Norwegian ninja

Norwegian ninja

1984. Nous voici en Norvège, en pleine Guerre Froide. Pour protéger sa neutralité, ce petit royaume d’Europe du Nord a engagé une troupe d’élite s’entraînant selon les principes Ninjas. Le commandant de cette troupe, Arne Treholt, agit sous l’autorité directe du roi Olav V et doit faire face à des réseaux de surveillance ayant pour rôle de prévenir d’une possible invasion de l’Europe par l’Union Soviétique. A la tête de l’un de ces réseaux, un certain Otto Meyer, en véritable facho, s’apprête en effet à créer le désordre en faisant croire à une attaque soviétique et à une complicité entre Treholt et les russes.

NORWEGIAN NINJA | NORWEGIAN NINJA | 2010

"Norwegian ninja" : voilà bien un film difficile à appréhender! Présenté lors du 19ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, ce petit produit made in Norvège semblait arriver de nulle part et attisa la curiosité des festivaliers.
De ce film pourtant, la plupart repartiront déçus… La faute probablement à un manque de connaissances sur l’Histoire de ce pays scandinave d’une part mais également en raison de quelques soucis indéniables dans la narration et la mise en scène d’autre part.

En effet, pour profiter pleinement du premier film de Thomas Cappelen Malling, il est indispensable de s’être au préalable documenté un minimum sur l’Histoire de la Norvège et plus particulièrement lors de la Guerre Froide. Car le scénario est basé sur un fait réel, un fait historique pourrait-on dire à partir duquel notre réalisateur-scénariste a imaginé une toute autre histoire, inversant les rôles et remaniant les divers évènements à sa sauce pour faire de son film une caricature de l’Histoire norvégienne.

"Norwegian ninja" revient donc sur un personnage bien connu du peuple norvégien : Arne Treholt. Ancien politicien membre du parti travailliste et ancien diplomate norvégien, notre brave homme fut condamné en 1984 à 20 ans de prison pour trahison et espionnage au profit de l’Union Soviétique et de l’Irak durant la Guerre Froide. Sauf que dans le film de Thomas Cappelen Malling, Arne Treholt n’est pas dans la peau du traître mais au contraire dans celle du commandant d’une troupe de ninjas surentraînés qui agissent sous les ordres du roi et luttent contre les fascistes désireux de troubler la tranquillité et la neutralité du pays.

Un projet plutôt audacieux donc mais qui malheureusement peinera probablement à trouver son public au-delà des frontières norvégiennes. Le film est en effet porteur de nombreuses références liées à la véritable vie d’Arne Treholt ou à la vie en Norvège durant cette période si spéciale qu’était la Guerre Froide.

On rigole cependant dans la première partie du film, devant des scènes totalement décalées, sans queue ni tête, tout en prenant un malin plaisir à se moquer gentiment des décors, des habits ou autres accessoires propres aux années 80 (lunettes, ordinateurs, flashs infos…) et parfois volontairement exagérés pour rendre le tout toujours plus risible, mais il faut bien reconnaître que plus on avance dans notre histoire et moins on s’amuse. Les flous scénaristiques, dus à une méconnaissance de l’Histoire norvégienne, auxquels on ajoute des gags parfois lourds et ras les pâquerettes font rapidement pencher la balance hédonique du côté obscur.

Passée la première partie où l’on nous présente le camp ninja dans toute sa splendeur avec ses membres (titulaires ninjas et stagiaires), ses activités (nous aurons même droit à une course d’orientation, véritable épreuve pour devenir un ninja titulaire, qui accumule les idioties en tous genres : les rivaux volent, planent, disparaissent et réapparaissent pour finalement finir par se mettre sur la figure en haut d’une colline, l’un se retrouvant alors en sous-vêtement on ne sait trop pourquoi) et leurs missions (qui pour l’heure demeurent encore secrètes), on commence à légèrement somnoler durant la seconde partie du film.

En effet, malgré une idée de base prometteuse sur le papier et pouvant offrir une caricature des plus agréables et des plus drôles sur la politique, la vie sociale, l’armée ou encore la royauté en Norvège (pour finalement donner un film mêlant action et drôleries à l’image des "hot shots!"), on se rend malheureusement assez vite compte que les gags ne sont pas suffisamment à la hauteur de nos attentes, que la réalisation est trop brouillonne, que le rythme n’est pas suffisamment accrocheur (bien que le film ne dure que 1h15 environ, on s’ennuie ferme parfois) et que nous avons finalement là un produit qui se rapproche bien plus du nanar que de la bonne petite production à la "y’a-t-il un pilote dans l’avion?" que nous espérions peut-être avec une petite pincée de fantastique en plus…

Le casting est d’ailleurs peut-être l’un des facteurs qui fait que l’on ait du mal à adhérer à cette comédie mêlant action et fantastique. En effet, alors que l’histoire ne tient que sur des idioties, des remaniements (parfois intelligents, soulignons-le toutefois) de la réalité historique, beaucoup de personnages demeurent au contraire bien trop sérieux, pas assez décalés (il manque une sorte de Leslie Nielsen ou de Lloyd Bridges dirons-nous). Un décalage entre la plupart des personnages et l’esprit loufoque qui se remarque assez rapidement.

Mais ne boudons cependant pas la galerie des personnages en intégralité pour autant car celle-ci présente toutefois quelques rôles plutôt réussis : le bon roi Olav V (une bien sympathique caricature de la royauté quand on le voit en short et grandes chaussettes) ou encore le facho Otto Meyer (le diffuseur de fausses infos, prêt à tout pour monter les communautés les unes contre les autres, et que l’on voit, soit dit en passant, en pleine décontraction dans un pub pigallien à fesser une danseuse dénudée, autre facette de ce bonhomme qui fait figure ici de « grand méchant ») en sont de très bons exemples. Et n’oublions pas certaines conversations sans queue ni tête délirantes autour du feu dans le camp ninja…

Comme on pouvait s’y attendre, et ce n’est pas un défaut en soi car cela demeure dans la marque de fabrique de ce type de films et rajoute un certain degré d’amateurisme amusant, les effets spéciaux sont ultra cheaps (maquettes, couleurs craignos…) et kitchs. Entre explosions à deux balles, disparitions/réapparitions de ninjas dans des petits nuages de fumées ridicules et autres perles dans les effets visuels une trappe sous terre où s’enfoncent des véhicules mais dont le trucage est ultra visible et risible au possible!), on ne peut que sourire (rigoler serait un trop grand mot) devant tant d’imperfections nous rappelant que nous avons là un nanar parfaitement assumé.

Au vu des idées de base alléchantes sur le papier, ce "norwegian ninja" aurait pu être bien plus percutant. Dommage que le film devienne si rapidement confus (pour ne pas dire presque pénible), perde énormément en rythme au bout d’une trentaine de minutes et nous offre des gags de plus en plus lourds (parfois répétitifs ou tout simplement mauvais) au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire. Le grain de l’image n’aide pas non plus à apprécier pleinement le film il faut également le souligner…
L’année suivante au Festival de Gérardmer, un autre film me fera ce même effet de « gâchis » : "iron sky"

NORWEGIAN NINJA | NORWEGIAN NINJA | 2010
NORWEGIAN NINJA | NORWEGIAN NINJA | 2010
NORWEGIAN NINJA | NORWEGIAN NINJA | 2010
Note
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David Maurice