalisateur qu'on doit L'incroyable Homme Puma en 1980.
Dans les années 80, alors que les beaux jours du giallo ont depuis quelques années touchées à leur fin, il persévère et réalise Blood Link en 1982 et ce Formule pour un Meurtre en 1985, sous le pseudonyme de Martin Herbert. Un giallo tardif, qui est d'ailleurs plus à considérer comme un film de machination même si on a de nombreux éléments typique du giallo à se mettre sous la dent. Dès la scène introductive, on a un des grands classiques du genre, à savoir le trauma enfantin qui va venir poursuivre l'héroïne à l'âge adulte. Ici, une petite fille est approché par un prêtre qui va lui prendre sa poupée et la poursuivre dans des escaliers. La scène sera non aboutie mais à la place, on verra cette fameuse poupée dévaler les escaliers, nous faisant comprendre le triste sort réservé à la petite fille. Une petite fille prénommée Joanna et qu'on retrouve des années plus tard, interprétée par Christina Nagy.
Son trauma psychologique, nous explique-t-on, elle l'a enfouie dans sa mémoire mais il ne faudrait pas grand chose pour qu'il resurgisse. Par contre, ses séquelles physiques, elle ne peut les enfouir puisqu'elle est paraplégique et ne se déplace qu'en fauteuil roulant. On apprend donc à connaître Joanna, on fait connaissance avec Ruth (Carroll Blumenberg), sa meilleure amie qui veille sur elle et qui ne voit pas d'un bon œil la relation amoureuse qu'entretient Joanna avec Craig, son éducateur, interprété par le bien connu David Warbeck, star de L'Au-delà de Lucio Fulci. Ce dernier souhaite l'épouser et il se montre plutôt insistant à ce sujet, semblant vouloir précipiter les choses. Est-il un amoureux transit ou y'a-t-il anguille sous roche ? Et pourquoi un prêtre s'est-il fait brutalement assassiné ?
Ces mystères n'intéressent pas du tout Alberto de Martino puisqu'au bout d'une demi-heure, le réalisateur de Formule pour un Meurtre nous donne déjà la solution. Point de suspense à couper au couteau donc, tout est dévoilé au spectateur de manière transparente et, comme dans La Baie Sanglante, c'est encore une affaire d'héritage qui motive les agissement du / des meurtrier(s) qui ont savamment préparé leur plan pour arriver à leur fin.
Là où Alberto de Martino a plutôt réussi son film, c'est qu'en nous privant de tout suspense, il parvient tout de même à nous intéresser à la suite des événements et à ce qu'il va advenir de Joanna. Durant les cinquante dernière minutes, Formule pour un Meurtre rejoint la catégorie de thrillers mettant en scène une personne en situation de handicap, à l'image de Hurler de Peur de Seth Holt (1961), Seule dans la Nuit de Terence Young (1967) et bien sûr le Terreur Aveugle de Richard Fleischer (1971) entre autres. Agression, tentative de meurtre, course-poursuite vont se succéder dans la demeure de Joanna et la malheureuse paralytique devra avoir bien du courage et du sang froid pour rester en vie face à la menace bien tangible qui l'assaille, le tout sur un rythme nerveux et qui n'ennuie jamais.
Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance puisque, à l'image du Simetierre de Mary Lambert, ce Formule pour un Meurtre est d'une linéarité à toute épreuve et ne réserve aucune surprise dans son déroulement. Une fois le pot-aux-roses dévoilé, tout s'enchaîne avec une prévisibilité totale, sans que rien ne vienne contrarier la progression de l'histoire. On s'attend à tout ce qui va arriver et qui arrive donc, dans le bon ordre ! Et pourtant, comme avec le film précité, ça fonctionne. Même si on n'échappe pas à certains stéréotypes qui peuvent faire un peu sourire (la réutilisation de la fameuse poupée, le méchant increvable...), Formule pour un Meurtre se regarde sans déplaisir et nous fait passer un bon moment devant notre écran.
* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME
Comme toujours, rien à dire sur cette édition classieuse, copie impeccable, boitier trois volets et fourreau adéquat, bonus intéressant. Toujours du bel ouvrage.