Affiche française
AMERICAN HORROR STORY (SAISON 5) | AMERICAN HORROR STORY - HOTEL | 2015
Affiche originale
AMERICAN HORROR STORY (SAISON 5) | AMERICAN HORROR STORY - HOTEL | 2015
Saison
5
Réalisation
Scénario
French release date
Genre
Musique de
,

American horror story (saison 5)

American horror story - hotel

AMERICAN HORROR STORY (SAISON 5) | AMERICAN HORROR STORY - HOTEL | 2015

Los Angeles, de nos jours. La comtesse Elizabeth, tient d'une main de fer l'hôtel Cortez, un lieu étrange ou les phénomènes inhabituels sont légion. Elle se complaît, avec son ami Donovan, à égorger certains de ses clients pour leur bon plaisir. En parallèle, l'inspecteur John Lowe enquête sur une série de meurtres macabres, qui le poussent à enquêter sur l'hôtel Cortez. Il va alors découvrir l'envers du décors et les différents employés et résidents de l'hôtel. Mais il va aussi mettre au jour de nombreux secrets, et soulever de nombreuses questions. Qu'arrive-t-il aux résidents de la mystérieuse chambre 64 ? Pourquoi la comtesse cache t-elle des enfants dans une étrange salle de jeu ? Pourquoi Iris, la gérante de l'hôtel, enferme t-elle des jeunes femmes pour les engraisser ? Qui est Sally, une mystérieuse junkie, locataire de l'hôtel ? L'inspecteur John Lowell devra se méfier de tout le monde pour mettre cette affaire au clair... [résumé Wipikédia]

L'AVIS :

On ne peut pas dire que faire un tour sur la piste d’un freakshow a été très bénéfique pour la série de Ryan Murphy, ne faisant que confirmer que le bonhomme se repose totalement sur ses acquis passé la fatale troisième saison (remember Glee et Nip/Tuck). La cinquième saison annonçait alors un sérieux tournant : le départ de Jessica Lange, grande prêtresse intouchable du show. Pour pallier à son absence, il fallait donc un nouvel élément, un guest suffisamment maousse pour faire passer la pilule : et ce sera Lady Gaga, décidée à se lancer dans la comédie comme tant d’autres de ses modèles (Madonna, Grace Jones, Deborah Harry…). Une manière comme une autre de gérer sa sérieuse traversée du désert (vide créatif ? Teasing au ralenti?). Mais ça c’est une autre histoire…

Los Angeles, de nos jours. L’hôtel Cortez est une des ces bâtisses construites durant les années folles, vestige d’une époque à la fois branque et luxueuse. Peu de fenêtres, des luminaires imposant, des tapisseries et de la moquette à ne plus savoir quoi faire, des couloirs sinueux à l’éclairage cafardeux : véritable monument art-déco, le décor principal fait déjà oublier les tristes tentes de Freakshow, et nous replace dans un huis-clos serré et anxiogène. Tant au niveau de sa construction que du style, en passant par son emplacement géographique, la bâtisse Cortez appelle déjà à établir un lien avec la fameuse Murder House de la première saison. Car oui, nous revoilà piégé dans une bâtisse hantée, régie par les mêmes codes que ceux de la Murder House : tout être décédé dans le périmètre du bâtiment verra son tombeau changé en purgatoire et seule la nuit du diable (aka Halloween) pourra lui donner l’occasion d’en sortir (pour peu de temps). Si Hotel s’amuse encore à triturer les dogmes de cet enfer particulier (où vont les fantômes une fois l’endroit détruit ? Comment gère t-on le fait d’être un revenant et quels en sont les possibilités ?), les questions sont encore loin d’avoir toutes leurs réponses…

Dès le pilote, il est clair que Hotel ne fait pas dans la demi-mesure : certains mystères sont très vite levés, les personnages affluent, et ça racole sans complexe côté gore et fesse. On assiste à des égorgements juteux, des prises de drogues cracra, un tueur laissant des mises en scènes macabres sur son sillage (charmant ce couple crucifié et collé à la super-glu par là ou ils ont péché…) et même une scène de viol sacrément complaisante où un spectre armé d’un gode-ceinture acéré sodomise un junkie en plein trip. Ça rigole pas au Cortez…

Un flic dépressif sera la clef pour rentrer dans cet univers décadent : pas vraiment remis de la disparition de son fils, le brave détective doit jongler entre une famille sur le point de claquer la porte et un serial killer en cavale façon Seven (les 7 péchés capitaux étant remplacés par les 10 commandements). Tout en haut de la tour, la Comtesse (cette chère Gaga donc) est une vampire centenaire qui s’ennuie avec son nouvel amant et tente d’en chercher un autre, façon Deneuve dans Les prédateurs. Dans les couloirs à la Shining, les enfants vampires de la Comtesse galopent sur la moquette, et le fantôme du défunt propriétaire de l’hôtel (inspiré d’un assassin mégalo ayant réellement existé), continue son œuvre meurtrière. Un véritable havre de paix donc.

