Affiche française
JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997
Affiche originale
JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997
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oui
Musique de

Juvenile crime

Shonen no hanzai

Un groupe de jeunes yakuzas entre 16 et 18ans s'adonnent à une succession de viols et de meurtres. La jeune lycéenne Junko Furuta fera partie des victimes et se retrouvera séquestrée pendant 44 jours où elle subira les divers sévices de ses kidnappeurs.

JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997

L'affaire Junko Furuta, très popularisée au Japon, a eu une grande ampleur sur la remise en question du jugement et de la réhabilitation des criminels juvéniles. En effet, la peine scandaleuse des jeunes délinquants est portée sur "les blessures corporelles commises ayant causé la mort" au lieu du "meurtre" en lui-même. Mais si on revient sur les faits, la jeune Junko fut enlevée et séquestrée pendant plus de 44 jours dans la maison des parents d'un des kidnappeurs. Pendant son calvaire, la lycéenne fut violée une centaine de fois par les quatre garçons tout en étant violemment battue et torturée de plusieurs manières plus atroces les unes que les autres (les détails seront passés et n'auront aucune utilité à être cités). Après avoir été brûlée vive, les quatre criminels se débarassèrent du corps de Junko en le cachant dans un bidon de ciment enterré dans les terres de Koto.

Voilà le résumé de l'affaire sinistre qui a inspiré le film chroniqué ici.

Avant lui, "Concrete - Encased High School Girl Murder Case" réalisé en 1995 par Katsuya Matsumura (trilogie "All Night Long") a été le premier film d'exploitation à retracer l'histoire tragique. Mais c'est "Concrete" (aka "Konkurito" aka "Schoolgirl in Cement") réalisé en 2004 par Hiromu Nakamura qui s'avère être le plus "connu" et accessible des trois, bien qu'il conserve un propos aussi violent et aussi pervers que ses prédécesseurs.

Quant à ce "Juvenile Crime" (aka "Shônen no hanzai") souvent confondu avec le film de Matsumura, il aborde le sujet de la manière la plus explicite et sera jugé comme le plus scandaleux et le plus obscène tant son absence totale de scénario est compensée par une succession d'atrocités dont l'intérêt s'avère bien douteux.

Nous suivons tout au long du film trois (et non quatre) adolescents cherchant à pimenter leur vie en brutalisant et violant des femmes au hasard. Au bout de 5 minutes après le lancement du métrage, on a déjà eu droit à un enchaînement de coups violents sur un couple et deux viols sur la femme de ce dernier. Filmé à la caméra à l'épaule (sans qu'il y ait un quelconque protagoniste derrière la caméra), "Juvenile Crime" pose un aspect voyeur très dérangeant dès le début et ne cessera de garder cette facette sans jamais la justifier. Pour donner un aperçu, on peut imaginer que le premier "August Underground" adopte la perversion de "Muzan-e" ou "Tumbling doll of flesh" en laissant le spectateur vulnérable et impuissant face à ce qui lui sera montré pendant plus d'une heure.

Sauf que contrairement aux films cités, "Juvenile Crime" s'inspire des faits réels pour accentuer la perversion malsaine de l'histoire qu'il tente de retranscrire.

Mais comment noter correctement un film qui ne montre que de la brutalité et du viol ? Aucune écriture, aucun enjeu réel, seulement un parcours et une exploration glauque d'un calvaire réellement vécu par une lycéenne.

D'autant plus que les scènes de viols sont très très très explicites et virent dans la pornographie (avec pixellisation évidente des parties génitales empêchant de voir si c'est du simulé ou non, mais les pénétrations et fellations forcés restent dans tout les cas extrêmement réalistes).

A noter que les acteurs masculins s'investissent à fond dans leur rôle. Nous voyons également quelques séquences où ces personnages battent leur mère avant de repasser sur le calvaire de la jeune Junko.

Pour aborder un film de ce genre, inutile de préciser qu'il est nécessaire de supporter (et d'apprécier) la violence dite gratuite. Mais ce qui est dérangeant n'est pas seulement la gratuité des atrocités montrées à l'écran, mais plutôt la raison de leur réalisation au vu de l'aspect purement voyeur du cadrage, de l'ambiance cauchemardesque et de l'impuissance constante de la lycéenne face à ses ravisseurs.

Le film de Gunji est donc d'une perversion rarement égalée dans le domaine du cinéma déviant car à l'opposé de la majorité des films extrême de ce genre, aucun dénouement et aucun message ne viendront justifier les ignominies filmées tout en sachant qu'ils sont inspirés des détails d'un fait réel et aucun film ne contiendra autant de viols que celui-ci. Mais qui a-t-il à part l'accumulation d'actes sexuels non consentis ? Et bien tout simplement de la torture physique et psychologique: la pauvre fille servira de punching ball, se fera brûler avec un briquet et verra une ampoule allumée se faire introduire dans son vagin etc... avant de finir dans le fameux container rempli de ciment et ne laissant plus qu'une partie de ses cheveux apparente.

Sans une seule goutte de sang déversée et avec un budget proche du zero absolu, "Juvenile Crime" réussit à nous installer dans un profond et douloureux malaise constant qui nous laissera avec un goût amer et une légère culpabilité d'avoir visionné l'intégralité du métrage. La question posée serait donc "est-ce que vouloir dénoncer un fait en ne montrant qu'un enchaînement d'actes révoltants est suffisant ?". La problématique se situe dans la manière de filmer, trop portée sur le sexe, insistant sur la joie des bourreaux et sur la douleur de la victime. Beaucoup trop pervers pour en tirer une quelconque leçon car nous ne sommes au final que témoins de l'enfer que Junko Furuta a vécu, et les viols pornographiques répétés ont justement l'air de chercher autant le choc que l'excitation.

Le but douteux de sa réalisation est non seulement un point négatif à cause du vide intégral qui se cache derrière mais il peut être aussi un point positif pour sa déviance sensationnaliste extrêmement poussée et offrant un vrai sentiment de malaise, et pour moi quand un film a ce genre d'impact c'est qu'il réussit son coup (mais peut-être pas de la manière la mieux adaptée...).

"Juvenile Crime" ne vise pas un genre de public en particulier et la plupart de ceux qui l'auront vu le dénigreront, mais étant amateur de la déviance (même la plus perverse) je tiens à dire que même pour un intérêt uniquement sensationnel, un film qui ose aller aussi loin dans la débauche et la barbarie mérite de conserver son existence. Car franchement...il ose.

JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997
JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997
JUVENILE CRIME | SHONEN NO HANZAI | 1997
Note
3
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Nicolas Beaudeux