Mexico Barbaro 2

México Barbaro II

Après le succès de la première anthologie d’horreur mexicaine Mexico Barbaro, en 2014, le cinéaste Lex Ortega récidive en rassemblant huit courts-métrages d’horreur dont les récits mêlent traditions et légendes du pays de Pancho Villa. Avec au programme : des histoires racontées par nos grands-mères, de la sorcellerie, une femme qui pleure, des succubes du diable, une femme défigurée, jusqu'à des rites sanglants et culinaires ancestraux. Alors régalez-vous !

MEXICO BARBARO 2 | MéXICO BARBARO II | 2017

L'AVIS :

« La leyenda de Juan Soldado » commence l’anthologie avec l’histoire d’un prisonnier dans le désert de Tijuana en 1938 qui clame son innocence auprès de ses ravisseurs le laissant là pour mort. Ce qu’ils apprennent ensuite c’est qu’il était bel et bien innocent, mais ce qu’ils ne savent pas c’est que l’endroit où a eu lieu le meurtre est relié aux Enfers ! Une fois le drame passé, ils vont se retrouver rapidement pris pour cible par une force malveillante et vengeresse…

C'était assez bien fait visuellement parlant, même si la tournure globale du segment paraissait familière. La vengeance était également trop clichée et utilisée beaucoup trop souvent. La séquence en Enfer était, en revanche, assez effrayante avec les personnages sataniques et le cornu qu’on connaît bien avec un travail de maquillage appréciable. La vengeance proprement dite sera finalement un bref intermède, mais la connexion historique de l'épilogue est assez bien vue, on débute donc moyennement mais sûrement !

Vient ensuite « Paidos phobos » (signifiant « pédophobie » étant la peur des enfants, il faut le savoir pour mieux comprendre le visionnage !), qui parle d'une femme vivant dans une grande demeure et dans la peur apparente de ce qui est enfermé dans la chambre à l'étage. La voix de l'autre côté de la porte la désigne comme « maman », mais si elle n'est qu'une enfant, pourquoi a-t-elle si peur d'elle ?

Ce segment suscite certes beaucoup d'interrogations et de tension, mais est très décevant au final. Faisant penser à une adaptation édulcorée de la légende de « la dame blanche » mélangée à celle de « La llorona » (« La pleureuse », un fantôme qui cherche ses enfants), il est cependant trop onirique pour constituer quelque chose d’intéressant, on en veut pour preuve les scènes avec la poupée qu’on fait semblant de noyer tout en la visualisant comme un jeune enfant, mais nous n'obtenons rien ici car le manque de dialogues se fait cruellement sentir. Un effort élégant peut-être, mais très peu engageant car comportant de trop nombreux défauts et d’ellipses insignifiantes.

C’est ensuite au tour de « Potzonalli » qui concentre sa trame sur une mère et ses trois enfants qui concoctent un mets traditionnel en attendant que le paternel rentre à la maison. Tout en se préparant à cette occasion spéciale, tous les membres de cette famille ressassent les abus passés de ce père violent…

Ce court est construit sur la revanche de cette épouse et de ses enfants pour faire payer au papa toutes ses transgressions. Lorsque le géniteur se présente, les spectateurs peuvent ainsi le voir comme il est vraiment : un porc ! Mais les membres de cette famille souillée ne se contenteront pas de se venger et de célébrer ! Ils se lanceront ainsi dans un déferlement de violences phénoménal rendant ce segment assez amusant même si parfois certaines scènes sont bien malsaines !

« Bolas de fuego » prend le relais sous la forme d’un found footage teinté de comédie horrifique. On peut ainsi y voir deux jeunes étudiants en cinéma désirant réaliser un film porno qui engagent un couple de femmes pour avoir une rencontre sexuelle avec elles pendant qu'ils enregistrent leurs ébats. Quand les deux gars se rendent compte que les filles ne sont pas ce qu'elles prétendent être, le tournage se transforme alors en une expérience beaucoup plus singulière…

Ce court faisait vraiment trop amateur pour véritablement séduire ! Le scénario ainsi que le jeu d’acteurs étaient déplorables ! Et ce n’est pas l’apparition de fenêtres contextuelles constantes sur tout l'écran qui allait arranger l’ensemble mais au contraire, ce qui laissera ainsi l’impression d’avoir assisté à une expérience quelque peu étrange et peu convaincante !

