Dead heads
Dead heads
Mike se réveille en pleine forêt alors qu’une épidémie de zombies fait rage sur Terre. Après avoir rencontré Brent, un jeune homme légèrement taré, ce dernier se rend compte qu’ils sont devenus des morts-vivants eux aussi mais qu’à la différence de ceux décimant la région ils sont conscients de ce qui leur arrive. Une grande part d’humanité a visiblement été préservée en eux lors de cette zombification.
Après avoir trouvé une bague de fiançailles sur lui, Mike se souvient alors qu’avant de devenir un zombie il s’apprêtait à officialiser une relation avec une jeune femme. Trois ans se sont écoulés manifestement depuis son décès et sa « résurrection » mais cela ne va pas empêcher Mike de vouloir retrouver sa belle, même si pour cela il doit combattre des scientifiques, des mercenaires et des zombies assoiffés de chair fraîche.
Même si le genre existait déjà bien avant 2004, il faut reconnaître que depuis "shaun of the dead", les comédies mettant en scène des zombies sont devenues légion, à tel point que nous frôlons parfois l’overdose en la matière. Bien souvent présentés sur le territoire français en DTV (rares sont les œuvres passant au cinéma ou en festival par chez nous, même si de très bons contre-exemple existent ben et bien comme ce fut le cas entre autres de "bienvenue à zombieland" ou de "Fido"), ces films que l’on appelle de plus en plus « zombédies » ne sont pas toujours exempts de défauts.
Même si certaines comédies de ce genre sont devenues des incontournables ("braindead", "shaun of the dead", "bienvenue à zombieland" ou "premutos" par exemples), d’autres plus discrètes ont su se frayer un chemin dans cet univers saturé ("Fido", "undead", "doghouse", "dead meat", "zombie king" ou encore le terrible "poultrygeist" de la firme Troma…) tandis que d’autres enfin ont eu bien plus de mal à sortir des sentiers battus et à offrir quelque chose de vraiment rafraîchissant à leur public (on peut citer par exemples "mad zombies", "Juan of the dead", "last of the living", "dead and breakfast"…).
Ce "dead heads", réalisé par des amis à Sam Raimi, se classe dans cette dernière catégorie malheureusement, malgré l’enthousiasme d’un Bruce Campbell, désireux de « vendre » le produit de ses potes auprès des fans de cinéma de genre.
Doté d’un scénario assez simpliste, manquant cruellement d’originalité et s’avérant alors bien creux et longuet par moments, "dead heads" est le cas typique de film suscitant un certain intérêt à la lecture de leur résumé (on s’attend à tomber sur un film bourré d’action, de scènes déjantées et de gore en pagaille) mais nous offrant au final qu’un condensé de situations vues et revues, rarement drôles, et à l’interprétation assez douteuse pour ne pas dire décevante.
Démarrant déjà de façon peu rassurante (on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe et le jeu d’acteur très amateur se fait déjà cruellement ressentir), le film va rapidement vouloir nous distiller quelques clins d’œil ma fois sympathiques au cinéma de genre histoire de nous montrer que le duo de scénaristes-réalisateurs n’est pas inculte en la matière (on pense bien-entendu à "la nuit des morts-vivants", "le jour des morts-vivants" et à "crazies" de notre cher Romero, tandis que les titres "l’armée des morts" et "evil dead" sont clairement cités, voire même présenté en images pour ce dernier). Des clins d’œil bienvenus mais qui malheureusement ne suffiront pas à rassurer un public déjà quelque peu déçu par la tournure que prend le film au bout d’une demi-heure seulement : les gags font pour la plupart l’effet d’un pétard mouillé, le comique de répétition devient quelque peu lourdingue et on sent clairement que ce qui est devenu rapidement un road-movie ne nous apportera plus grand-chose d’original dans sa seconde partie (pire encore : la fin, sorte de happy end ridicule, vient définitivement clore d’assez triste façon ce spectacle peu intéressant).
On retiendra toutefois quelques passages prêtant à sourire (l’assaut du bar par les zombies façon "night of the living dead", la réunion des anciens élèves ou encore la rencontre entre le duo Mike/Brent et un vieux routard) mais rien de bien transcendant il faut l’admettre. C’est vraiment creux, trop creux, à la manière d’un "last of the living" ai-je envie de dire, un DTV pour lequel je retrouvais déjà les mêmes défauts flagrants dans la narration…
Niveau casting, là aussi nous ne pouvons qu’être déçus du résultat. Des acteurs très moyens (voire bien mauvais pour certains) pour des personnages peu intéressants, stéréotypés à souhait et parfois même irritants (je pense notamment au personnage de Brent, sorte de Samy dans "Scoubidou" mais en version lourdingue, ou encore au mercenaire macho sortant des grossièretés à tour de bras).
Un personnage uniquement sort du lot à mes yeux : un vieux routard que Mike et Brent rencontrent dans leur périple. Un hurluberlu capable de vous sortir un « je vais chier » juste après avoir entretenu une discussion propre, carrée et portant sur les sentiments amoureux de Mike… Un personnage qui est bien le seul à nous tirer de temps à autres un sourire quand ce dernier ouvre la bouche (car, il faut bien le reconnaître, la plupart des longs dialogues entretenus par Mike et Brent ne volent pas bien haut et ennuient par leur côté « sans queue ni tête »).
Là où le film gagne cependant des points, c’est sans hésiter sur ses effets spéciaux et ses maquillages. Alors certes ce qui nous est présenté ici ne casse pas quatre pattes à un canard mais le peu qui nous est montré (une tête décapitée, des membres arrachés…) est de bonne facture, si l’on oublie les quelques giclées de sang numérisé…
Au final, quand on voit "dead heads ", on ne peut ni crier au chef-d’œuvre ni crier au scandale pour autant. Le film possède certes de nombreux défauts (manque d’originalité, rythme inégal, humour peu présent ou raté, casting très amateur) mais réussit toutefois à apporter un minimum de fraîcheur (clins d’œil sympathiques et bienvenus, maquillages et effets spéciaux tenant la route) pour ne pas sombrer dans l’ennui total.
Bref, un premier film pas suffisamment convaincant.