Lesbian vampire killers
Lesbian vampire killers
Jimmy et Fletch, deux jeunes anglais, décident de fuir leurs problèmes le temps d'un week-end à la campagne. Alors qu'ils rêvaient d'un séjour reposant où alcool et jolies filles seraient leurs uniques préoccupations, voilà qu'ils se retrouvent tous deux coincés dans un village morbide où une mystérieuse malédiction transforme les jeunes filles de 18 ans en vampires lesbiennes…
Très vite, nos jeunes amis se retrouvent encerclés par ces démons assoiffés de sang frais…
L'Angleterre semble ne plus vouloir s'arrêter dans sa vague de comédies horrifiques. Après "shaun of the dead" (2004), "severance" (2006) ou encore "bienvenue au cottage" (2008), c'est au tour d'un film au titre farfelu de "lesbian vampire killers" de faire son entrée dans cette nouvelle vague britannique.
Réalisé par un certain Phil Claydon (un illustre inconnu), "lesbian vampire killers" a eu bien du mal à se faire une place dans le monde du cinéma. Pour preuve, en France le film devait sortir lors du premier semestre 2009 puis a été décalé en juillet et ensuite en septembre pour finalement ne jamais sortir dans les salles obscures (ce qui n'est pas pour rassurer le public…) mais directement en dvd.
Bon, certes, bon nombre de direct-to-dvd sont de bonne qualité (on citera par exemple "butcher" ou encore "détour mortel 2" et plein d'autres…) mais ce qui fait peur ici c'est bien cette énorme hésitation à sortir ou non le film au cinéma… Mais alors, que vaut réellement cette petite comédie sur le thème du vampirisme? Pour le savoir, suivez votre humble serviteur en faisant attention : ça mord!
Avant de commencer à rentrer dans les détails du scénario, une chose doit être d'emblée annoncée : ce film est certes une comédie (ou même parodie) horrifique mais est surtout une œuvre à ne prendre à aucun moment au sérieux. En effet, ici tout est absurde : des personnages à l'histoire, en passant par les dialogues et autres accessoires utilisés (notamment les armes utilisées par nos jeunes amis). Inutile donc de chercher une quelconque logique à ce que vous allez voir, le conseil que j'aurais à vous donner serait plutôt de mettre votre cerveau sur "off" le temps de visionner le film de Phil Claydon.
Commençons comme il se doit par le scénario. Bien que très peu original dans sa construction générale (des jeunes gens désireux de passer leurs vacances dans un lieu qui s'avère être le repère de vampires… Mon dieu que c'est bateau…), il faut toutefois bien admettre que les scénaristes ont réussi à incorporer à leur histoire suffisamment de loufoqueries pour permettre au spectateur Lambda de rester éveillé tout au long du film (sans ces quelques dialogues amusants, même si certains font l'effet d'un pétard mouillé, et ces deux trois personnages décalés, il est clair que le film aurait fait office de somnifère).
La première loufoquerie imaginée par nos scénaristes est cette drôle d'idée de mettre nos héros face à des vampires lesbiennes (pourquoi, on ne le sait pas et comme je l'ai dit précédemment on ne cherche pas à se poser des questions devant ce film sinon on n'a pas fini de se creuser les méninges…), vampires qui justement le deviennent une fois que les jeunes filles ont eu leurs 18 ans… Bon, certes, c'est un peu tiré par les cheveux ce scénario mais au moins on n'ira pas dire que c'est routinier et, qui c'est, ce thème d'homosexualité chez les vampires peut offrir pas mal de potentialités…
Mais malheureusement, alors que l'on aurait justement pu imaginer tant de choses avec cette race de vampires peu ordinaire, les scénaristes n'ont visiblement pas désiré exploiter plus que ça cette idée d'homosexualité chez nos vampirettes (nous aurions eu des morts-vivants gays ou des vilains sorciers travestis, cela aurait été pareil…). Mise à part deux trois câlins et autres caresses entre vampires, je ne vois pas trop ce que cela apporte au récit à part cette touche d'absurdité dont semblent être friands nos deux scénaristes. Car, outre cette idée de porter à l'écran des vampirettes lesbiennes, nous aurons également droit à d'autres bizarreries imaginées par nos deux hommes (qui visiblement se sont donnés carte blanche pour rendre le film totalement décalé et irréaliste au possible) : des armes allant de la simple épée à manche en forme de phallus en passant par le préservatif utilisé en guise de bombes à eau bénite, un loup-garou homosexuel (si si !!!), des vampires qui meurent sous des geysers de lait (bah oui visiblement c'est un liquide laiteux qui semble couler dans les veines de nos créatures)… Bref, vous l'aurez compris, il n'y a pas de place pour le premier degré ici.
