Cruelle est la nuit
Cruelle est la nuit
À la faveur d’une nuit noire, les activistes d’Aetna partent en mission, avec pour objectif l’assassinat d’une personnalité trouble et médiatique. Leur cible ? L’homme politique véreux Hein Stavros. Mais lorsqu’ils débarquent dans son loft cossu, ils se retrouvent en pleine partie fine. Inutile de préciser que les choses ne vont pas tarder à dégénérer...
Le talentueux Alan Deprez est bien connu des fans de cinéma bis puisque le jeune homme écrit dans divers fanzines et magazines du genre, tels Medusa, Métaluna, CinemagFantastique, Mad Movies ou Darkness Fanzine entre autres. Passionné également par le cinéma érotique et pornographique, il a également rédigé des articles pour Hot Vidéo ou Lui. Le cinéma étant donc sa passion, il passe derrière la caméra pour deux courts-métrages de genre, Ab Aeterno en 2010 et Erotomania en 2012, dans lesquels il mélange fantastique, horreur et érotisme.
En 2016, il se lance dans un nouveau projet avec le court-métrage Cruelle est la Nuit et lance une campagne participative Ulule pour obtenir des fonds et offrir aux spectateurs une oeuvre de qualité. A l'arrivée, Cruelle est la Nuit tient ses promesses. En une vingtaine de minutes, Alan Deprez nous offre de la violence, du sexe non simulée, du gore et de la tripaille au cours de cette virée nocturne qui va vite déraper. Un peu à la manière d'Alex et ses droogs dans Orange Mécanique, mais avec une réelle raison d'user de la violence quand les voyous chez Kubrick ne le faisait que par pur plaisir, le trio mis en scène par Alan Deprez va donc s'armer sobrement (pistolet, batte de baseball en acier, chaîne) afin d'aller casser la gueule, voir plus si affinités, à un politicien véreux et corrompu qui nage dans l'oseille quand le petit peuple crève de faim. L'argument politique tient à cœur principalement au leader du groupe, ses deux acolytes ne semblant pas aussi impliqués que lui dans cette virée sanglante et semblant rechercher avant tout les émotions fortes.
Dotée d'une belle mise en scène et d'une photographie élégante, Cruelle est la Nuit s'engouffre dans les tréfonds de l'âme humaine à travers des monologues et des dialogues qui apportent un plus indéniable à ce court-métrage, qui m'a fait penser par certains aspects au cinéma définitif de Gaspar Noé. La mission punitive de notre trio d'anti-héros va se voir légèrement perturbée une fois chez la victime, ce dernier accueillant dans son appartement on ne peut plus luxueux quelques amis libidineux qui gèrent tranquillement une petite orgie dont Alan Deprez ne nous cache rien. Fellation, masturbation, vision des sexes, la caméra se fait frontale et ne cherche pas à occulter cette partie fine, la victime elle-même s'adonnant aux charmes des pratiques de domination et de SM. L'ex porno star Sabrina Sweet s'invite d'ailleurs à la fête et se verra titiller par l'un des membres de notre trio, qui ne se doute sûrement de la petite surprise qu'elle lui a réservé.
La violence n'est pas en reste et l'équipe des effets-spéciaux (Squid Lab) s'en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir. Avec de faibles moyens, Alan Deprez a réussi son pari : nous offrir un court-métrage de qualité puisant dans son univers fait de sexe et de violence. Dans l'ensemble, Cruelle est la Nuit remplit admirablement bien son contrat et porte bien son titre ! A découvrir sans tarder tout en étant réserver à un public averti ! Je souhaite à Alan Deprez une bonne continuation et des budgets de plus en plus élevés pour que puisse se développer encore plus son talent.