Dark tapes - the
Dark tapes - the
The dark tapes est un film tourné façon found footage qui mélange l'horreur, la science-fiction et le mystère racontés comme quatre contes interconnectés dans une anthologie se voulant originale. Les fantômes, les esprits, les créatures, les démons et plus particulièrement le monde du paranormal entrent en collision avec une curiosité rationnelle. Le surnaturel peut-il exister dans notre vie quotidienne et avoir une base scientifique plausible ? The dark tapes explore cela et beaucoup plus avec des résultats surprenants, censés nous questionner sur ce qui pourrait être réel…
Les anthologies d'horreur indépendantes jouissent actuellement d’une certaine popularité pour une simple et bonne raison : il y en a pour tous les goûts. De plus, les segments ou histoires courtes, sont souvent de taille concise avec des récits narratifs qui, avec une continuité thématique tenant grâce au fil conducteur, présentent, normalement, une certaine cohérence. Est-ce le cas ici avec The dark tapes de Michael McQuown (un quasi débutant à ce niveau) et Vincent J. Guastini (un pro des effets spéciaux ayant officié la plupart du temps sur des petites productions comme : "V/H/S viral" ou "Cabin fever 3 : Patient Zero"), film indépendant ayant connu un succès retentissant sur le circuit des festivals ?
Le film commence par « To catch a demon » (littéralement traduisible par « attraper un démon »), un récit englobant le tout, se déroulant entre les trois segments suivants et terminant l’anthologie. Ici, un couple se promène sur le toit de ce qui semble être un entrepôt. Une porte apparaît soudainement ouverte, et une fois à l'intérieur, on se retrouve dans un endroit sinistre, en désordre mais meublé avec un lit d'hôpital et des machines. Un caméscope est trouvé et contient un film enregistré. On y voit dessus un professeur de physique, Sam, son assistante Nicole et le réalisateur amateur Jason qui, s’étant installés dans ce lieu pour mener une série d'expériences, vont essayer de capturer l'image d'un démon. Sam agit selon l’hypothèse suivante : ceux qui souffrent de terreurs nocturnes (dont lui-même) rencontrent réellement des « entités inter-dimensionnelles malveillantes » et que, avec l'équipement approprié adapté au temps qui s’écoule, les images de ces entités peuvent être capturées. Il s'est donc conditionné à s'endormir rapidement sous l'œil vigilant de caméras à haute technologie et haute vitesse ainsi que d’une sorte de dispositif radioactif vaguement expliqué. Ainsi, grâce à une série de flashbacks qui sont intercalés parmi les autres histoires, nous sommes au courant de cette expérience dans l'inconnu…
A priori, l'idée de capturer ce qui hante les personnes dans leur sommeil était intéressante, mais le rendu est vraiment trop mal exécuté pour faire de ce segment la pièce maîtresse de ce film omnibus. C’est bien simple, ce court réalisé par Vincent J. Guastini ressemble à « Mystères », une vieille émission française sur le paranormal dont la première diffusion date de…1992, c’est dire sa qualité ! Les monstres d’une autre dimension ne sont certes pas trop mal faits pour un métrage à petit budget, pour peu que l’on ne s’attarde pas trop sur eux en gros plan, toutefois les acteurs ne sortent malheureusement pas tous de l’Actor’s Studio ! Mais le pire surtout, c’est qu’on est noyé sous des explications pseudo scientifiques qui font débiter aux protagonistes des dialogues interminables et incompréhensibles pour le commun des mortels. Bref, vraiment pas terrible d’autant que cette histoire principale ne fait rien pour tisser de véritables liens avec les autres récits, elle confirmera juste la règle suivante : le court servant de fil conducteur est généralement la partie la plus faible des films d'anthologie !
On continue avec « The hunters & the hunted » (« Les chasseurs et les chassés »), racontant l’histoire d’un couple qui déménage dans une nouvelle maison. Au fur et à mesure que les amoureux s'installent, des choses étranges commencent à se produire dans la bâtisse : des bruits de pas se font entendre au niveau du plafond et une étrange force magnétique s'opère dans le couloir de l’étage inférieur, un peu comme dans la cuisine des personnages de "Poltergeist" avec des objets qui bougeaient de façon inhabituelle. Finalement, les perturbations deviennent tellement insupportables que le couple appelle une équipe d'enquête paranormale pour libérer la maison et ses habitants de cette puissance inconnue. Va-t-elle y arriver et surtout, que va-t-elle découvrir ?
Cette histoire commence donc comme un récit classique de maison hantée avec ce couple semblant dérangé par une entité inconnue mais à la différence notable que les protagonistes filment tout ce qui leur arrive dès le début, cela donnant donc une impression de found footage très à la mode ces derniers-temps et donc d’une meilleure immersion, pour partager un peu plus ce qu’éprouvent ces gens. Puis, on continue avec l’équipe s’occupant des phénomènes paranormaux et on se dit que l’on va alors assister-là à un énième ersatz de "Paranormal Activity". Mais alors pas du tout, ce n'est absolument pas le cas ! Tout d'abord, parce qu'il est tourné dans une forme plus courte, il y a donc moins de temps pour créer des tensions afin que l'activité commence assez rapidement, mais surtout, la fin est beaucoup plus intelligente et subversive que d’usage. « The hunters & the hunted » est donc un conte bien tordu avec certes, une trame classique de chasseurs de fantômes venus libérer une famille d’une présence nuisible, mais surtout un super twist qu’on ne voit pas du tout venir car les choses vont se conclure de façon bien imprévisible ! C’est peut-être le meilleur segment de l'anthologie d’autant que McQuown (à la réalisation) et ses acolytes utilisent bien l'humour, les acteurs et le cadre.
