Aventures extraordinaires d'adele blanc-sec - les
Aventures extraordinaires d'adele blanc-sec - les
Adèle Blanc-Sec, écrivaine de romans policiers populaires de son état, est une grande aventurière qui connaît moult péripéties qu'elle raconte par écrit. Vivant seule dans un appartement parisien, elle cherche par tous moyens à sortir sa sœur, Agathe, d'une mort prématurée. Elle s'est mis en tête dernièrement de retrouver une momie, ancien docteur du pharaon ayant le pouvoir de ressusciter les gens, mais avant, elle se doit de dénicher le seul professeur capable de faire revivre les momies, rien que ça ! Au même moment, un œuf de ptérodactyle, vieux de plus de 100 millions d'années, a mystérieusement éclos sur une étagère du Jardin des Plantes dont il s'est échappé, et l'oiseau antédiluvien commence à semer la terreur dans le ciel de la capitale. C'est sans compter sur Adèle Blanc-Sec, dont l'intrépidité n'est plus à démontrer...
Entre ses films à succès produits par EuropaCorp ("Taxi" et, c'est plus surprenant car c'est un bon film, "Haute tension"), ses réalisations plébiscitées par le public et les critiques ("Nikita", "Léon") mais aussi ses ratés ("Angel-A" en tête), Luc Besson ne chôme pas c'est certain. Il a même depuis 2002 tâté de la plume, projet qu'il a lui-même mis en images avec plus ou moins de réussite avec la série des "Arthur et les Minimoys". Ici, il s'inspire de la bande dessinée en cinématographiant l'univers de Jacques Tardi et plus particulièrement celui de son héroïne Adèle Blanc-sec en adaptant deux des quatre premiers tomes : Adèle et la Bête (1976) et Momies en Folie (1978). Alors certes, d'aucuns diront que ce mélange d'histoires dessert le film car il part dans toutes les directions, que certains personnages ont été oubliés, qu'il n'atteint pas la noirceur de son modèle sur papier ni son côté réaliste ancré dans l'Histoire (Tardi étant féru de reconstitutions historiques) et s'en trouve un peu infantilisé, que c'est truffé d'anachronismes et se montreront déçus par cette adaptation. D'autres en revanche, pourraient, comme moi, trouver ce film fort distrayant. Pourquoi donc ?
Eh bien, parce que le père Besson a réussi à faire un film d'aventures à la française sans se laissé consumer par son imposant budget et est parvenu à conserver le charme suranné d'un épisode d'une série télé des années 70. Dans l'hexagone et dans le genre, personne n'a fait mieux depuis belle lurette. C'est distrayant car la donzelle vit de multiples péripéties, c'est drôle, car pour une fois chez Besson, cela ne manque ni de fraîcheur, ni de fantaisie et c'est rempli de références (dont l'hommage de notre ami Luc à James Cameron à travers certains plans et l'utilisation narrative du "Titanic") tout en utilisant intelligemment les recettes des blockbusters hollywoodiens. A commencer par une photographie léchée (la partie en Egypte est magnifique) et des effets visuels majestueux : le ptérodactyle est hyper réaliste, les momies sont très crédibles et les scènes d'action sont dignes des meilleurs épisodes de la série des Indiana Jones. De plus, la reconstruction du Paris des années 1910 est renversante (Hugues Tissandier a d'ailleurs gagné le César des meilleurs décors pour ce film et c'est tout sauf usurpé), tout comme la qualité des costumes d'époque.
Luc Besson signe donc ici un excellent film d'aventures qui va compter dans sa filmographie car inattendu de sa part. La mise en scène est soignée, avec de beaux plans à la Besson et les acteurs semblent prendre plaisir à jouer sous sa direction. Louise Bourgoin (déjà très inspirée dans "L'autre monde", son autre incursion dans le domaine du film de genre qu'on affectionne à Horreur.com) incarne une ravissante et pétillante Adéle Blanc Sec. C'est bien simple, elle a un abattage et un charme tels qu'on a l'impression qu'aucune autre actrice ne lui arrive à la cheville. La nouvelle Brigitte Bardot (jeune) serait-elle née ? A côté d'elle, Gilles Lellouche est hilarant en inspecteur Caponi, à la fois idiot et intègre, cherchant désespérément à devenir commissaire et à arrêter Adèle Blanc-Sec à plusieurs reprises et Jean-Paul Rouve est également très bon en Justin de Saint-Hubert, chasseur de safari professionnel, chargé de capturer le ptérodactyle survolant Paris. Le long-métrage comprend aussi une pléiade de second rôles comme on les aime (on pense notamment à Philippe Nahon, Jacky Nercessian et au caméo de Frédérique Bel). Seul bémol : la présence trop courte à l'écran de Mathieu Amalric interprétant Dieuleveult, un savant et médecin égyptologue vêtu de noir et ennemi juré d'Adèle. En effet, on aurait aimé voir plus l'un des meilleurs acteurs français de sa génération car toutes les scènes où il apparaît sont excellentes tellement son cynisme et sa méchanceté font mouche.
Du point de vue du score qui est de bonne qualité, notons que Catherine Ringer signe avec Éric Serra la première chanson du générique de fin L'Adèle et que la chanson accompagnant le générique final est interprétée en duo par Louise Bourgoin et Thomas Dutronc, ce qui ne gâche rien.
On doit toutefois déplorer la piètre qualité de certains des dialogues, ce qui constitue, avouons-le, la grosse faiblesse (l'unique ?) du cinéaste et ce, depuis ses débuts mais également le fait que l'actrice se soit débarrassée de l'air grincheux qui faisait tout le charme de l'Adèle de la bande dessinée de Tardi, ce que ne manqueront pas de souligner tous les détracteurs du film et ils sont nombreux si l'on en juge l'insuccès du métrage dans les salles obscures !
Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, n'ayons pas peur des mots, constitue néanmoins une comédie d'aventure débridée et délirante, ce qui à mes yeux en fait le meilleur film de Besson depuis longtemps. Pour cela, Luc, malgré un budget de 31 millions d'euros, n'a pas cédé à la surenchère de ses films précédents et autres blockbusters américains qui "dépotent". Adèle Blanc-Sec serait plutôt le pendant féminin d'Indiana Jones, nouvelle héroïne d'un long-métrage mélangeant le film d'aventures au fantastique avec un soupçon de situations parfois très drôles, mais aussi très kitsch voire anachroniques, le tout porté par le charme de la séduisante Louise Bourgoin et des effets spéciaux parfois à couper le souffle. D'aucuns diront que le casting est inégal, que c'est puéril car ne respectant pas la gravité de la BD originelle et ils pourraient avoir raison, mais l'on s'en moque ! On passe un très bon moment devant ce qui apparaît comme un divertissement familial qui vaut le coup !