Humanoid terreur abyssale
Humanoïds from the deep
Les côtes d'Harbor Shore deviennent le théâtre d'étranges disparitions se déroulant en milieu marin, pendant que des écologistes livrent bataille à Canco Industries, société de pêche qui déverse dans la mer des produits chimiques afin de faire grossir les poissons. Et si ces produits ne faisaient pas grossir que les poissons… ? Quels prédateurs peuvent être responsables des carnages qui ensanglantent les côtes ?
Le présent film est également connu sous le titre : "Roger Corman présents : Humanoids from the Deep". Corman ! Un nom référence dans le cinéma fantastique, le personnage étant connu pour ses productions ou réalisations à petit budget, tournées en un temps record, que je ne vous ferai pas l'affront de citer ici, premièrement parce que vous êtes cultivés et fan de Corman, deuxièmement parce que la liste serait incroyablement trop longue ! Mais dites-moi, le titre original ne vous dit rien ? Eh oui, il y a déjà un film portant ce titre, datant de 1980, réalisé par Barbara Peters, baptisé "les monstres de la mer" en France et produit par…Roger Corman bien sûr ! "Humanoid Terreur Abyssale" est donc un remake du film plutôt sympa de 1980, reprenant les mêmes recettes et quasiment le même look pour les créatures mutantes. Malin le Corman…
Nous sommes donc en présence d'un film avec agressions sous-marines. Un genre balisé par un certain chef d'œuvre de Steven Spielberg ("les dents de la mer" bien sûr…) et dont on retrouve certaines idées ou certaines scènes dans la plupart des ersatz qui suivirent le succès mondial de ce film. "Humanoid Terreur Abyssale" ne déroge pas à cette règle, piquant ça et là les idées des autres en les intégrant à son scénario. Hormis "Jaws", on pourrait citer "Piranhas" de Joe Dante, "Chud" pour les séquences dans les égouts ou "Alien" de Ridley Scott, pour la sanglante scène d'accouchement. Des petites références et clins d'œil agréables mais qui ne hissent pas le film vers de très hauts sommets.
Car sa vision, du moins des premières quarante minutes, nous confirme bien qu'il s'agit là d'un téléfilm, certes assez sanglant parfois (décapitation avec jets de sang s'écoulant du cou, cadavre d'enfant sectionné au ventre et en piteux état, jambes arrachées et autres petites joyeusetés qui raviront les amateurs de gore gentillet), mais qui passerait très bien sur M6 par exemple à 22h30. Les dialogues et le jeu des acteurs ne sont pas très bons, nous avons tous les personnages caricaturaux requis dans ce genre de spectacle, à savoir le héros bien sympa qui ne sait rien des manigances de son collègue, le collègue justement, style gros bras sans cervelle, la blondinette et le blondinet, la scientifique, les militaires, l'inspecteur de police sympa, le médecin légiste et ses bons mots, bref, toute la panoplie est présente. Beaucoup de parlotte et de bla-bla dans ces quarante minutes, saupoudrées de quelques attaques avec vision rapide des "mains" griffues et palmées des agresseurs sous-marins, dont le spectateur sait depuis la scène d'intro que ce sont sûrement des monstres créés par l'armée, et qu'ils se sont enfuis en pleine mer. Le spectateur a souvent une longueur d'avance sur tout le monde, vous n'avez jamais remarqué ?
Le principal intérêt, hormis les attaques des créatures amphibies, ben c'est justement ces créatures aquatiques (vous avez vu, j'ai sorti mon dictionnaire des synonymes…). Un look excellent, une sorte de tête de chou avec cerveau apparent, un corps moitié poil, moitié algue, des mains fossilisées dont les doigts se terminent par des griffes acérées, bref, des monstres typiquement "craignos monsters", qui avaient déjà quasiment cet aspect dans le film original. Issus de manipulations génétiques, destinées à transformer des hommes en super soldats, mi-humains, mi-poissons, celles-ci ont bien sûr dégénéré pour donner au final des monstres mutants, capable de respirer aussi bien sous l'eau qu'hors de l'eau. Ce qui nous vaudra une attaque terrestre dans une fête foraine pas piquée des hannetons et vraiment jubilatoire. Des monstres un brin vicelards également, puisque leur but premier est de se reproduire avec des femmes ! Ben quoi, ce n'est pas parce qu'ils ont un look de monstres qu'ils ne pensent pas au sexe ! Voici donc pourquoi on ne retrouve que des cadavres d'hommes et qu'on ne met jamais la main sur les disparitions féminines. Ils préfèrent se les garder vivantes dans une sorte de gros cocon gélatineux pour se reproduire avec, afin qu'elles donnent naissance à des bébés monstres. Ils ne sont pas si idiots que ça en fin de compte ces monstres mutants !
Au final, on se retrouve donc avec quelques jolis effets gores, des monstres rigolos et pas mal foutus, des références à pas mal d'autres films du genre, des scènes lentes et assommantes, d'autres un brin plus jouissives, notamment sur le final, des acteurs pas géniaux, une ambiance très téléfilm. Le film de 1980 avait ce petit côté rétro et charmant qui fait cruellement défaut à cette version 96. Au prix du DVD, vous pouvez toujours l'acquérir, ça fera un film de genre en plus dans votre collection. Mais ce n'est pas indispensable non plus hein…