The dark tapes se poursuit avec « Cam girls » (c’est à dire des femmes ou jeunes filles s'exposant physiquement par le biais d'une webcam, souvent dans le but d'obtenir une rémunération financière) dans lequel Caitlin, une jeune rebelle s'efforce de s'éloigner de sa vie morose et de sa famille conservatrice. Elle a donc déménagé avec sa petite amie et est devenue une « cam girl » en se faisant de l'argent grâce à des mises en scène adultes live diffusés sur le Net, tard dans la nuit. Au cours d'une conversation vidéo avec un ancien ami et étudiant en médecine Eric, Caitlin se plaint qu'elle souffre d’absences comme des « black-out » et qu’elle se réveille au matin sans se souvenir de ses actes de la veille. De quoi souffre-t-elle exactement ?
Eh bien la cause sera révélée dans une conclusion sanglante mais en attendant, il aura fallu tenir une dizaine de minutes assez banales au cours desquelles deux jeunes et plantureuses homosexuelles qui font souvent la fête, se livrent à des shows langoureux payants via leur webcam. C’est ainsi que Gerry, le client le plus innocent gagnera un moment privilégié avec les deux filles. Voilà un segment vraiment pas génial où l'action est à peine passable et où le maquillage et les effets spéciaux vont de très bons à vraiment mauvais, ce qui est alors assez déroutant. Ce segment (le plus court du lot) est presque entièrement réalisé à partir d'une webcam dont les images sont parfois saturées et interrompues par de brefs flashs d'imagerie cauchemardesque et bizarre. Cependant, bien que cette approche soit créative, l'histoire est quelque peu ruinée par une fin plutôt stupide et assez facile à voir venir. Bref, pas terrible et très cliché.
On parachèvera l’anthologie par « Amanda's revenge » (« La revanche d’Amanda »), bien que le film continue après la conclusion du segment initial et unissant tous les autres. On nous présente alors Amanda, une jeune femme qui, après avoir été agressée lors d'une fête, s'est retrouvée par la suite victime d'êtres (inter-dimensionnels ou extraterrestres, c’est selon) semblant pratiquer des expériences sur elle. Amanda est déterminée à le prouver et demande ainsi de l'aide à son meilleur ami après lui avoir exposé des preuves.
Comme les autres histoires, « Amanda's revenge » tente d’établir l'horreur du surnaturel avec la méthode scientifique. Même quand une explication rationnelle pour des évènements étranges ne peut être trouvée, les principaux acteurs utilisent la logique et la raison. Après avoir été sauvée in extremis d'un viol lors d’une fête par ses amis, une jeune femme commence à se comporter étrangement et tombe de plus en plus profondément dans un état de peur teinté de paranoïa. Le mystère de ce qui arrive à Amanda est captivant et vous garde éveillé et attentif jusqu'à la fin. McQuown a habilement construit le mystère en peu de temps et c’est fort appréciable. Ce qui est également estimable est l’utilisation finale d’une technologie extrêmement dépassée pour pouvoir capturer des images et des sons. C'était quelque chose de rarement vu à l’écran et c'était plutôt sympathique à voir. En revanche, encore une fois, le pire arrive à la fin. Cette dernière est effectivement trop rapide et ne répond pas du tout à la promesse de toute l'intrigue qui s’est déroulée sous nos yeux précédemment. On pourrait presque en vouloir au réalisateur qu’elle soit aussi téléphonée ainsi qu’insatisfaisante.
Ce qui sera somme toute la même chose avec la conclusion du court ayant débuté l’anthologie : la fin est bâclée alors que les êtres inter-dimensionnels perdent de leur crédibilité dès lors qu’ils sont trop montrés à l’écran. Assez affligeant en fin de compte.
D’habitude, j'adore les films d'anthologie, surtout quand ils versent dans la variété horrifique, mais celui-ci n'était pour moi qu'un échec complet du début à la fin et pour le coup, a vraiment usurpé toutes les récompenses obtenues çà et là dans le monde. Les scripts (hormis peut-être pour le second segment et sa fin réussie) n’étaient pas originaux pour deux sous car empreints de prévisibilité voire d’incohérences, les dialogues quand ils ne se perdaient pas dans une vacuité abyssale d’imbécilité, étaient incompréhensibles car ressemblant trop à du jargon scientifique indigeste, les effets spéciaux n’étaient pas si terribles dès lors que les gros plans étaient de mise, les acteurs n’étaient malheureusement pas tous confirmés voire bons, et-chose incroyable- il n’y avait pas de bande-son ! L’ensemble faisait, en outre, tellement amateur, qu’on pouvait se demander sincèrement si le réalisateur n’avait pas réquisitionné un de ses enfants ou un cousin pour tourner l’ensemble au caméscope familial ! C’est bien simple, j’ai eu l’impression d’avoir visionné un métrage mixant les pires scènes de "Communion", "Dream lover", "Profanations" et "Phénomènes paranormaux" de bien sinistre mémoire, c’est dire ! Enfin, si j'avais un conseil pour McQuown, ce serait celui de travailler ses twists, car franchement là, un adolescent de quinze ans qui a vu un tant soit peu de films de genre fait cent fois mieux niveau fin !