On poursuit avec « Vitriol » présentant une femme solitaire et morose semblant obsédée par son apparence physique qui vit quasiment recluse dans son appartement d'une manière qui ne laisse rien présager de bon. Prenant des mesures drastiques pour changer d’aspect, elle invite un homme à dîner autour d'un verre de vin. Quelles sont alors ses intentions ?

Il s'agissait là d’un des segments les plus intrigants du lot. La tension est créée sans un mot pour une grande partie du film accentuant parfaitement le traumatisme de la jeune femme. Quand elle s’infligera certains sévices et que tous les éléments de l’intrigue s’imbriqueront les uns aux autres, on commencera alors à comprendre peu à peu ses motivations. Pas mal, mais pas non plus extraordinaire !

On continue avec « No te duermas ». Troublé par d'étranges rêves, un jeune garçon qui fait tout le temps pipi au lit, dérange ses parents avec de bien étonnants rituels avant le coucher. De tels comportements lui viendraient de sa grand-mère lui ayant donné de graves avertissements à propos de tout : « Ne vas pas dormir assoiffé ! », « Une araignée rampera dans ton nez si tu ne nettoies pas ta chambre ! », etc. Son père lui assure alors que la grand-mère est une menteuse, mais peut-être qu'elle ne l'est pas tant que ça…

Le seul intérêt de ce court réside dans le fait qu’il se concentre sur une partie du folklore mexicain et c’est à peu près tout, car même si on peut avoir peur pour ce jeune garçon, ça sent le déjà-vu à pleins naseaux et pire encore, la fin complétement ratée, viendra annihiler le peu d’efforts entrevus avant pour intéresser le spectateur a minima !

On glisse alors vers « Ya es hora » narrant les aventures de jeunes collégiennes qui parce qu’elles ont été rejetées par une camarade de classe, se lancent dans un rituel occulte visant à la détruire elle et ses adulatrices.

Ce court constituait vraiment une petite histoire de vengeance amusante. En effet, qui n’a jamais rêvé de voir exploser d’affreuses gamines ou encore de les voir fondre !? Les enfants sont vraiment horribles entre eux et on en aura encore ici la preuve même si apportée surnaturellement ! C’est certes prévisible tant côté rituel que côté sort réservé à certaines, mais c’était bien jouissif ! Un petit plaisir coupable en somme magnifié par des effets de maquillage tout à fait phénoménaux utilisés pour présenter chacun des tourments horribles !

On parachèvera Mexico Barbaro 2 par « Exodoncia » (« extraction » dans la langue de Cervantes), racontant l’histoire d’une jeune femme dépendante à l’héroïne lui permettant d’échapper à ses démons et qui s’inflige alors d’atroces mutilations.

Parabole sur la toxicomanie, ce segment vient conclure de façon violente ce film à sketchs horrifiques. C’est vraiment cauchemardesque par moments avec cette espèce de démon en bas résilles qui semble commander les sévices que la femme s’inflige en échange de sa dose quotidienne ! Ça peut paraître économique, mais c’est redoutablement efficace et sombre, mais c’est assez peu étonnant si on en juge la filmographie de Lex Ortega, le réalisateur, spécialiste du genre (l’effroyable "Atroz" et un court de "Mexico Barbaro") !

Moins bon que son prédécesseur, cet opus contient certes de bons récits, mais aussi de très mauvais. Malheureusement pour lui, il ne présentera pas d’histoire sortant véritablement du lot car même les meilleures sont certes sympathiques, mais pas transcendantes ! La faute également à un traitement inégal des légendes par les différents metteurs en scène mais aussi à certains éléments du folklore mexicain peu attractifs ! Correctif apporté dans le troisième volet ?

LA BANDE-ANNONCE :

MEXICO BARBARO 2 | MéXICO BARBARO II | 2017
MEXICO BARBARO 2 | MéXICO BARBARO II | 2017
MEXICO BARBARO 2 | MéXICO BARBARO II | 2017
Note
3
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Vincent Duménil