Veneciafrenia
Veneciafrenia
Isa, Susana, Arantza, Javi et José, des touristes espagnols, se rendent dans la belle ville de Venise afin de fêter l’enterrement de vie de jeune fille d’Isa pendant le carnaval. Toutefois, ils ne savent pas encore que leur survie est en jeu. En effet, un tueur masqué, mais aussi beaucoup de vénitiens, las des visiteurs qu’ils accusent de tout saccager et de venir en nombre, s'en prennent aux vacanciers. Certains d’entre eux vont même déclencher une véritable « frénésie touristique »…
L'AVIS :
Il y a quelques années déjà, Alex de la Iglesia et Carolina Bang annonçaient la création du projet The Fear Collection, regroupant – un peu à l’instar de las peliculas para no dormir – non pas une série, mais plutôt une suite de cinq films d’horreur mis en scène par des réalisateurs espagnols tels que Jaume Balaguero (les formidables "La secte sans nom", "Rec", "Malveillance") ou encore l’inégal Alex de la Iglesia ("Action mutante", "Mes chers voisins", "Balada triste"), pour les têtes d’affiche. Devaient aussi être de la partie des noms un peu moins connus du cinéma ibérique comme : Paula Ortiz, Fernando Navarro, Carlos Therón, Chus Gutiérrez, Helena Taberna, Borja Cobeaga et Javier Ruíz Caldera. Si sur le papier cette anthologie qui a le soutien de Sony et d’Amazon promet beaucoup, le premier à ouvrir le bal d’une diffusion sur PrimeVideo est Alex de la Iglesia lui-même avec Veneciafrenia, objet de cette critique.
Tourné dans des circonstances délicates à cause de l’épidémie de COVID-19, Veneciafrenia a vu le metteur en scène de "Pris au piège" accoucher de l’idée de son film après avoir visionné une vidéo virale dans laquelle on pouvait voir un gros paquebot incontrôlable heurter un quai puis un bateau touristique sous les yeux de la foule, faisant quelques blessés légers seulement. A partir de cet événement, il développe une histoire de société secrète qui va s’en prendre à ces touristes commençant à être mal vus à Venise car venant en masse et peu respectueux de la splendide Cité des Doges. De fait, de la Iglesia et son scénariste ont l’idée d’un tueur masqué, et derrière lui la ville de Venise, se révoltant contre ces nombreux paquebots venant saccager la lagune et leurs cortèges de touristes. Ces derniers sont donc présentés comme des égoïstes bas de plafond ne pensant qu’à picoler, forniquer et alimenter les réseaux sociaux de leurs photos et autres stories complétement insignifiantes !
C’est donc ainsi que nous est présenté notre groupe de cinq jeunes espagnols tout juste débarqués en terre vénitienne pour faire la fête, ce qui constituera le premier gros problème du métrage. En effet, il est bien difficile de s’attacher à des personnages qui nous sont dépeints comme de gros décérébrés dont on se fiche éperdument et qui pourront être enlevés, torturés et tués sans que cela nous fasse sourciller le moins du monde ! C’est dommage d’autant que les acteurs sont insupportables et qu’on a envie qu’ils décèdent dans d’atroces souffrances pour qu’ils se taisent ! Mais même là, on a de quoi être déçu car Veneciafrenia est très timide en mises à mort, hormis une séquence dans un théâtre (rappelant un peu "Bloody Bird") dans laquelle on a une étonnante scène avec une marionnette grandeur nature…
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un slasher comme pouvait le faire penser l’introduction, Veneciafrenia se concentre bien plus sur une enquête policière ridicule et paresseuse lors de laquelle des flics, aidés par le reste du groupe de nos cinq touristes idiots, vont rechercher les jeunes disparus et essayer de comprendre ce qu’est cette société secrète mais sans trop forcer non plus. Le pire de tout étant la fin, car même là, c’est le calme plat.
Toutefois, tout n’est pas non plus à jeter dans Veneciafrenia, à commencer par certains acteurs, notamment côté italien, avec le superbe Cosimo Fusco, impeccable dans son double rôle du Bouffon et du Docteur, tout comme la sublime James Bond Girl de 2006, Caterina Murino, tous deux très crédibles et professionnels ! Autre bon point également : les affiches promotionnelles du film, au visuel vraiment magnifique ! On mentionnera aussi les excellents costumes, parfois bien flippants à l’instar de celui du docteur de la peste, tout comme les remarquables décors. Il faut dire que voir Venise avec ses anciennes ruelles sombres et labyrinthiques ou ses vieux bâtiments presque délabrés était attractif, mais tout cela ne suffira pas à faire de Veneciafrenia un bon film, tant pis !
Ainsi, Veneciafrenia prétend dénoncer le désastre écologique qui secoue la Cité des Doges (Venise) à travers un slasher mettant en images un groupe de jeunes venus là faire la fiesta. Toutefois, cela constitue un fallacieux prétexte pour donner un pseudo fond politique à un film qui n'en a pas ! Personnages caricaturaux et insupportables, rythme inégal, scénario malingre et meurtres pas très originaux voire peu gore sont au rendez-vous de ce Hostel transalpin du pauvre ! Surnageront les costumes ainsi que quelques scènes comme celle dans le théâtre ou encore celle du dîner masqué avec l’impressionnant déguisement de docteur de la peste. On a donc tout de même du mal à croire que ce métrage est l’œuvre du pourtant intéressant Alex de la Iglesia. Dommage car ça ressemble à un film de commande de bas étage et on espère fortement que les quatre autres métrages de la Fear Collection seront bien meilleurs !