Affiche française
FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005
Affiche originale
FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005
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Freres grimm - les

The brothers grimm

1812, l'Allemagne est envahie par l'armée française et les forces du mal se tapissent dans les endroits les plus inattendus… du moins on le croit puisque les frères Grimm, chargés d'éliminer les vilaines créatures maléfiques, montent sans cesse des incroyables mises en scène faisant croire à l'apparition d'un véritable monstre. Ce travail illégal, leur procurant pourtant beaucoup d'argent, ne passe pas inaperçu aux yeux de l'infâme DeLatombe, les forçant à élucider un véritable mystère au sein d'un petit village dépeuplé petit à petit de ses enfants…

FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005

Après avoir connu une bien mauvaise expérience avec l'inachevé \Lost in la Mancha\, Terry Gilliam se lance dans un blockbuster nettement plus prudent, histoire de recevoir l'argent suffisant pour éventuellement redémarrer l'aventure de Don Quichotte. "Les frères Grimm" est donc plus utilitaire que vital pour Gilliam.
Le pire dans tout cela, est la présence de Miramax, studio de production réputé pour ses coupes impardonnables et ses nombreuses séries B. Le film de Gilliam ne déroge pas à la règle : remontage, scènes supprimées ou évincées, et même disputes avec Bob Weinstein, non décidément rien ne va !

"Les frères Grimm" prend la route de "Bandits Bandits" et de "Les aventures du baron de Munchausen", à savoir l'univers des légendes et des contes revu à la sauce Gilliam. Pourtant, l'ex Monty Python ne prend pas exactement le même chemin et préfère rapprocher son film des traditionnelles super productions de notre époque, vues et revues un grand nombre de fois.

Si l'ensemble se veut souvent plus singulier et plus percutant que certains films d'aventure, il faut reconnaître que Gilliam ne va pas chercher bien loin au niveau casting (allez hop, deux jeunes stars montantes, Heath Ledger et Matt Damon), ni au niveau de son scénario, confié au tâcheron Ehren Kruger ("Scream 3" ou encore les deux "Ring" version US). Enfin Gilliam oblige, le film se rattrape par de nombreux points et pas des moindres…

Le spectateur sera frappé d'emblée par le grand atout du métrage : les décors et l'atmosphère. Si Burton n'est pas loin, le plaisir, lui, est bien là. On sera scotché dès lors à son fauteuil avec l'attaque de cette sorcière volante, se révélant n'être qu'un idiot déguisé. Frères amis/ennemis, les Grimm arnaquent leurs clients en faisant croire à la présence réelle de créatures surnaturelles, qu'ils inventent évidemment de toutes pièces. Une idée piquée à "Fantômes contre fantômes", mais aussi à "Mr Vampire et les démons de l'enfer".

Enfin bref, nos deux compères sont menacés de mort par le français DeLatombe, les envoyant enquêter sur les disparitions tragiques de nombreux enfants, revenant rarement de la forêt maudite se trouvant à la sortie du village. Choc à nouveau, le village est une pâle copie de celui de "Sleepy Hollow" : maisons grises, habitants effrayés et forêt maléfique à l'appui (d'ailleurs l'entrée du bois est quasi identique à celle visible dans le film de Burton), on est en droit d'être surpris par un tel détail, surtout de la part du grand Terry.
Entre les arbres qui bougent (une scène de poursuite dite capitale les concernant justement, aurait été coupée selon Gilliam), un loup-garou pas parfait en CGI, et une tour beaucoup moins abandonnée qu'elle n'y parait, les frères Grimm vont avoir du pain sur la planche ! Ils seront aidés par la trappeuse Angelika, et un sbire italien de DeLatombe (Peter Stormare, cabotinant à outrance, est le défaut le plus gênant du film). Mais selon le rêveur Jacob Grimm, la reine maléfique ayant péri de la peste il y a fort longtemps de cela, serait toujours en vie.
La relation fraternelle que met en scène le film se montre finalement bien simpliste malgré un point de départ douloureux (Wilhem n'a jamais supporté la mort de sa sœur, dont il accuse encore et toujours son frère), elle consiste en une relation trop fréquente au cinéma, proche du principe effarant et usé du buddy movie : au début il s'entendent mal, mais à la fin tout s'arrange !

Les gags du film se veulent plus drôles que hilarants, mais la touche Gilliam est très souvent visible, en particulier lors de cette scène de torture sur fond de musique guillerette (rappelant le piano humain et très piquant des "Aventures du Baron de Munchausen") gâchée par un autre gag féroce qui déplaira très sûrement aux amateurs de chats comme moi !

Mais ce qui rehausse instantanément le film, c'est sans aucun doute ses idées et la touche sombre qu'il apporte de temps en temps. Là où Gilliam prouve qu'il ne fera finalement jamais de film familial, il multiplie des éléments dérangeant, inadéquats pour un public gavé aux Disney et ça c'est bien ! En résulte des attaques surprenantes sur de petits enfants, faisant appel à certains contes bien connus : Hansel et Gretel, Le petit chaperon rouge, le pain d'épice… A ce titre, la scène du puit (je n'en dirai rien, et toc !) ou celle du cheval possédé boulottant une petite fille provoquent un malaise certain.
Un corps coupé en deux, des têtes coupées, des séances de torture, un homme dont la bouche est perforée par des branches, pique enfoncée joyeusement dans le cœur, empalement… Gilliam n'y va pas de main morte !

Et puis comment ne pas parler de LA Monica, superbe en sorcière narcissique et séduisante. Elle fait partie des scènes les plus fascinantes du film, et vit à l'aide d'un miroir magique reflétant une image nettement plus agréable que celle de son état actuel. Mais pour retrouver une vraie forme humaine, il faut du sang, et encore du sang, et d'innocents surtout ! A mi-chemin entre la sorcière noire de "Blanche Neige et les sept nains" et la Comtesse Bathory, elle campe à merveille cet être surnaturel d'une exceptionnelle beauté (enfin du moins dans le miroir, parce que sinon il vaut mieux être branché nécrophilie !), à l'histoire captivante (merci pour le flashback !).
Divertissement bien foutu et emballé correctement, "Les frères Grimm" semble bien loin de l'univers très personnel de Gilliam, mais amuse, éblouit par sa beauté plastique, procure un bon moment.
A vous de voir si vous aimez tant les contes et les légendes d'autrefois…

FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005
FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005
FRERES GRIMM - LES | THE BROTHERS GRIMM | 2005
Note
4
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Jérémie Marchetti