Reveillon sanglant

Bloody new year

Une bande de jeunes, profitant du soleil pour passer des jours paisibles à la plage, décident de se rendre au Luna Park du coin pour terminer la journée. Sur place, ils remarquent une jeune femme en proie à trois forains peu sympathiques et lui viennent alors en aide. Pourchassés par les trois voyous, les voilà entraînés dans une course poursuite à travers tout le Luna Park qui se finira par une échappée sur un bateau direction l'horizon.
Mais les jeunes gens ne sont pas au bout de leurs surprises car ceux-ci vont débarquer sur une petite île paraissant aux premiers abords inhabitée mais qui en réalité cache de terribles secrets.
Nos six compagnons vont trouver un hôtel abandonné qu'ils vont squatter pour l'occasion. L'établissement semble avoir été soudainement dépeuplé au cours du réveillon du 31 décembre 1959 : des guirlandes et autres décorations festives sont encore là mais il n'y a plus âme qui vive… Alors que nos braves jeunes gens s'installent sans broncher, des mystérieux phénomènes se produisent : des objets se déplacent tout seul, des reflets fantomatiques apparaissent dans les miroirs… La tension monte rapidement lorsque l'un des trois jeunes hommes est assassiné dans la salle de cinéma. C'est sûr, ils ne sont pas seul dans cet hôtel et cette présence malsaine n'en a pas fini avec eux…

REVEILLON SANGLANT | BLOODY NEW YEAR | 1987

"Réveillon sanglant", "bloody new year" de son vrai nom, est le sixième film majeurs de la filmographie du très décrié Norman J. Warren, réalisateur britannique indépendant. Après un long-métrage intitulé "Satan's slave", le voici catapulté en 1976 dans les grands espoirs du cinéma de genre britannique. Malheureusement, la carrière cinématographique de Norman J. Warren sera pleine d'embûches et de cuisants échecs, la faute à des financiers et des co-producteurs trop prêts de leurs livres sterling et de leurs dollars, n'hésitant pas à faire pression sur le malheureux réalisateur, obligé de filmer sous diverses contraintes (argent, délais…). Outre de nombreux films très moyens, voire médiocres, tels que "terror" en 1978 ("la terreur des morts vivants" en France), deux films ressortiront principalement de sa filmographie. Le premier se nomme "prey" (plus connu en France sous le nom de "le zombie venu d'ailleurs"), un film mettant en scène un extraterrestre cannibale qui va être recueilli par deux lesbiennes qui sont loin de se douter des intentions de leur invité. Mais il faudra attendre 1981 pour qu'un film de Norman J. Warren fasse enfin le tour du globe : ce sera le cas de "inseminoid", un film d'extraterrestres à nouveau, s'inspirant cette fois-ci du fameux "alien, le huitième passager" de Ridley Scott.

Après "Satan's slave", "prey", "la terreur des morts vivants", "spaced out" et "inseminoid", ce sera donc "réveillon sanglant" qui fera son entrée dans la filmographie du réalisateur britannique. Attardons-nous donc quelques instants devant ce petit ovni de la carrière de Norman J. Warren, véritable mélange de différents thèmes du cinéma de genre comportant son lot de clins d'œil à de nombreux films fantastico-horrifiques.

Car oui, "ovni" est un terme qui qualifie parfaitement ce long-métrage de Norman J. Warren. Alors que plus personne n'attendait notre cher britannique à la réalisation d'un long-métrage de cinéma de genre, voilà que 6 ans après son fameux (et pourtant pas extraordinaire non plus…) "inseminoid", ce bon vieux Norman remet les couverts et nous sert un met des plus étranges. Quels en sont les ingrédients? Un peu de zombies par-ci, un brin de survival par-là, une petite pincée de slasher, une bonne petite dose de paranormal (esprits, hôtel hanté…), le tout mixé avec des effets spéciaux faits avec les moyens du bord et des personnages complètement cons (irraisonnés pour être moins vulgaire), et vous obtenez là le film le plus décalé et délirant (pas dans le sens où l'on se fend la poire, plutôt le sens où le réalisateur devait se taper quelques lignes avant de prendre la caméra tous les matins) de la filmographie de Norman J. Warren!