Le terme « bordel » a toujours été le plus juste pour désigner l’écriture et la progression d’une saison d’American Horror Story : il faudra donc abandonner l’idée de retrouver la densité dramatique de la saison 2, et simplement profiter d’un show immoral et ultra camp. Et là tout de suite, ça passe mieux…

Ayant dû mal à s’organiser dans un premier temps, Hotel trouve petit à petit son rythme de croisière au bout de quelques épisodes (à l’inverse de Freakshow, qui s’enlisait et sortait rarement la tête hors de l’eau). Mais une évidence saute vite aux yeux : les personnages masculins seront les plus pénibles/bâclés de la saison, et les féminins, les plus intéressants et flamboyants.

Défilé de belles gueules à la tête creuse, le casting masculin semble se réduire à de la plastique décorative : antipathique et inexpressif, Wes Bentley joue lez sceptiques avec un aplomb ronflant ; Evan Peters livre la pire prestation de sa carrière en dandy dégénéré ; Finn Wittrock, pourtant incroyable dans Freakshow, s’offre un double rôle sans grand intérêt ; Cheyenne Jackson et Matt Boomer brassent du vide en maris fringants…

Le seul rescapé de ce naufrage de testostérone, c’est Denis O’hare dans un rôle de barmaid trans qu’on comptera davantage dans la partie féminine. Jusque là relégué dans des seconds rôles plus rigolos que vraiment transcendants (bouc émissaire, valet muet ou truand moustachu), l’interprète du mémorable Russell Edington de True Blood livre une des plus belles prestation de la série entière. D’abord catalogué comme le personnage le plus hilarant et le plus cynique de la saison (son duo avec Kathy Bathes en concierge blasée est un délice), il laissera son personnage s’effeuiller avec une délicatesse saisissante, en particulier dans un superbe flashback 80’s. Déesse transsexuelle toujours le nez collé aux classiques de la littérature et répondant au doux nom de Liz Taylor, elle réserve sans nul doute le plus beaux moments de la saison, bouleversant tableau resplendissant dans l’horreur.

Pas loin d’avoir volée son golden globe, Lady Gaga s’en sort tout de même assez bien, d’abord coincée dans ses poses habituelles (bien que ne poussant pas la chansonnette) avant d’offrir plus de nuances dans son jeu (en surtout lorsqu’elle se montre plus vulnérable) : petite créature de plateau, elle ranime le Hollywood Babylon dans un bel épisode où Murnau croise Rudolph Valentino. Le charme opère.

Pas très loin, Angela Bassett crève l’écran en ex-star de la blacksploitation devenue vampire, Sarah Paulson délire en junkie spectrale et cradingue, Mare Winningham s’offre un rôle à la fois bizarre et touchant de femme de ménage (un peu trop) servile et Chloé Sevigny se vautre dans le contre-emploi, loin de son image de lolita underground, en mère de famille prête à tout pour retrouver son fils. Le temps de quelques scènes, Lily Rabe sautille en guest dans le rôle de Aileen Wuros, totalement possédée. Dieu sait qu’on aurait bien voulu l’a voir plus longtemps…

Malgré ses trous scénaristiques béants (le « démon de l’addiction » dont on ne saura strictement rien, une romance gay apparaissant et disparaissant comme par magie), Hotel se rachète en séquences jouissives et en idées folles : un massacre d’écoliers, un vampire chassant sur Grindr, un gunfight sur fond de Hotline Bling, des scènes de triolisme qui tournent mal (dont une particulièrement corsée), un couple de hipsters dézingués, une réunion de serial killers légendaires (Gacy taille la bavette avec le Zodiac et Dahmer)…le tout avec une b.o infernale mariant glamour et sordide, new-wave et rock : Eagles, Giorgio Moroder, Depeche Mode, Nick Cave, The Cure, Siouxie and the Banshees, She Wants Revenge, Marianna Faithfull, Bauhaus, Visage… Orgasme total.

La cerise sur la gâteau, ce sont les ponts toujours plus fréquents avec les autres saisons : L.A oblige, deux personnages de la Murder House (qui apparaîtra d’ailleurs dans un flashback…) font des apparitions au Cortez, et la Queenie de Coven vient aussi user de ses talents de sorcière. La porte du fan-service ne risque donc pas se fermer aussitôt.

AMERICAN HORROR STORY (SAISON 5) | AMERICAN HORROR STORY - HOTEL | 2015
AMERICAN HORROR STORY (SAISON 5) | AMERICAN HORROR STORY - HOTEL | 2015
Note
5
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Jérémie Marchetti