Storage 24
Storage 24
Suite au crash d’un avion cargo militaire en plein cœur de Londres, quelque chose semble s’être échappé de la carcasse. Un contenu classé « top secret » qui s’est visiblement volatilisé dans la nature… au grand damne des habitants de ce quartier londonien où se rendent justement Charlie et Mark.
Alors que nos deux compères viennent d’arriver dans un immense garde-meubles où sont entreposées des affaires à Charlie, ces derniers vont rapidement comprendre que quelque chose ne tourne pas rond dans ce vaste entrepôt de stockage. Piégés dans ce bâtiment aux longs couloirs plongés par moments dans la pénombre, nos deux amis accompagnés de Nikki et Shelley, l’ex-petite amie de Charlie, rencontrées sur les lieux, vont devoir survivre à une créature monstrueuse qui s’est réfugiée dans cet entrepôt labyrinthique et semble être la fameuse cargaison que transportait l’avion militaire…
Présenté au Marché du Film à Cannes en 2012 mais également cette même année au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, "storage 24" est un film d’extraterrestres réalisé par un certain Johannes Roberts (à qui l’on doit entre autres "sanitarium", "darkhunters", "hellbreeder", "forrest of the damned", "F" ou encore "roadkill") et basé sur un scénario de Noel Clarke (connu outre-Manche pour ses films "kidulthood" et "adulthood" mais vu également dans "doghouse" ou "centurion") que l’on retrouvera également en tant qu’acteur principal dans le film.
Assez simple, voire même très linéaire, dans sa narration, "storage 24" ne brillera certainement pas pour son scénario. Absurde par moments (sans heureusement nuire véritablement à l’histoire et à sa progression) mais surtout blindé à bloc de références à de nombreux films de science-fiction et de monster movies (nous ne pouvons nous empêcher de penser à des "super 8", "attack the block", "la mouche" ou encore "M.A.L. : Mutant Aquatique en Liberté" alias "deepstar six"), le film de Johannes Roberts ne fait indéniablement pas dans l’originalité.
De nombreux clichés sont également de la partie et viennent renforcer cette impression de banalité de l’œuvre visualisée. Nous faire descendre dans un sous-sol obscur, buter le malheureux technicien en début de film, arpenter les longs conduits d’aération dans l’espoir de ne pas être vu ou encore donner au personnage principal une bonne grosse dose de courage en dernière partie de film pour affronter seul la vilaine bêbête qui rôde : autant de séquences usées pendant des décennies par les réalisateurs de films de monstres qui, même si elles nous amusaient avant, commencent aujourd’hui à perdre de leur charme et à nous faire tirer des soupirs.
Film de couloirs oblige, nous avons ici un huis-clos aux idées certes vues et revues là encore (l’immense bâtiment avec ses couloirs sombres et angoissants, ses petits soucis d’électricité, ses conduits d’aération où il fait bon se glisser, sans oublier les presqu’inévitables travellings latéraux…) mais étonnamment bien fichu. Le suspense est en effet relativement bien dosé, la tension est parfois palpable et nous assistons à quelques attaques de notre extraterrestre plutôt plaisantes dans leur ensemble.
L’humour a aussi indéniablement sa place dans "storage 24". Oscillant entre passages purement horrifiques et scènes humoristiques (avec ses dialogues parfois tordus ou ses séquences totalement décalées comme celle où un petit chien robotique, inoffensif jouet de gosse, se transforme en une véritable bombe après avoir été garni de pétards pour ensuite venir péter à la gueule de notre alien!), nous suivons cette histoire sans réel déplaisir.
Avec une durée avoisinant les 1h20, nous aurions cependant préféré rentrer rapidement dans le vif du sujet mais il faudra tout de même au film de Johannes Roberts une bonne vingtaine de minutes pour se lancer. Toutefois, une fois la première victime annoncée, "storage 24" se suit relativement bien même si nous pourrons reprocher quelque fois à ce dernier de peut-être un peu trop se focaliser sur les histoires peu intéressantes qui lient nos divers protagonistes, refourguant alors parfois notre vilain alien au second plan.
Notons également un casting honnête avec sa petite pointe de stéréotypage amusante et si classique dans ce genre de production (le technicien à qui il va arriver quelque chose rapidement, le fou solitaire qui semble en savoir plus que les autres sur la créature, l’ami qui retourne sa veste quand ça commence à sentir le roussi…). Nous retrouverons d’ailleurs en plus de Noel Clarke un Ned Dennehy (vu dans "grabbers" la même année au Festival de Strasbourg, mais également dans "Dorothy" ou "le roi Arthur") bienvenu dans ce rôle de solitaire déjanté et paranoïaque, ou encore un Colin O’Donoghue (la série "once upon a time") dans le rôle du gentil méchant Mark.
En fait, le problème ne vient pas forcément des acteurs en eux-mêmes (hormis la prestation plus que douteuse de l’actrice jouant le rôle de Shelley) mais plutôt de leurs personnages. Entre le personnage principal qui soudainement se voit pousser une grosse paire de couilles dans la seconde partie du film ou encore les histoires de cœur à deux balles qui polluent de temps à autres cette petite série B pourtant bien sympathique, nous ne pouvons que déplorer ces erreurs grossières dans ce scénario pourtant déjà pas mirobolant.
Et l’alien dans tout cela ? Le véritable point fort de "storage 24" assurément! Créature humanoïde ayant emprunté par-ci par-là à d’autres monstres du paysage fantastique (nous pensons au Predator bien-entendu mais également aux vilains Venom et Carnage des aventures de Spiderman dont Noel Clarke avoue s’être inspiré), cette dernière est bien fichue, n’ayons pas peur de le dire.
Alors que la bouche a été faite uniquement en images de synthèse (avec ses énormes dents et ses filets de bave entre celles-ci), tout le reste a été fait sans grands artifices numérisés (costume, masque sans oublier les échasses pour donner cette grandeur à notre extraterrestre) et sans animatronique (Johannes Roberts ne souhaitant pas de cette technique ayant pourtant fait ses preuves de peur de perdre en réalisme sur son alien).
Nous apprécierons également les quelques séquences parfois violentes et sanglantes de notre créature qui ne fera pas toujours dans la dentelle. Personnages défigurés, victime éventrée, extirpation de cœur… Les scènes sanguinolentes ne sont certes pas nombreuses mais viennent toutefois nous rappeler que nous avons en face de nous une véritable bête sanguinaire.
Au final, "storage 24" n’est certes pas exempt de défauts, constatés principalement dans son scénario et dans le traitement de plusieurs de ses personnages, mais s’avère étonnamment plaisant à suivre. Ce n’est pas bien original, ça sent cruellement le réchauffé je dirais même, mais ça distrait le temps d’une seconde partie de soirée grâce notamment à une créature visuellement réussie et sacrément féroce!