Côté scénario, alors là nous sommes servis! Que d'imagination dans la tête de notre cher réalisateur outre Manche! Le scénario n'en demeure pas pour autant mauvais, je dois même dire qu'il est plutôt séduisant et marque une certaine originalité.
Toucher à autant de thèmes du cinéma de genre est un pari très risqué mais Norman J. Warren s'en moque : il fonce tête baissée dans ce véritable petit train fantôme déjanté où forains teigneux, zombies et fantômes se mêlent à la fête et permettent de donner à "réveillon sanglant" un rythme très soutenu! En effet, le rythme est certainement LE point fort du film, celui-ci étant mené tambours battant dès les premières minutes de pellicule avec cette course-poursuite grand-guignolesque dans les allées et les attractions d'un Luna Park (qui finit d'ailleurs dans un train fantôme qui sera totalement détruit) pour finir dans cet hôtel où phénomènes étranges et zombies/esprits font leur apparition à chaque instant.

Le film est par ailleurs parsemé de clins d'œil au cinéma de genre. Je pense notamment à cette scène où l'une des jeunes femmes se fait attraper par une chose sortant des murs qui nous rappelle bien évidemment "les griffes de la nuit" de Wes Craven, ou encore à ces scènes où une mystérieuse chose suit deux de nos héros à travers les hautes herbes et buissons et qui nous renvoient directement à "evil dead" de Sam Raimi (ces fameux plans qui tanguent).

Malheureusement, il est dommage que ce bon petit scénario original et bien rythmé soit gâché par des incohérences énormes, des moments incompréhensibles et finalement jamais expliqués (pourquoi les fantômes et morts vivants martyrisent ces malheureux jeunes? Pourquoi certains jeunes se transforment-ils en zombies?...), des effets de surprises gâchés (on nous fait à deux reprises le coup de la porte qui s'ouvre et bouh il y a quelqu'un derrière…) et une ambiance finalement pas si saisissante que cela (outre les comédies fantastiques à la "fantômes contre fantômes" ou "SOS fantômes", les films de spectres et autres phénomènes paranormaux sont en général faits pour faire frissonner son public, chose que l'on ne retrouve pas dans le film de Norman J. Warren malgré la bonne ambiance de départ à l'arrivée dans l'hôtel).

Mais l'un des autres gros défauts de "réveillon sanglant" est sa galerie de personnages. En effet, nos six jeunes compères ont vraiment des réactions bizarres (qui ne collent pas du tout avec le contexte), ont des actes complètement irraisonnés… Pour preuve, ils arrivent tous les six dans cet hôtel abandonné, sinistre malgré les décorations de nouvel an (de 1959 je tiens à le rappeler : étrange que cet endroit soit comme qui dirait resté figé au 31 décembre 1959 nan?), et ne trouvent rien d'autres à faire que d'aller prendre un bain, s'amuser à s'habiller avec des fringues d'époque… De même pour l'une des séquences phares du film où un esprit sort d'un film projeté dans la salle de cinéma et tue l'un des jeunes (celui qui nous tapait sur les nerfs depuis le début d'ailleurs : tant mieux!) : la seule chose que se disent alors les survivants ayant assisté à la scène, c'est "ce n'était qu'une hallucination collective", alors ce genre de réaction débile ça vaut son pesant de cacahuètes quand-même! (à ce moment t'as envie de te lever et de t'adresser au con qu'a dit ça en lui disant : "et machin qu'est mort par terre devant tes yeux c'est une hallucination peut-être?!", non mais!).

