blob n°2, le retour du monstre - The
Midnight Movie Massacre
Nous sommes en 1956 à Granada, une petite ville américaine comme il y en a des milliers. Un samedi après-midi comme les autres, le cinéma local projette un film de science-fiction : « La patrouille de l'espace : les gardiens de l'univers ». Les spectateurs aussi éclectiques les uns que les autres commencent à prendre place dans la salle. Ils ne le savent pas encore, mais ils seront eux-mêmes des acteurs du film. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’un extraterrestre belliqueux bien décidé à envahir la Terre a choisi précisément ce piteux cinéma de province pour mener à bien son terrible dessein...
Attention, attention ! Malgré le titre accrocheur de The blob 2, le retour du monstre ce film n'a rien à voir avec la série des blobs que l’on connaît nous, spécialistes du cinéma de genre. Rappelez-vous, le premier (en 1958) était "Danger planétaire" aka « The Blob » chez nos cousins d’outre-Atlantique avec la méga star de l’époque Steve McQueen. Il fut suivi ensuite en 1972 par "Attention au blob !" de Larry Hagman (mais si le J.R. Ewing de la série Dallas !), connu chez les étatsuniens sous le titre « Beware ! The Blob » ou « Son of Blob ». Et puis en 1988, sort le dernier et plus réussi à ce jour, une sorte de remake du premier : "The Blob" de Chuck Russell, avec Kevin Dillon ! En attendant peut-être pour bientôt le remake ou reboot de Rob Zombie, initialement prévu pour 2012…
Edité en VHS en France sous le titre mensonger que l’on connaît, ce film est également sorti en DVD aux Etats-Unis sous l’appellation « Midnight Movie Massacre », mais il est aussi connu sous le titre alternatif « Attack from Mars ». Quoi qu’il en soit et finalement peu importe sa désignation, ce film est une purge intersidérale, un navet de première classe, un énorme nanar jamais drôle, aux gags lourdingues avec des personnages très distincts certes, mais détestables au possible. Mais j’estime qu’il faut au moins le visionner une fois dans sa vie. « Pourquoi nous infliger cette torture ? » me demanderez-vous l’air interloqué. Tout franchement parce qu’il est tellement improbable, qu’il faut le voir pour le croire et qu’il constituera pour moi, et ce à jamais, le mètre-étalon en matière de nullité absolue ! En clair, il formera ni plus, ni moins qu’un point de comparaison ultime afin d’estimer la valeur d’un long-métrage car celui-là est pour moi le plus mauvais de tous les temps ! Je vous avoue qu’au départ, je me suis demandé comment j'allais faire pour tenir jusqu'au bout (« ce bijou » dure quand même 85 minutes !). D’ailleurs, je n’ai tenu qu’une demi-heure et attendu plusieurs jours avant de visionner la suite tellement je n’osais plus essayer car je me sentais en danger de mort spirituelle ! Puis finalement, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai voulu entamer les 55 minutes restantes mais je n’ai même pas tenu plus de dix, si bien qu’il m’a fallu plusieurs jours comme ça pour visionner le métrage jusqu’au bout ! Et je crois qu’au passage, j’ai dû perdre des neurones en route ou que mon cerveau a fondu pour partie !
Après une introduction prometteuse à la narration typique des années 1950 lors de laquelle on assiste à la première célébration de l'exploration de l'espace par l'homme, le tout étant accompagné par des images d’installations militaires et des tests de fusées dans le désert du Nouveau-Mexique, un gros plan zoome vers la Terre sur une menace imminente venant de Mars. Puis nous arrivons dans une salle de cinéma alors que de « charmants personnages » vont assister au film de minuit (le fameux « Midnight Movie » du titre US). Les voici donc pêle-mêle en succession rapide avec, cerise sur le gâteau, deux, trois agissements dont ils nous gratifient :
• un couple composé d’une femme énorme et de son maigrichon de mari qui achète pratiquement l'ensemble du snack-bar car la grosse dame va beaucoup manger pendant toute la séance et finir toutes les gourmandises. Mais elle a encore faim ! N'est-ce pas drôle ?
• un autre couple encore bien assorti, de péquenauds ce coup-ci. Sont-ils des montagnards, des Mormons en sortie, ou bien des gens de théâtre ? Car ils ont des costumes exotiques et des taches de rousseur peintes sur leurs visages ! La femme va envoyer son mari aux toilettes à cause d’un pet nocif…commis par une autre personne : l’ivrogne à côté d’eux ! N'est-ce pas désopilant ?
• un alcoolique dans une grande écharpe de laine qui titube et prend une gorgée d’alcool toutes les cinq minutes et lâche des flatulences nauséabondes. Plus tard, il va trébucher et renverser des collations. Divertissant, n’est-ce pas ?
• trois voyous grimés façon « Fonzie » de la série « Happy Days » avec leurs jeans bleus et autres cuirs noirs qui agissent comme des singes dans une rangée à l’arrière de la salle et qui répondent à un avertissement diffusé contre le vandalisme en déchirant un siège. Ne sont-ils pas amusants ?
• un jeune puceau nerveux assez bizarre accompagné d’une gonzesse aux seins énormes tout droit sortie d’un métrage de Russ Meyer, et qui se fera peloter par les trois gugusses précédemment mentionnés. Comme c’est cocasse !
• deux nerds binoclards façon « Laurel et Hardy » du pauvre avec un gros et un petit, dont l’un croit voir l’affiche d’une de ses stars féminines aux attributs mammaires intéressants s’animer devant lui. Hilarant, non ?
