Mort a souri à l'assassin - la
Morte ha Sorriso all'Assassino - la
1909, en Europe – Greta von Holstein, qui entretient une liaison incestueuse avec Franz, son frère bossu, perd la mémoire à la suite d’un accident de calèche survenu devant la demeure des von Ravensbrück. Appelé au chevet de la malade, le Dr. Sturges semble surtout s’intéresser à l’étrange médaillon inca qu’elle porte autour du cou et qui pourrait l’aider dans ses recherches sur la résurrection. Restée auprès de Walter et Eva von Ravensbrück qui se sont entichés d'elle, la belle Greta semble en proie à une ombre. La maisonnée est bientôt la cible d’une vague de crimes particulièrement violents...
L'AVIS :
Joe d'Amato, le Jess Franco italien, l'homme à la filmographie avoisinant les 200 films en tant que réalisateur, en était encore à ses débuts lorsqu'il signa "La Mort a souri à l'Assassin" en 1973. Souvent décrit comme étant un réalisateur d'entrée de gamme, alors qu'il est mondialement reconnu en tant que chef-opérateur, Joe d'Amato, de son vrai nom Aristide Massaccesi, fait pourtant preuve d'un réel savoir-faire sur bon nombre de ses films les plus connus qui ont fait la joie des amateurs de bis rital. Ce savoir-faire, il en fait d'ailleurs preuve sur "La Mort a souri à l'Assassin", un giallo assez original puisqu'il oeuvre également dans l'épouvante et propose une histoire assez rocambolesque, voire même tarabiscotée qui ne manquera pas de perdre le spectateur dans ses méandres labyrinthiques.
La construction même du récit complexifie la compréhension du scénario, avec de multiples flashbacks et allers-retours entre passé et présent. Le réalisateur et ses deux scénaristes semblent même s'amuser à perdre leur public en leur proposant tout un tas d'événements qui ne respectent pas une vraie ligne chronologique. Qui plus est, comme dit plus haut, le film prend des airs de giallo mais bifurque souvent vers le cinéma d'épouvante façon Mario Bava ou Antonio Margheriti, avec des références à Edgar Allan Poe entre autres. On a aussi la thématique de la mort qui est présente et même celle de la résurrection, notamment avec le personnage du médecin joué par Klaus Kinski, ce dernier travaillant sur un liquide pouvant faire revivre les défunts, liquide issu d'un code mystérieux qui viendrait de l'époque des Incas ! Le scénario s'amuse à nouveau à brouiller les pistes avec le personnage joué par la ravissante Ewa Aulin, jolie petite blondinette au sourire charmeur et dont on se demande si elle ne serait pas elle-même revenue d'entre les morts !
Elle est le personnage principal de l'histoire et possède une présence parfois spectrale, ce qui nous interroge sur ce qu'elle est vraiment. Il faut dire que pour compliquer encore les choses, de nombreux protagonistes de l'histoire semblent être victimes de visions fantomatiques la concernant, ce qui donne lieu à de très jolies séquences, comme celle se déroulant dans le cimetière par exemple. Les décors sont bien utilisés par le réalisateur, qui parvient à créer une atmosphère inquiétante et perturbante malgré l'aspect un peu fourre-tout de son récit. Joe d'Amato se laisse également aller au niveau de l'érotisme, soft mais suave, ainsi que sur le maquillage gore , via quelques effets bien sanguinolents qui laissent entrevoir ce qu'il mettra en scène dans ses futurs films de genre : viscères sortant d'un ventre empalé, visage ravagé par un tir de carabine, chat griffant sans répit un visage et autres petites joyeusetés sont au programme et malgré un aspect un peu outrancier, ces effets gore donnent un intérêt supplémentaire à ce curieux film qui, lors de certaines séquences, peut évoquer le "Blue Holocaust" qu'il réalisera en 1979.
Bordélique, ce giallo d'épouvante érotico-horrifique l'est assurément au niveau de sa narration mais n'en demeure pas moins intéressant par ce qu'il propose, son ambiance délicieusement macabre et morbide, sa touche très prononcée de ghost story, ses thèmes intrigants et provocateurs (nécrophilie, inceste, lesbianisme...), son casting bien en place, ses excès de violence visuelle, sa mise en scène de très bonne tenue aux fulgurances esthétiques indéniables et sa belle partition musicale due à Berto Pisano. On retiendra également cette image finale qui n'est pas sans rappeler, en moins tétanisante, celle du Trauma de Dan Curtis. A noter que le film est signé du vrai nom du réalisateur et pas de ses célèbres pseudonymes, ce qui est assez rare pour être signalé. La Mort a souri à l'Assassin est une oeuvre atypique, soignée, foutraque mais pourvue de bonnes trouvailles, qui devrait satisfaire les amateurs s'ils n'en attendant pas un giallo dans la pure tradition du genre.
* Disponible en BR chez -> LE CHAT QUI FUME
Magnifique copie encore une fois, proposée en VOSTF uniquement.
BONUS:
• Le talentueux Mr D'Amato avec l'assistant réalisateur Gianlorenzo Battaglia (19 min)
• Ewa a souri à l'assassin avec l'actrice Ewa Aulin (10 min)
• Film annonce
https://www.lechatquifume.com/products/la-mort-a-souri-a-lassassin-1