Mais, alors que nous avions là un scénario qui semblait nous tenir en haleine un bon moment, voilà que toute cette ambiance créée lors des trois premiers quarts d'heure du film s'écroule tel un château de cartes une fois entrés dans la deuxième moitié du long-métrage de Phil Claydon. En effet, l'hétérogénéité entre les deux parties est flagrante : alors que les quarante-cinq premières minutes de film étaient dynamiques (avec notamment cette scène bien décalée où une vampirette gigote dans tous les sens avec une hache plantée au milieu du crâne, le tout sous une musique bien remuante, très cartoon), relaxantes et amusantes (merci aux savoureux dialogues dignes parfois d'un Judd Apatow himself!), la deuxième moitié du film est ennuyeuse (la scène du rituel est lente, mais lente…), répétitive et semble privilégier des scènes d'actions pathétiques à l'humour bien décalé de la première partie (alors qu'au début on rigolait de voir nos héros se sauver, cette deuxième partie est trop ancrée dans cette quête anti-vampires qui correspond mal aux personnages décrits en début de film)… Un point fort regrettable qui déstabilise totalement le bon travail qui avait été fait au début du film. On s'ennuie et c'est bien le comble pour une comédie horrifique…
Pour ce qui du casting, c'est également sur ce point que nous pouvons rester un peu sur notre faim. En effet, les personnages ne sont pas assez travaillés, notamment les deux personnages principaux si différents l'un de l'autre dont on aurait pu tirer les traits de caractère encore plus à l'extrême : toutes les ficelles sont bonnes à tirer quand on fait un film absurde de bout en bout comme celui-ci (quitte à aller dans le ridicule et le risible, autant y mettre les deux pieds et se lâcher franco!). Fletch est un gros lourdeau égoïste qui ne pense qu'à boire, se défoncer et parler cul : il aurait pu être encore plus odieux que ce que l'on nous présente là (ses réflexions portées sur le sexe restent très timides alors qu'il aurait pu se lâcher comme le faisait notamment Jonah Hill dans son rôle de Seth dans "supergrave" ou encore le tonitruant Seth Rogen, autre acolyte de Judd Apatow, dans "40 ans, toujours puceau" : des personnages qui se ressemblent énormément, tant bien par le physique que par la mentalité). Même chose pour Jimmy (que l'on apparente volontiers cette fois-ci à Evan, interprété par Michael Cera, dans "supergrave" toujours) qui est plus réservé que Fletch et cherche une relation stable : il est regrettable de ne pas avoir cherché à l'opposer un peu plus à son ami plutôt que de sèchement l'oublier dans certaines séquences pour mieux le faire revenir dans la deuxième partie du film…
Par contre, le casting féminin s'en tire mieux et colle parfaitement à ce genre de production. Les demoiselles qui nous sont présentées font très "barbie" : corps de rêve, nunuches sur les bords (sauf le personnage de Lotte sur lequel je reviendrai rapidement après), passant leur temps à ricaner comme des hyènes et à se trémousser sur le dance-floor fait maison… Du stéréotypage poussé à l'extrême que l'on apprécie ici (j'adore cette scène ridicule tournée au ralenti où nous apercevons une belle blonde élancée, la sucette à la bouche et vêtue d'une mini jupe nous offrant une jolie vue au moment où elle traverse une barrière : c'est puéril mais c'est tellement bête que c'en est marrant, cette image de la jeune fille innocente avec sa sucette et sa culotte de petite fille… RIRES!).
Enfin, finissons ce petit tour de la galerie des personnages par les deux derniers héros du film (après Jimmy et Fletch). Nous avons tout d'abord Lotte, la courageuse tueuse de vampires première de la classe. Encore une fois nous avons là un personnage bien stéréotypé qui nous fait penser immédiatement à Véra dans Scooby-Doo. Et nous avons comme dernier membre de la bande des héros un paroissien armé jusqu'aux dents (arbalète, épée…) qui n'hésite pas à partir chasser du vampire : un rôle là aussi qui aurait peut-être mérité un meilleur traitement (aller toujours plus dans l'absurde et le déjanté).
Pour ce qui est des effets spéciaux, là aussi nous aurions pu nous attendre à autre chose, disons quelque chose de plus sanglant (surtout quand on nous donne un titre comme celui-ci). Au programme donc : un arrachage de tête et un tranchage de crâne en deux dans le sens de la longueur (à coups de hache) principalement, le tout agrémenté de geysers de lait (du moins ça ressemble à du lait…) en guise de sang (pour garder cet esprit libre très kitch). Très peu de choses donc à se mettre sous la dent…
Les maquillages sont assez moyens même s'ils restent passables pour ce genre de production (les vampires ont le teint bleuté et les dents pointues, sinon rien de particulier).
Nous pouvons toutefois peut-être regretter le manque d'agressivité de nos vampirettes (mise à part celle se prenant la hache en plein crâne et tentant de se débattre) et le manque de confrontations entre nos créatures lesbiennes et nos purs hétéros courageux…
Pour ce qui est de la musique, là par contre nous avons quelque chose en parfaite cohérence avec l'esprit du film. Musique joyeuse, enfantile, parfois même à la limite du cartoon : ça se marie parfaitement à l'ambiance générale, ça dynamise certaines séquences (notamment encore et toujours la scène de la hache) et on en redemande!
Au final, ce "lesbian vampire killers" déçoit… Malgré un scénario bien décalé comme nous étions en droit de l'espérer à en croire le titre, le reste a du mal à suivre le chemin qui mène à l'absurde et au ridicule, thèmes privilégiés des scénaristes. Deuxième partie bâclée, personnages pas assez travaillés pour ce genre de production, peu d'effets spéciaux au final, scènes sanglantes quasi inexistantes… La liste des défauts et/ou déceptions est trop importante pour faire de ce film une pièce importante de la vague des comédies horrifiques britanniques de cette première décennie du 21ème siècle ("shaun of the dead", "severance", "bienvenue au cottage"…). Dommage car il y avait pourtant de la matière qui ne demandait qu'à être un peu plus développée…