Razor blade
Razor blade smile
Dix-neuvième siècle: Lilith Silver assiste à la mort de son amant au cours d'un duel contre Lord Sethane Blake. Elle essaie de tuer Sethane mais échoue, avant d'être abattue à son tour par le témoin du Lord. Blake la sauve alors en lui faisant boire son sang, la transformant en ce qu'il s'avère être lui-même : un vampire.
Cent cinquante ans plus tard, Lilith Silver trompe son ennui, d'une part en fréquentant un pub gothique où se réunissent des fans de vampirisme (lesquels, trop humains, finissent parfois vidés de leur sang au cours d'une séance de sexe), et d'autre part en officiant comme tueuse à gage auprès d'un intermédiaire, Platinum, qui est aussi son nouvel amant. Contre des sommes rondelettes, un mystérieux commanditaire la charge en effet de tuer les membres d'une organisation secrète nommée " les Illuminatis " (dont le chef n'est autre que Sethane Blake) et de récupérer leur bague ornée d'un étrange symbole...
Razor Blade Smile n'est pas seulement un exécrable film de vampires, c'est une abomination en soi. Annoncé comme un renouvellement du mythe, Jake West lui-même, malgré tous ses efforts de tâcheron, semblent douter de son sujet.
Et pour cause ! Ses vampires ne craignent ni la lumière (il suffisait de lunettes de soleil, qu'on est bête!), ni l'ail, ni les symboles chrétiens, ni les pieux, ne volent pas, ne se transforment jamais en rien (par contre, ils s'habillent en latex ou en manteau léopard)... Sans doute est-ce la raison pour laquelle le réalisateur ne cesse en toute occasion de filmer le visage de la très vulgaire et ridicule Eileen Daly, bouche ouverte sur des crocs bien blanc qui donnent plus l'impression de la gêner qu'autre chose... Comble de l'ironie, Lilith Silver ne cesse tout au long du film d'intervenir en voix off pour se moquer de notre ignorance en matière de vampires, avec un pseudo-humour viril dont la lourdeur atteint des sommets (ou plutôt des gouffres) de débilité arrogante. L'ensemble des dialogues est d'ailleurs du même acabit ; si on y ajoute le fait que tous les acteurs surjouent en permanence, on obtient alors un bêtisier inépuisable et insurpassable dans le genre.
Reste l'esthétique du film... Et du point de vue de la nullité prétentieuse, force est de constater qu'elle n'est pas en reste ! West accumule jusqu'à l'indigestion (et sans aucun talent) tout ce que l'univers des mangas et des clips peut recéler en matière de cadrages et d'effets visuels ou sonores. Ce qui n'empêche pas que les scènes de gunfights ou de sabre restent d'une mollesse pitoyable, se résumant finalement à du champ/contre-champ. La photographie essaie tant bien que mal de composer des atmosphères à la fois glauques et chics, mais aboutit à une image sombre et granuleuse. Le gore annoncé n'est qu'une illusion grossière, puisque seules les plus légères blessures sont montrées plein cadre, tandis que le reste est systématiquement détourné de nos yeux, à l'égal de l'érotisme de pacotille qui parsème le film.
Enfin, enfin, le twist final s'avère sans doute le plus balourd de toute l'histoire du cinéma. Au dernier moment, West essaie de nous faire croire que tout cela n'était que du second degré, et insinue (à travers sa lamentable actrice) que si nous n'aimons pas ses vampires new-look, c'est que nous manquons d'humour ! Qu'il se détrompe, pourtant : son film est bel et bien risible. Mais pas de la manière dont il le pensait...