Dernière maison sur la plage - la
(La Settima Donna
The Last House on the Beach
Après le braquage d'une banque, trois malfrats tombent en panne de voiture. Contraints de se réfugier dans une villa en bord de mer, ils vont se trouver face à un groupe de jeunes filles répétant là une pièce de théâtre sous la direction de Sœur Christine. En planque le temps de trouver une solution, les trois brutes vont faire subir les pires atrocités à leurs otages. Lesquels, le moment venu, sauront se venger à la hauteur de leur violence...
En 1972, Wes Craven lance une bombe malsaine et dérangeante sur les écrans avec "La derniere maison sur la gauche". Ce petit classique deviendra le fer de lance d'un sous-courant du cinéma d'exploitation baptisé le rape and revenge qui, comme son nom l'indique, mettra en scène dans la plupart des cas une bande de voyous faisant subir viols et outrages à de pauvres victimes, ces dernières réussissant parfois à se sortir d'affaire pour se venger aussi violemment, sinon plus, sur leurs bourreaux. Dans le cas où les victimes seraient mortes, c'est généralement leur entourage direct (famille, amis proches) qui feront office de justiciers improvisés. Le rape and revenge joue donc aussi dans la cour du vigilante movie, ces deux genres étant souvent intimement liés, comme dans "Un Justicier dans la Ville" par exemple. Les rape and revenge les plus connus sont donc le film de Wes Craven auquel on peut ajouter des titres tels "La Maison au fond du Parc", "I Spit on your Grave" (1978 et 2010), "Week-end Sauvage", "Crime à Froid", "La Proie de l'autostop", "Violences", "La bête tue de sang-froid", "L'Ange de la Vengeance", "Extremities" ou "Nude Nuns with Big Guns" par exemple.
En 1978, le réalisateur italien Franco Prosperi ("Gunan", "Il Trono di Fuoco", "Il commissario Verrazzano"...) s'attaque à ce genre plutôt glauque et livre "La Settima Donna", qui verra son titre original devenir "The Last House on the Beach" afin de surfer encore plus sur le succès du long métrage choc de Wes Craven ! Son film respecte parfaitement les codes du genre et saura satisfaire les amateurs : bande de voyous irrespectueux et pervers ; victimes féminines ravissantes (mention spéciale à Luisa Maneri) qui subiront sévices, humiliations et violences ; huis-clos étouffant ; tension qui ne cesse de s’accroître entre les deux clans ; ambiance malsaine ; érotisme léger ; machisme ; brutalité (claques, viols, meurtre au fer à repasser..), le tout dans le décor paradisiaque d'une somptueuse villa située au bord de plage. Un cahier des charges bien rempli et qui fonctionne la plupart du temps, nous laissant sur une bonne impression finale.
Certes, la violence est parfois plus suggérée que montrée, et n'égale pas celle de La Dernière Maison sur la Gauche. Elle est néanmoins bien présente et se montre efficace au niveau psychologique. Certaines situations mettent mal à l'aise et le casting féminin s'en sort relativement bien au niveau des émotions qu'il est censé nous faire ressentir, avec un petit bémol pour Florinda Bolkan qui se montre un peu mono-expressive ici. Dire qu'on n'aimerait pas être à leur place est un doux euphémisme. Si les acteurs en font parfois un peu trop, surjouant leurs expressions de visage par exemple, force est de constater que ce jeu excessif, voire théâtral, rajoute à l'ambiance déjà bien poisseuse et licencieuse du métrage, à l'image de la séquence dans laquelle l'un des voyous se maquille le visage avant de s'en prendre à une pauvre jeune fille ou encore celle dans laquelle les deux larrons vont tester la virginité d'une de leurs victimes avec un bâton, amplifiant les rires graveleux et les regards de fous furieux. Une scène qui n'est pas sans nous rappeler celle d'un autre film, le "Avere Vent'Anni" de Fernando di Léo, curieusement réalisé la même année ! Sam Rami s'est-il inspiré de ces sévices avec bout de bois pour son "Evil Dead" en 81 et son fameux viol des arbres ?
"La Dernière Maison sur la Plage" m'a en tout cas fait bonne impression et j'ai particulièrement aimé la relation qui s'installe entre le personnage d'Aldo, joué par Ray Lovelock et une des filles. Une relation qui aurait pu être développée d'avantage sur la durée mais qui fonctionne bien et permet au réalisateur de jouer sur le "paraître" et de nous questionner sur l'apparente gentillesse d'Aldo. On a donc là un bon rape and revenge italien, qui n'atteint pas les sommets de certains titres cités plus haut mais qui tient la route et qui est plaisant à visionner malgré son aspect dérangeant et son sujet sordide.
* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS