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FILS DE FRANKENSTEIN - LE | SON OF FRANKENSTEIN | 1939
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FILS DE FRANKENSTEIN - LE | SON OF FRANKENSTEIN | 1939
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Fils de frankenstein - le

Son of frankenstein

Wolf von Frankenstein, fils du défunt Baron Henry Frankenstein, hérite de la gigantesque demeure de son père. A son arrivée avec sa femme et son fils, ils reçoivent un accueil plus qu'inamical de la part des villageois, qui, malgré les années qui se sont écoulées, n'ont pas oublié les sinistres expériences menées par Henry Frankenstein.
En visitant la demeure et l'ancien laboratoire de son père, Wolf tombe sur Igor, qui n'est pas mort lors de sa pendaison. Ce dernier montre au nouveau propriétaire un passage secret qui conduit dans un caveau dans lequel repose…la créature de Frankenstein ! Cette dernière semble mal en point et Igor demande à Wolf de la soigner. Celui-ci, tel son père, se met alors en quête de faire sienne la créature…

FILS DE FRANKENSTEIN - LE | SON OF FRANKENSTEIN | 1939

Quatre ans après le chef d'œuvre absolu qu'est "la fiancée de Frankenstein", la Universal décide de produire une nouvelle suite aux aventures de la créature de Frankenstein. James Whale n'est pas disponible en tant que réalisateur, le studio décide donc de confier la tâche à Rowland V. Lee. Pour incarner le monstre, on rappelle bien sur Boris Karloff. Celui-ci accepte mais pour la dernière fois de jouer ce rôle qui l'a rendu si célèbre. Dans la peau d'Igor, on retrouve Bela Lugosi, qui semble fort à l'aise dans ce personnage. Le nouveau Baron est interprété par l'élégant Basil Rathbone, qui a déjà tourné sous la direction de Rowland V. Lee en 1937 dans "Love from a Stranger" et qui retrouvera ce réalisateur, ainsi que Boris Karloff et Vincent Price dans "La Tour de Londres", film réalisé la même année que "Le Fils de Frankenstein".


"Le fils de Frankenstein", bien qu'étant inférieur aux deux films de James Whale, n'en est pas moins un excellent film, qui porte définitivement la marque de la Universal. L'ambiance gothique est particulièrement bien rendue, avec orage à foison, éclairs déchirant le ciel, immense demeure, passages secrets et j'en passe. On louera les décors remarquables, marque de fabrique de la plupart des classiques d'épouvante de la Universal.

Les acteurs sont impeccables. Basil Rathbone incarne un nouveau savant fou avec beaucoup de classe. Les premières images nous le présentant nous feraient penser qu'il est rationnel mais bientôt, la vision d'un tableau représentant son père, puis la découverte du corps inanimé du monstre, ont raison de sa lucidité et le désir de connaître le pouvoir donnant la vie est plus fort que la raison. Wolf von Frankenstein porte bien son nom et il n'aura de cesse d'expérimenter ses théories sur la créature, et apparaît peut-être même plus "fou" que son père, voulant devenir le maître du monstre à la place d'Igor. Certes, son désir de contrôler le monstre est dans un but bénéfique, à savoir redorer le blason de son défunt père et montrer aux savants de toutes sortes quel miracle ce dernier a accompli et leur donner la possibilité d'étudier la créature. Mais dans toutes bonnes histoires de monstres, il se passe toujours quelque chose qui fait dérailler les projets, aussi positifs soient-ils…

Boris Karloff est toujours aussi charismatique dans la peau de la créature, retrouvant sa démarche monolithique, et un nouveau maquillage de Pierce. Petit changement, il porte désormais une peau de bête sur le haut du corps et ne sait plus parler. On sait que Karloff avait toujours regretté que James Whale fasse parler son personnage dans "La fiancée de Frankenstein". Dans "Le fils de Frankenstein", on retrouve une créature ne s'exprimant que par des cris ou grognements. Les différentes apparitions de Karloff au cours du film sont, pour le spectateur, toujours empreintes de nostalgie et nous ne pouvons qu'être fascinés devant les images de ce monstre, méchant malgré lui, touchant même, comme lors de la scène où il se voit dans un miroir et comprend que son aspect n'est pas normal.

Igor, le personnage joué par Bela Lugosi est toujours aussi antipathique. Il ne se sert de la créature que pour assouvir sa soif de vengeance envers ceux qui l'ont pendu. Même si on ressent une sorte de lien d'amitié l'unissant au monstre, on comprend vite qu'il exerce une nette domination sur celle-ci.

Parmi les autres personnages importants du film, on n'oubliera pas l'inspecteur Krogh, interprété magistralement par le génial Lionel Atwill. Ce policier, possédant une prothèse au bras droit, ce dernier ayant été arraché par le monstre lorsqu'il était enfant, est un homme droit et juste, n'hésitant pas à offrir sa protection aux nouveaux Frankenstein malgré la haine de la population à leurs égards. Mais Krogh a également pour mission de veiller à ce que le nouveau résidant ne reprenne pas les activités interdites de son père. Lionel Atwill donne une vraie dimension à son personnage, que le spectateur prend immédiatement en affection.

En ce qui concerne le film lui-même, Rowland V. Lee n'a pas à en avoir honte car il a réalisé une œuvre riche en émotion et en action. Certes, le côté poétique présent dans les deux films de Whale a un peu disparu, mais le film a beaucoup de rythme et on ne s'ennuie jamais à sa vision. Dès qu'Igor présente le corps comateux du monstre, le spectateur se laisse immerger en territoire connu, et sent une vraie joie l'envahir, heureux qu'il est de retrouver ce personnage mythique. Les différentes expériences auxquelles se livre Wolf von Frankenstein sur la créature, dans son laboratoire, sont passionnantes, notamment l'utilisation des rayons X. Basil Rathbone, dans sa gestuelle et ses expressions hallucinées devant les résultats de ses expériences, nous rappelle le Colin Clive du "Frankenstein" de 1931.

Certaines scènes sont très belles visuellement, on pense par exemple à celle du monstre déambulant sous la pluie dans un paysage caillouteux, parti accomplir la vengeance d'Igor. Ou les visions des extérieurs du laboratoire, surplombés par un paysage qu'on devine être une toile peinte mais qui ajoute à l'ambiance gothique des lieux.

Encore une fois, le titre peut prêter à confusion dans l'esprit du spectateur, tout comme celui de "La fiancée de Frankenstein". En effet, le "fils" est à la fois le personnage de Basil Rathbone, mais c'est également Peter, le propre fils de Wolf von Frankenstein. Cet enfant a un rôle très important puisque c'est lui qui dira à l'inspecteur Korgh qu'un "géant" vient lui rendre visite la nuit. Le monstre semble pris d'amitié pour ce petit garçon, même s'il n'hésitera pas à l'enlever pour venger la mort d'Igor.

"Le fils de Frankenstein" forme avec les deux films de James Whale une exceptionnelle trilogie, de par sa qualité plastique, visuelle, mais également grâce à ses acteurs, des premiers aux plus petits seconds rôles. Tous participent à immortaliser l'un des mythes les plus adaptés au cinéma. Mais aucun des films qui suivront ne pourront prétendre rivaliser avec cette trilogie. Trois films, un monstre mythique, un pan magique du cinéma fantastique.

FILS DE FRANKENSTEIN - LE | SON OF FRANKENSTEIN | 1939
FILS DE FRANKENSTEIN - LE | SON OF FRANKENSTEIN | 1939
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Note
5
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Stéphane Erbisti