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REDNECK MOVIES | REDNECK MOVIES | 2014
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REDNECK MOVIES | REDNECK MOVIES | 2014
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Date de parution (France)
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416

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Oui
Langue

Français

Redneck movies

Redneck movies

Les redneck movies représentent tout un pan du cinéma d'exploitation américain, qui connut son heure de gloire entre les années 1960 et 1980 – et qui se poursuit aujourd'hui de façon plus diffuse, dans le cinéma de Rob Zombie par exemple. Le genre gagnera ses lettres de noblesse au début des années 1970 avec Délivrance (1971) de John Boorman ou Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, et envahira outre-Atlantique le cinéma et même les écrans de télévision, au point que l’on parle de la hicksploitation, hick voulant dire péquenaud. Deux courants principaux dans cette tradition cinématographique : le premier présente soit des citadins trop sûrs d’eux confrontés aux mœurs et aux manières primitives de la campagne, un univers violent de survie et de pauvreté où émergent les instincts les plus refoulés et brutaux, soit la peinture d’un univers inquiétant et dégénéré en dehors des lois et des normes urbaines. L'autre tendance est moins sombre et plus populaire, avec des bons gars de la campagne, revendant de l’alcool de contrebande, poursuivis par des shérifs niais et des hordes de malfrats. Tout cela se règle dans des courses-poursuites en voitures sur fond de musique bluegrass, avec pour seuls décors une station-service, un café, des fermes isolées et des routes...

L'AVIS :

Avec "Redneck Movies - Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain", Maxime Lachaud et l'excellent éditeur Rouge Profond frappent un grand coup et livrent un ouvrage référence sur ces personnages haut en couleurs, souvent habillés en salopette et affublés des pires tares possibles (alcoolisme, fainéantise, pervers, dépravation sexuelle, cannibalisme, zoophilie, consanguins, débilité profonde, raciste et j'en passe...) que sont les cul-terreux, les bouseux du Sud des Etats-unis et qu'on appelle communément les "Rednecks", le soleil présent dans ces régions reculées des USA ayant rougi leur peau.

La figure du "redneck" ne date pas d'aujourd'hui puisqu'on la trouve dans la littérature dès 1830. Avec le temps, la figure du redneck est devenu un mythe, symbolisant cette partie de l'Amérique qu'on voudrait ne pas connaître, éclipsé, faire disparaître. Pour un citadin, se perdre dans une région habitée par des rednecks est souvent synonyme d'appréhension voire même de peur. Paysage aride, quasi désertique, boueux, envahi d'animaux dangereux (serpents vénimeux, araignées...), le territoire du redneck est un environnement des plus hostiles et ce dernier a d'ailleurs beaucoup de mal à accepter l'idée qu'un citadin "s'incruste chez lui". L'accueil n'est pas des plus plaisants pour les habitants de la ville, qui snobent et se moquent à loisir du redneck mais en éprouvent un peu indicible lorsqu'il est en sa présence.

Outre la littérature et la musique sudiste, la figure "mythologique" du redneck a évidemment marqué de son empreinte le monde du cinéma et l'ouvrage de Maxime Lachaud se révèle être une source inépuisable de connaissance en la matière, faisant la lumière sur les clichés et les archétypes des "redneck movies" à travers des films connus du monde entier ("Délivrance" ou "Massacre à la tronçonneuse" pour ne citer que les deux plus célèbres) mais également en nous faisant découvrir des pépites obscures dont on ne soupçonnait même pas l'existence et qui mettront l'eau à la bouche du plus curieux des cinéphiles.

Si on trouve des rednecks dès l'époque du cinéma muet, pour Maxime Lachaud, le véritable point de départ du phénomène "redneck movies" se situerait en 1957 avec le film "Bayou" de Harold Daniels, rebaptisé "Poor White Trash" et qui comporte toute l'essence et tous les thèmes du cinéma de redneck. Les années 60 vont peu à peu faire grossir le nombre de films mettant en scène des rednecks, à travers des comédies souvent, mais aussi des films beaucoup plus sombres, beaucoup plus trash. Le cinéma érotique jouera aussi beaucoup avec la figure du redneck et le marché du film indépendant sera inondé de production "softcore" mettant en vedette nos fameux cul-terreux dégénérés. Des noms célèbres tels Herschell Gordon Lewis ou Russ Meyer ont participé à l'émergence du cinéma de redneck, qui explosera durant les années 70 avec le film de John Boorman "Délivrance".

Pour notre plus grand plaisir, ce cinéma de la ruralité dégénérescente a bifurqué dans le domaine horrifique et le chef-d'oeuvre de Tobe Hooper réalisé en 1974 n'y est pas étranger.

Maxime Lachaud, avec une érudition parfaite, nous retrace donc ces différents courants du "redneck movies" à travers 416 pages parsemées de nombreuses analyses de films et présentation de réalisateurs phares de ce genre à part, illustre son ouvrage de tas d'images ou d'affiches qui font littéralement baver le lecteur, qui n'a plus qu'une seule envie : enfiler une salopette, une chemise à carreau et se procurer les films cités dans ce sublime ouvrage. Incontournable.

Alcoolisme, fainéantise, perversion, dépravation sexuelle, cannibalisme, zoophilie, consanguins, débilité profonde.... Mais c'est tout moi, ça ! Excellent livre avec surtout une flopée de films que l'on a envie de découvrir.

Note
5
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Stéphane Erbisti