American Horror Stories (saison 2)
American Horror Stories (season 2)
Voici la saison 2 de la série American Horror Stories, spin-off de American Horror Story, avec toujours aux commandes le duo Ryan Murphy/Brad Falchuk. Toutefois, cette fois-ci, un seul épisode rendra hommage à des parties de la série originale, alors que les autres feront plutôt référence à de nombreux mythes, légendes et traditions d'horreur, avant tout centrés sur des histoires de fantômes, évidemment différentes à chaque fois…
L'AVIS :
À la tête de cette suite, on retrouve ainsi les producteurs prolifiques de la série séminale, aidés notamment par Manny Coto (coscénariste pour la série "Dexter). Côté casting, on aura la chance de revoir d’anciens acteurs de l’univers d’AHS comme Denis O’Hare, Cody Fern, Gabourey Sidibe ou encore Leslie Grossman, tout comme de nouveaux feront leur apparition pour un one shot étonnant à l’instar de Judith Light ou encore Alicia Silverstone.
On entamera donc cette saison 2 par Dollhouse (« Maison de poupées ») dans lequel une jeune secrétaire potentielle postule pour un emploi dans une usine de fabrication de poupées. Elle n'obtiendra pas le poste tant convoité, mais Monsieur Van Wirt, le propriétaire, la kidnappera et séquestrera car il aura une toute autre idée de ce qu’elle pourrait bien faire chez lui…
Cet épisode commence vraiment pas mal avec de somptueux décors, une histoire intrigante, le tout rappelant un peu l’ambiance de Misery mêlée à celle de La dernière mission, un sketch horrifique angoissant de la série Les contes de la crypte vol 4. Ajoutons à cela un très bon jeu d’acteurs (quel plaisir de revoir le sémillant Denis O’Hare !) et une fin assez originale faisant le lien avec l’univers d’AHS (notamment avec la saison 3, Coven) et on pourra alors s’estimer heureux de cette entame prometteuse tout en demeurant tout de même sur nos gardes car on se rappellera tout de même d’une saison 1 bien inégale…
On embraye vite sur Aura, avec le récit d’un couple venant d’emménager dans une nouvelle maison dans un nouveau quartier et où la femme a installé à l’entrée « Aura », un système de surveillance d’un nouveau type. Elle commence ainsi à apercevoir et entendre un visiteur venant la déranger le soir alors que son mari n’est pas encore rentré car encore au travail. Le seul problème, c’est qu’elle est la seule à le voir et qu’il va revenir la hanter…
Cette histoire qui commence comme un invasion movie classique va changer de direction à mi-parcours pour se finir de façon désordonnée et confuse. Ce n’était pas un épisode médiocre, loin de là, car Gabourey Sidibe fait le job et le visiteur sorte d’ersatz de Jeffrey Combs (le torturé Docteur Herbert West de la franchise "Re-Animator") est assez flippant, mais un scénario plus étoffé aurait été le bienvenu car ça sent tout de même le script paresseux !
Continuons notre chemin avec Drive dans lequel Marci, qui vit en couple libre avec son mari Chaz, va toutes les nuits dans des clubs pour assouvir un passe-temps bien original pour occuper ses soirées. Son hobby favori sera toutefois menacé par sa fouineuse de meilleure amie, Piper…
Cette histoire manquait d’envergure car elle semblait avoir été contée 1 000 fois, tout comme moult rebondissements étaient prévisibles. Ajoutons à cela que le mari était fade au possible et que l’on obtiendra aucune explication sur les motivations véritables des principaux protagonistes et on aura-là un segment tout simplement pas à la hauteur.
Espérons que Milkmaids (« Les laitières ») remontera le niveau ! Nous sommes en 1757, et aussi incroyable que cela puisse paraître, mais le pus venant des furoncles d'une prostituée protège et guérit les hommes atteints de la peste ! Cependant, un pasteur qui a tenté de coucher avec Celeste, la péripatéticienne, essaie de retourner les habitants contre elle et prêche également la consommation du cœur de tous ceux qui sont morts de la peste pour s'en protéger !
Ce segment au scénario incroyable était largement bien meilleur que le précédent. Brassant les thèmes de la religion, de la science et de la maladie, il paraissait assez documenté à cet égard, mais surtout relativement bien secondé par des costumes et des décors très bien faits ! De plus, le casting était très intéressant avec Cody Fern (le charismatique Antéchrist de la saison 8 de "American Horror Story"), ainsi que la ravissante Julia Schlaepfer, formidable de sensualité en prostituée/laitière du dix-huitième siècle ! De plus, les amateurs de cannibalisme, lesbianisme et autres joyeusetés comme l’éclatement de boutons et autres pustules pleins de liquide séreux en auront pour leurs frais ! Un épisode réjouissant qui rattrape un peu la qualité des deux précédents !
