Troll

Troll

La famille Potter emménage dans un nouvel appartement abritant un vilain troll nommé Torok. Après avoir pris l'apparence de la petite Wendy Potter, l'ignoble créature va petit à petit transformer l'ensemble des habitants de l'immeuble en monstres et autres végétaux dans le but de créer un Monde peuplé de trolls et ainsi constituer une armée pour envahir le Monde des humains.

Mais tout ceci est sans compter sur le courage d'Harry, le frère de Wendy, qui, avec l'aide d'une vieille dame magicienne, va tout faire pour empêcher le vilain Torok d'arriver à ses fins. Mais attention, le temps presse : si Torok parvient à transformer l'ensemble des habitants de l'immeuble, alors plus rien ne pourra l'arrêter et l'armée de trolls ainsi formée pourra envahir la Terre!

TROLL | TROLL | 1986

Après ce résumé tonitruant (RIRE), laissez-moi vous parler aujourd'hui du film "troll", une petite série B sortie au beau milieu des années 80 et qui fut l'un des premiers films de John Carl Buechler en tant que réalisateur.
En effet, le monsieur est avant tout connu pour ses maquillages et ses effets spéciaux dans le cinéma de genre (on pense notamment à son statut de superviseur des effets spéciaux dans des films tels que "carnosaur" et "carnosaur 3", "ghoulies" et ses deux suites, "le cauchemar de Freddy", "halloween 4" et "halloween 6", "demonic toys", "bloodsurf", "prison", "les poupées" ou encore "butcher") mais a eu parfois l'occasion de réaliser des films ("vendredi 13 : un nouveau défi", "ghoulies 3"…) dont l'un des plus intéressants demeure ce fameux "troll", malheureusement souvent oublié dans les écrits rendant hommage aux petits films de genre de la décennie d'or. Car, le film de John Carl Buechler est un sympathique mélange de monster movie et d'heroïc fantasy, doté d'un humour parfois bien décalé et surtout d'une bande originale entraînante.

Alors certes, nous pourrons facilement trouver de nombreux défauts à "troll", à commencer par un scénario des plus simplistes (le vilain troll qui veut conquérir le Monde et commence par s'emparer d'un immeuble), notamment sur sa fin, peu élogieuse. Mais voilà, à partir d'un scénario des plus minces, John Carl Buechler réussit à surprendre le spectateur en y insérant des petites touches d'originalité (comme par exemple le fait que notre troll ne dévore pas ses victimes mais les transforme ainsi que leur environnement en de luxuriantes et verdoyantes forêts peuplées de trolls, d'elfes et autres créatures, d'où ce petit côté heroïc fantasy fort plaisant) mais également une bonne dose d'humour (nombreux sont les personnages décalés voire complètement dérangés dans "troll", et je ne parle pas des dialogues parfois bien fendards!).

Par ailleurs, ce qui est fort appréciable dans notre film, c'est que celui-ci démarre au quart de tour (heureusement me direz-vous, "troll" ne durant qu'1h16…) : à peine le générique fini que notre méchant troll apparait à l'écran et prend l'apparence de la jeune Wendy! Pas de suspense donc quant au design de la créature, on la découvre entièrement dès les premières minutes et John Carl Buechler s'en moque : Torok n'est pas la seule créature du film, il en a d'autres sous la main qui apparaitront au fur et à mesure que les minutes passent!

Comme dit ci-avant, l'une des forces du film est sans conteste son humour. Ainsi, nous avons droit à une galerie de personnages un brin foufous tels qu'un célibataire endurci détestant les enfants et leurs piaillements et convaincu qu'il est un dieu du sexe (personnage incarné par Sonny Bono, ex-mari de la chanteuse à succès Cher), un ancien Marine qui visiblement a bien du mal à oublier qu'il n'est plus dans les rangs, sans oublier notre père de famille (Harry Potter! RIRES!) raide dingue de ses vinyles et roi du air guitar, constamment à côté de ses godasses tout au long du film.
Les dialogues, sans pour autant être subtiles, font mouche à plusieurs reprises et sont parfois en contradiction totale avec le contexte, ce qui les rend encore plus jouissifs (référence à la chanson sans queue ni tête que chante la jeune Wendy en jouant au ballon au début du film : "la soupe à l'oignon c'est pour les garçons, la soupe à l'oseille c'est pour les demoiselles…" ou encore la phrase que sort Wendy d'une voix innocente à sa voisine après avoir vu une photo d'elle étant jeune : "t'étais belle, la beauté se fane avec l'âge…"). On n'oubliera pas également les très bonnes répliques de Sonny Bono dans son personnage de célibataire persuadé d'être un coup d'enfer.

Toujours dans cet aspect humoristique, on appréciera la façon qu'a John Carl Buechler d'aborder divers thèmes traduisant au départ un mal être pour au final amuser la galerie (le jeune Harry qui vit mal le fait que ses parents le prennent pour un gamin et qui au final sauve les habitants de l'immeuble, le nain Malcolm qui attriste l'auditoire avec sa maladie de moelle osseuse et qui déclare qu'il aurait préféré être un elfe, phrase qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un vilain troll sourd qui va alors s'en donner à cœur joie…).