Bref, nous avons là la parfaite galerie de personnages cons et complètement paumés (on finirait presque par se demander si ce ne sont pas eux les bizarres dans tout ça…), tellement paumés qu'ils reviennent plus d'une fois sur leurs décisions (ils sortent de cet hôtel car ça craint et pis finalement, une fois dehors, ils retournent dans l'établissement car il y a des méchants qui rôdent dans les bois environnants, et ils retournent à nouveau dehors ensuite car dedans il y a tout plein d'objets dangereux qui volent…). Mon dieu qu'ils sont bêtes alors…

Restent cependant les trois voyous du Luna Park qui collent parfaitement avec l'esprit décalé du film de Norman J. Warren. Trois grosses brutes qui veulent à tout prix prendre leur revanche sur la bande d'avortons qui ont bousillé leur manège (quitte à faire des tas de kilomètres pour les retrouver : c'est un peu gros mais bon leur présence est quand-même indispensable pour permettre au film de garder un rythme effréné).

Qui dit fantômes, esprits, zombies, objets volants… dit également effets spéciaux et trucages. Oui, bon là-encore nous restons dans un budget très serré et la pression exercée par les co-producteurs et les financiers sur notre pauvre Norman J. Warren se fait assez ressentir à la vision de "réveillon sanglant"… En effet, les effets spéciaux sont plutôt rares, la plupart des effets résidant dans le fait de faire bouger des objets (on imagine donc un billard sur roulettes tiré par un gugusse, des couteaux volant grâce à des fils…). La scène de l'esprit sortant du mur de l'ascenseur (qui je pense devait être le gros effet du film) n'est pas très bien réalisée tandis que d'autres scènes sont au final bien ridicules (je pense notamment à une attaque de filet de pêche dérisoire).

De même, pour les effets gores, nous repasserons. Au programme : un malheureux bras arraché, une tête tournée à 720° avec un trucage voyant (mais bon ça reste bien sympa quand-même) et, comble de l'histoire, cette fameuse scène de décapitation motorisée (dont l'on disait sur la jaquette du dvd français qu'elle était "surprenante") qui en réalité est fait hors-champs (on n'entendra que le mec hurler : à nous d'imaginer le reste) alors que l'on aurait pu penser à une jolie scène comme dans "zombie holocaust"… Encore une déception donc… De même, je cherche encore les démembrements promis sur la jaquette du dvd… hum hum…

Toutefois, le maquillage du zombie girl n'est pas trop mal réalisé et sa voix est plutôt sympa (ou plutôt devrais-je dire son ricanement gras), tout comme cette séquence sympathique et totalement déjantée où un poteau de rampe d'escalier en forme de tête d'animal attaque l'une des jeunes filles en la mordant au bras! Un grand n'importe quoi qui parfois nous révèle de bonnes petites surprises (c'est le cas également de ce gros monstre sortant d'on ne sait où), aussi rares soient-elles…
Au final, le meilleur effet du film reste la reconstitution de la cuisine itself : les assiettes se reconstituent, la table se remet debout… Certes, un trucage qui ne coûte rien (on filme à l'endroit et on inverse tout) mais qui est bien agréable lors du visionnage du montage final.

Véritable ovni dans la filmographie de Norman J. Warren, "réveillon sanglant" est un mélange audacieux de divers thèmes du cinéma de genre (slasher, zombie, paranormal, survival…) qui au final réserve quelques bons moments mais déçoit énormément sur son trop grands nombre d'imperfections. Le scénario est plutôt original et sympathique tandis que le rythme est très bien soutenu, mais les effets spéciaux trop moyens, les personnages ridicules, les incohérences à longueurs de temps et les mystères jamais dévoilés sont trop de défauts qui font pencher la balance du mauvais côté…
Pas le plus mauvais film de Norman J. Warren mais bien derrière "prey" qui reste mon préféré de sa filmographie. Un navet? Bien-sûr que non! Un nanar? Pourquoi pas! A voir mais pas forcément à conserver… (Perso, je le garde quand-même! RIRES).

REVEILLON SANGLANT | BLOODY NEW YEAR | 1987
REVEILLON SANGLANT | BLOODY NEW YEAR | 1987
REVEILLON SANGLANT | BLOODY NEW YEAR | 1987
Note
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David Maurice