Arrive ensuite Bloody Mary qui suit quatre adolescentes invoquant l'esprit de « Bloody Mary » en exécutant un rituel spécifique, afin qu’elle exauce leurs plus grands désirs. Cependant, elles découvriront bientôt que chaque souhait a un prix, et pour que certains vœux, le coût est trop élevé…
Cet épisode au casting que n’aurait pas renié Jordan Peele, s’appuie sur une sorte de sorcière s’inspirant de « Mami Wata », mère de l'eau dans la culture africaine et qui peut se refléter dans les miroirs, ainsi que sur le formidable film "Candyman" de 1992 (lui-même repris en 2021 et, à l’instar de ce segment, avec une distribution afro-américaine quasi intégrale), avec la façon d’invoquer l’ensorceleuse en répétant plusieurs fois son nom. Bien joué, bien rythmé, sanglant ce qu’il faut, ce semblant de jeu de massacre façon "Destination finale" devait inéluctablement se finir par un acte de bravoure d’un héros sacrificiel ou par un deus ex machina sorti dont on ne sait d’où. Fort heureusement, les scénaristes s’en sortent assez bien et on aura donc eu droit alors à un spectacle de bonne facture.
Dans Facelift (« Lifting »), Virginia Mallow paierait n'importe quoi pour retrouver sa beauté d’antan. Un beau jour, on l’oriente vers un chirurgien plasticien, la très renommée Dr Enid Perle, disposant d’une procédure secrète pour redonner au visage et au corps de Virginia ce qu'ils étaient. Mais tout cela aura forcément un prix…
Quelle merveille que ce sketch ! Le jeu des acteurs était au point (avec une magnifique Rebecca Dayan rappelant la sublime Isabella Rosselini de "Blue Velvet" et une incroyable Judith Light, la légendaire Angela de « Madame est servie » complétement métamorphosée pour l’occasion !) et l'histoire n'avait rien de révolutionnaire, mais était très bien écrite. Ce n'était pas aussi prévisible que cela aurait pu l'être, principalement à cause de l'intrigue secondaire belle-mère/belle-fille et de cet étrange voire énigmatique culte pratiqué par certains patients de la plasticienne de renom. Alors quand en plus on a un score avec le superbe « Gnossienne No. 1 » d’Erik Satie et que la fin est moralisatrice à mort, on a tout bonnement là le meilleur épisode des deux saisons confondues pour l’auteur de ces lignes, rien que ça !
Suivra Necro, dans lequel une jeune femme exerçant la profession de croque-mort découvre que les vivants sont plus terrifiants que les morts…
Voilà un segment qui prend une direction différente de celle à laquelle on pouvait s’attendre, le tout est bien joué (notamment par l’actrice principale, la ravissante Madison Iseman) et prend lieu et place dans une morgue, un endroit où les femmes commencent à avoir leur place au cinéma, à l’instar des films comme "Mortuary", "The mortuary collection" ou encore "V/H/S 94" avec son court The empty wake. Malgré quelques incohérences scénaristiques dont celle de la vidéo projetée pendant le mariage, la fin, onirique au possible, saura toutefois convaincre les plus sceptiques par sa beauté, c’est déjà ça !
On finira cette seconde saison par Lake, épisode relatant le récit d’un jeune homme qui se noie dans le lac Prescott sous les yeux de sa sœur Finn. Erin, la mère du garçon, fait alors l'objet de plusieurs apparitions surnaturelles étranges. Les deux femmes, se rendront ainsi toutes deux au lac pour obtenir des réponses, tandis que le père semble déjà avoir fait son deuil…
Quelle tristesse de devoir finir cette saison par un épisode aussi insipide ! Dialogues limités, intrigue précipitée, jeu d'acteur douteux (notamment l’actrice interprétant la jeune fille) et une fin insatisfaisante au dénouement étrange, auront tôt fait de condamner cette pitoyable entreprise. Et ce n’est pas la présence au casting d’une Alicia Silverstone vieillissante ("Batman et Robin", "The lodge" et "The requin") qui y changera grand-chose !
Pour conclure, l’ensemble est certes un peu meilleur que pour la saison 1, mais c’est toutefois toujours aussi inégal quant à la qualité des épisodes. On a ainsi parfois l’impression de voir dans certains, un condensé d’un classique de l’horreur mais en un peu moins bon et donc, au final, cette saison 2 est également en dents de scie ! Pourtant, un épisode sortira vraiment du lot, c’est Facelift avec la méconnaissable et vieillie (pour l’occasion) Judith Light, la fameuse Angela Bower ! Le scénario portant sur le refus de vieillir de certaines personnes est très bien vu et la fin, assez inattendue, en surprendra plus d’un mais ce sera un peu tout car pour le reste, c’est encore trop ordinaire et pas assez explosif côté script, mais on sent tout de même qu’il y a du potentiel !