Dans la galerie des personnages, on regrettera par contre la prestation peu convaincante de la jeune Jenny Beck en début de film (qui est en réalité le troll Torok, d'où son comportement excessif) : scènes surjouées et doublage français de piètre qualité, Wendy agace encore plus quand elle ricane lourdement et de manière très niaise. Heureusement, ces passages sont entrecoupés par des scènes de dialogues entre les parents de Wendy et les voisins qui, encore une fois, prêtent à rire.
Par ailleurs, ce personnage de Wendy n'a pas que des mauvais côtés et est même à l'origine de nombreuses scènes amusantes : elle n'hésite pas à rentrer sans gêne chez tous ses voisins et prend ses aises, envoie valdinguer tout le monde d'un bout à l'autre d'une pièce avec une force surhumaine ou encore présente à ses parents son "petit copain" qui n'est autre que le voisin Malcolm, le nain professeur d'anglais (cette scène de présentation de Malcolm aux parents est peut-être le meilleur passage du film : les parents pensant recevoir un jeune garçon de l'âge de Wendy l'accueille avec un verre de chocolat au lait alors que Malcolm arrive lui avec une bouteille de champagne en ne manquant pas de dire au passage "j'ai apporté un mot de mes parents", terrible! RIRES!).

Pour ce qui est de l'aspect visuel du film, il est clair que "troll" a pris quelques rides par-ci par-là mais certains effets sont encore assez plaisants, notamment en ce qui concerne le design des créatures (qui au passage ne sont pas très grandes, contrairement à ce que dit la mythologie scandinave sur les trolls), toutes différentes les unes des autres (tête de cochon ou de gargouille, corps de champignon…), ce qui ne sera point le cas dans le deuxième opus affligeant. Merci John Carl Buechler au passage!

Mais ce qui peut paraitre étonnant, c'est que John Carl Buechler n'utilisera pas d'effets gores ou sanguinolents dans son film, malgré le fait que nous soyons face à d'affreux trolls sauvages et meurtriers. A la place de débordements sanguinaires en tout genre et autres scènes de festins trolliens, nos vilaines créatures préfèrent transformer les humains et leur environnement en de verdoyantes forêts où peuvent alors naitre d'autres créatures démoniaques (une transformation nous est d'ailleurs montrée avec une sympathique petite séquence où un visage se tuméfie jusqu'à donner lieu à une sorte de cocon d'où vont sortir racines, lierres, lianes…). Alors que la totalité du film se passe dans un immeuble (tout comme "critters 3" ou encore "demons 2"), cette idée de John Carl Buechler permet de varier un peu les décors et d'éviter de se retrouver sans arrêt entre 4 murs blancs. Place donc aux belles prairies verdoyantes, aux forêts luxuriantes remplies d'Elfes et de trolls donnant ce petit côté heroïc fantasy peu commun dans ce genre de films.

Enfin, finissons cette chronique par l'un des points forts du film (si ce n'est LE point fort) : la bande originale. Dès la musique d'introduction, le spectateur est plongé dans une bande originale très portée sur la féérie et l'imaginaire avec toujours ce côté très heroïc fantasy. Les quelques séquences de chants de nos chers trolls sont vraiment entraînantes, ces vieilles mélodies folkloriques et leurs airs très entêtants nous faisant gigoter la tête de gauche à droite, à la manière d'une certaine musique de Gremlins.
Certaines autres séquences nous présentent par contre une musique plus contemporaine (hard rock, disco…) et s'avèrent très remuantes également mais surtout hilarantes : nous aurons droit à cette scène où notre père de famille nous tape un air guitar allongé sur son canapé en écoutant du hard rock ou encore cette scène où notre cher Sonny Bono se trémousse face à sa chaîne hifi avec son peignoir rose!

Nous connaissions les Gremlins, les Critters et autres Ghoulies, voici à présent les Trolls. Réalisé par John Carl Buechler en 1986, "troll" est un film qui, malgré une simplicité de départ à toute épreuve, réussit à montrer un réel potentiel, des idées farfelues qui sont les bienvenues (notamment ce mélange de monster movie et d'heroïc fantasy) et un humour plutôt bien dosé qui permettent au spectateur de passer un agréable petit moment devant son écran.
Alors, certes, le film a quelque peu subi le poids des années mais s'en sort encore plutôt bien, en tout cas bien mieux qu'un certain "ghoulies 3" (que sortira John Carl Buechler cinq ans plus tard) ou que la pitoyable (fausse) suite de "troll" qui verra le jour en 1990 (d'ailleurs, un troisième opus, "troll 3", est passé inaperçu soit dit en passant).
Une série B qui ne se prend pas la tête et qui, malgré un fil conducteur classique et des effets parfois un peu ridés, témoigne toutefois de bonnes idées dans son scénario, ça ne se refuse pas! Surtout quand on voit le réchauffé que nous sortent aujourd'hui certains réalisateurs…

TROLL | TROLL | 1986
TROLL | TROLL | 1986
TROLL | TROLL | 1986
Note
4
Average: 3.4 (1 vote)
David Maurice