• une jeune fille mignonne accompagnée par son macho de petit copain avec son chapeau de cowboy qui la laissera toute seule quand elle lui apprendra qu’elle a ses menstruations et lui assénera une mémorable réplique : « Jésus-Christ, tu saignes plus qu'un hémophile dans un buisson de ronces ! » Quelle finesse !
• une demoiselle arborant deux belles tresses avec un chaperon vert assise au balcon, qui éternue et voit son nez se vider à chaque fois d’une étrange matière caoutchouteuse. Elle laissera même échapper ses résidus sur les spectateurs ayant eu la chance de s’asseoir à l’étage du dessous ! Si ça n’est pas trop distrayant ça, ma bonne dame, je ne sais pas ce qu’il vous faut !
Les scénaristes (car oui, ils sont plusieurs a avoir engendré cette ignominie !) vont maintenant avoir l’audace de raconter plusieurs histoires à la fois. Après nous avoir montré les bandes-annonces alléchantes (sic !) de « Cat Women of the Moon » et « Devil Girl From Mars », on nous présente « Space Patrol », le film diffusé dans la salle de la bourgade de Granada. « Space Patrol » suit un trio d'aventuriers à la poursuite d'un voyageur temporel renégat, mais c’est également une sorte d’hommage à la série éponyme des années 50, reprenant les mêmes personnages dont le Colonel Carlyle (Robert Clarke) et le Docteur Sylvia Van Buren (Ann Robinson, arborant le même nom qu'elle avait dans "La guerre des mondes" de 1953 !). Mais pour être plus juste, plutôt qu’un hommage à la série, on se retrouverait plus devant un plagiat raté, le flux narratif de « Space Patrol » étant sans cesse perturbé par les coupures persistantes dues aux activités des spectateurs du cinéma : borborygmes, éternuements, bruits de mastication, pets, rots, grimaces, j’en passe et des meilleurs. Malgré tout cela, la série portée à l’écran sous forme de métrage, aussi horrible soit-elle, constitue tout de même la meilleure partie du film ! Car pour rendre la chose encore plus intéressante, le cinéaste jonglera encore avec les fils de l’intrigue (quelle intrigue ?). Un vaisseau spatial martien se pose derrière le cinéma, un mendiant est rapidement tué hors de l'écran. Puis la malheureuse caissière est sauvagement assassinée. Cette fois, nous voyons beaucoup de faux sang éclaboussant la billetterie. L'hilarité continue puisque l’on enchaîne avec un gag mettant en scène les deux nerds de service ! Puis retour sur « Space Patrol ». Ca va, vous suivez toujours ?
Puis, l’image zoome sur un enfant qui se glisse hors de son siège et va dans le hall du cinéma.Il pénètre ensuite dans le bureau du directeur et trouve ce dernier complètement démembré avec des mares de sang partout. Il y a également une matière gélatineuse verte d’origine inconnue sur le bureau du directeur. Dans une séquence complètement folle l'enfant contemple la scène devant lui et enfonce son doigt dans la mare de sang. Puis il trempe sa sucette dans la substance étrangère ! Ensuite, plan sur les parties sectionnées, sur l'enfant, sur l’étrange matière, sur l'horloge, sur la sucette, sur l'enfant, sur l'horloge...jusqu'à ce que ses parents le trouvent et le sortent du cinéma en se plaignant que « Space Patrol » était un film atroce ! « Il n’y a pas que celui-là les gars » aurait-on envie d’ajouter !
Mais ce n’est pas tout, nous aurons encore le droit à une scène surréaliste. La jeune fille délaissée pour cause de règles menstruelles, prend un peu trop de temps pour partir, et est attaquée par le martien qui commence à prendre le dessus. Heureusement, la grosse dame étant une gloutonne incroyablement compulsive, se jette sur lui et le dévore sans en laisser une miette ! Et c'est avec un sentiment de soulagement triomphant que l’on peut entendre les derniers mots du narrateur : « Ainsi, notre monde a été sauvé. Pas par la guerre atomique, mais par l'appétit d'une femme au foyer de banlieue de 300 livres. Les Martiens, réalisant que le cannibalisme sévit sur la Terre, sont à la recherche d'autres mondes à conquérir. L'humanité est en sécurité ! Du moins pour le moment ». « Et nous aussi », ajouterai-je car le calvaire est fini !
Y a-t-il quelque chose qui mérite d’être sauvé dans ce film ? La question ne pourra être réglée qu’à la suite d’un grand débat sur la place publique et, pour être plus juste, par des personnes courageuses qui, à l’instar de votre dévoué, auront visionné cet outrage au cinéma jusqu’au bout ! En attendant, bien qu’il se veuille comme un hommage aux films de science-fiction des années 1950, The blob 2, le retour du monstre est sans cesse saturé d’un humour vulgaire typique de la fin de la culture pop des années 80. Prenez une pincée de « Porky’s », une partie du recueil des plus mauvais gags de « Mad Magazine » et saupoudrez le tout d’un poil des plus pitoyables métrages présentés dans les drive-in américains et vous aurez une lointaine idée de ce que l’on endure pendant une heure et vingt-cinq minutes ! En bref, ce n'est pas juste un autre mauvais film, non, c'est un crime contre l'humanité ! Roger Branit, John Chadwell, David Houston, Wade Williams et Mark Stock devraient être battus à coups de barre de fer et ne plus jamais être autorisés à approcher un plateau de tournage. Jamais ! Voire même, ils devraient être traduits en justice à La Haye !