Contamination
Contamination – alien arriva sulla terra
Le cinéma bis italien fut une institution prolifique, dont les productions pourraient à elles seules constituer le catalogue d'un courageux éditeur de dvd… "Contamination" fait sans doute partie des fleurons les plus goûteux de cette période. Sous le nom de Lewis Coates, alias qu'il utilisa à plusieurs reprises, Luigi Cozzi ressortait de "Starcrash" lorsqu'il passa à cette dérivation d' "Alien" de Ridley Scott, occasion pour lui de rester dans un univers science-fictionnel mais… pas seulement !
Un hélico survolant l'île de Manhattan est chargé de repérer un cargo fonçant droit sur le port de New York, au mépris de toute règle maritime. Le navire est arraisonné et mis en quarantaine, puis ses entrailles d'acier explorées par l'équipe scientifique du Dr Turner (Carlo Monni), accompagnée par le lieutenant de police Tony Aris (Marino Masé). Ils y découvrent les corps déchiquetés de l'équipage, ainsi que des dizaines de gros œufs verts. L'un d'entre eux crève, aspergeant trois des hommes d'un liquide qui les ronge avant de les faire littéralement exploser. Le plan d'urgence numéro 7 est déclaré, dirigé par la "Colonelle" Stella Holmes (Louise Marleau), 5ème division spéciale, responsable de la Sûreté Intérieure auprès du Président des Etats-Unis. Il s'agit de savoir ce que sont véritablement ces œufs et d'où ils proviennent, car ils semblent faire l'objet d'un trafic qui pourrait couvrir toute la ville de New York.
Sur ce point, le début du film est clair : de l' "Alien" original, "Contamination" ne reprend que les traits essentiels (œufs, héros féminin carrément militarisé, et monstre final) qu'il transpose sur Terre, manque de moyens oblige, avec la volonté déclarée d'accentuer l'aspect crasseux des scènes proprement horrifiques. Les Goblins ne nous livreront d'ailleurs pas l'un de leurs meilleurs scores, chargés qu'ils sont de souligner les événements à grand renfort de synthétiseur. Cette fois, les œufs s'avèrent friables et ne libèrent pas d'ersatz fécondeurs, mais un "jus" hautement dangereux, qui, par simple contact, donne lieu à des explosions organiques du plus bel effet, la caméra s'attardant au ralenti sur les corps dégorgeant brusquement tripes et boyaux comme de gros furoncles sanglants. Quoi qu'il en soit, on n'est pas dans un film proprement gore, les scènes organiques étant réservées au début et à la fin du métrage, et valant surtout par l'environnement sombre et confiné dans lequel elles se déroulent. La première séquence sera d'ailleurs la meilleure, Cozzi rajoutant une touche d'inquiétude avec la tenue des scientifiques, qui n'est pas sans rappeler celle des militaires au début de "Zombie".
Toutefois le registre des films pillés, imités avec amour ou détournés (comme on voudra) ne se limite pas à "Alien" et fait appel à d'autres genres cinématographiques. Ainsi, toute la partie centrale située en Colombie est une enquête menée par la "Colonelle", assistée du lieutenant Aris et de l'ex-cosmonaute Hubbard (Ian McCulloch), sur le modèle des films d'espionnage, avec un méchant (Siegfried Rauch) qui n'est pas sans rappeler ceux des films estampillés "James Bond". Mais Cozzi n'en cultive que le vernis (exotisme, stratagèmes…), et loin de ménager le suspens, accumule les scènes prévisibles et sans reliefs, nous donnant ici la partie la plus faible de "Contamination". La fin sera honorée par une apparition hybride qui, elle, vaut son pesant d'or, avec un alien cyclope (aspect mythologique faisant partie des dadas du réalisateur) d'une souplesse de tank, et dont l'œil unique évoque assez douloureusement celui de n'importe quelle lampe-torche…
Voilà qui contribue déjà pas mal au charme du film, mais les bonnes protéines nanardesques de "Contamination" sont en vérité ailleurs. Autant la plupart des personnages remplissent leurs fonctions d'une façon sobre et sans prétention, autant ceux du lieutenant et de la "Colonelle" atteignent des sommets de singularités admirables. Cozzi a en effet beau maquiller son nom italien en un "Coates" anglophone, ou encore prendre des vues extérieures de Manhattan, son couple central reste folkloriquement méridional, avec tous les clichés que cela suppose. Ainsi Marino Masé doit parler avec moult gestes des mains, gesticuler et palabrer comme un comédien de théâtre voulant se rendre visible du haut des derniers strapontins, faire sa cour et garder dans sa poche l'indispensable peigne sans lequel un séducteur ne serait plus lui-même. Louise Marleau, quant à elle, à beau être "Colonelle" : elle ne renoncera pour rien au maquillage prononcé, se jouera grassement des sous-entendus masculins et n'hésitera pas à se faire gifler pour raviver chez le mâle Hubbard la virilité qu'exige la périlleuse situation… Façon éminemment personnelle, il faut en convenir, de reprendre la thématique hommes/femmes présente dans "Alien" !
Mais le pompon des pompons peut surgir à tout moment, par exemple dans les dialogues, le ton sérieux se mariant à une partition parfois si grotesque que le rire vient spontanément :
"- UniverX… curieux nom pour du café en provenance de Colombie. Qu'en pensez-vous, lieutenant ?
- Oh, moi, je n'y connais rien en café, je ne bois que du thé. Ce qui est bizarre… c'est le X ? C'est un caractère différent !"
Genre de perle que l'amateur pourra trouver par dizaine, pour son plus grand plaisir !
On l'aura compris, l'inconditionnel de gore et de monstres devra se doter d'un bon sens du second degré s'il veut apprécier ce petit bijou de Luigi Cozzi, réalisateur certes modeste, mais dont il serait appréciable, parfois pour des raisons involontaires, de redécouvrir les œuvres…