Retour du vampire - le
El ataud del vampiro
Le docteur Marion, aidé par Baraza, un voleur de cadavres, profane la tombe du sinistre vampire Duval et ramène le cercueil dans son hôpital afin de se livrer à des expériences. Il en informe son ami le docteur Enrique qui n'en croit pas ses yeux. Son inquiétude est surtout provoquée par le fait que Marta, qui avait été la proie du vampire quelques temps auparavant, se trouve parmi ses patientes. Pendant la nuit, Baraza, qui a repéré un somptueux pendentif au cou du vampire, s'introduit dans l'hôpital afin de le dérober. Pour se faire, il est obligé de retirer le pieu de bois qui était planté dans le coeur du Comte Duval. Celui-ci revient alors à la vie et entend bien se venger de ceux qui avaient mis fin à ses jours…
Comblés par le succès du film "les proies du vampire", le producteur/acteur Abel Salazar et son réalisateur Fernando Mendez décident de réaliser une suite. Une mise en chantier très rapide puisque "Le retour du Vampire" sort juste un an après le premier film, en 1958, année propice pour les suceurs de sang puisqu'en Grande Bretagne, la Hammer Films lâche sur les écrans le génial "le cauchemar de Dracula" de Terence Fisher.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve au générique de cette séquelle de nombreux noms présents dans le premier film. Le réalisateur Fernando Mendez reprend du service, tout comme Abel Salazar au poste de producteur mais aussi d'acteur puisqu'il retrouve son personnage du sympathique et rigolo docteur Enrique. La jolie Ariadna Welter est également de la partie, toujours sous les traits de la douce et sensible Marta, soignée dans l'hôpital où travaille son ami Enrique à cause de fréquents cauchemars, dus à sa mésaventure passée avec le Comte Duval. Dans le rôle du vampire, c'est bien sûr German Robles que l'on retrouve, il n'aurait pu en être autrement, le succès de "El Vampiro" ayant principalement reposé sur ses épaules et sur son interprétation. La tante de Marta, Maria Térésa, est également présente, encore une fois incarnée par l'actrice Alicia Montoya. En ce qui concerne la partition musicale, elle est à nouveau composée par Gustavo César Carrion. Bref, beaucoup de personnes en commun sur les deux métrages, ce qui devrait assurer une bonne continuité et un maintient de la qualité. C'est d'ailleurs le cas, même si les deux films sont très différents.
En effet, si le film "les proies du vampire" donnait dans le gothisme et le classique, tout en étant fort bien réalisé et de surcroît très intéressant, on pouvait lui reprocher une certaine lenteur et un petit manque d'action. "Le retour du vampire" est à ce niveau beaucoup plus nerveux, mais il perd par contre en ambiance ce qu'il gagne en action. Point de décor désertique, de brouillard, de passages secrets ici. Le film est beaucoup plus contemporain en ce qui concerne les lieux de l'action : les couloirs d'un hôpital, un musée de cire, un théâtre. Rien à voir donc avec l'hacienda abandonnée du film de 57, qui participait plus à créer une ambiance propre aux films d'épouvante. Ce qui n'empêche pas cet "Ataud del vampiro" d'être également un très bon film mais qui joue sur un autre registre.
Bien que l'introduction du film se passe dans l'hacienda, celui-ci prend une toute autre direction une fois le cercueil du Comte Duval ramené à l'hôpital. De petites touches humoristiques viennent nous faire sourire avec le personnage d'Enrique, toujours aussi peu courageux. L'apparition de Baraza, acteur à la tête très "karloffienne", s'introduisant en cachette près du cercueil, nous met de suite la puce à l'oreille sur la suite des événements. On sait qu'il veut le pendentif du Comte et on se doute qu'il va lui falloir retirer le pieu enfoncé dans le coeur de ce dernier pour récupérer le bijou, entraînant la résurrection du vampire. Rien de bien nouveau donc pour les amateurs, mais le tout est filmé et joué avec conviction, et le plaisir de revoir German Robles vivant, vêtu de sa cape noire, nous gagne. Petite innovation, c'est avec ce pendentif que le vampire hypnotise ses victimes, procédé absent du premier film. L'aspect "comédie" est également plus mis en avant ici, notamment lorsque Enrique veut convaincre son directeur de la présence d'un vampire dans l'hôpital. Du comique de situation, qui est très bien utilisé.
La suite du film nous fait passer dans différents lieux. Des couloirs de l'hôpital, on se retrouve dans un musée de cire présentant divers instruments de torture, comme la guillotine, la corde ou la fameuse Vierge de Nuremberg. Les scènes se déroulant dans ce cadre sont excellentes car elles donnent beaucoup de rythme au film et laissent pas mal de possibilités au réalisateur pour jouer avec ses acteurs.
On notera également une nette progression dans les effets spéciaux consacrés au Comte Duval. Les transformations en chauve-souris sont bien plus fluides, même si on peut distinguer la ficelle faisant voler l'animal de plastique. Pour les gros plans, on a recours cette fois à des images de la tête d'une vraie chauve-souris. Idem pour les disparitions/apparitions du vampire, notamment lorsque celui-ci traverse des portes ou des murs, elles sont bien mieux insérées à l'action.
L'une de mes scènes préférées est sans conteste celle où notre vampire poursuit une jeune danseuse dans des ruelles sombres. Il y a là tout un côté expressionniste bienvenu, avec un jeu d'ombre se reflétant sur les murs, et qui crée une certaine fantasmagorie à l'écran.
Le final, se déroulant dans un théâtre, où Marta est employée comme danseuse, est très dynamique, avec course poursuite sur les échafauds du théâtre, comme dans les bons films de gangsters des années 50. Retour au musée de cire pour un affrontement Enrique/Comte Duval bien amené lui aussi.
Bref, "le retour du vampire" est une bonne suite, inférieure au premier film en terme d'ambiance gothique et d'épouvante, mais nettement plus enjouée et rythmée. Des situations cocasses, du suspense, un German Robles encore une fois très à l'aise dans son rôle, des décors bien utilisés, font de ce film un spectacle fort honorable, distrayant, et de qualité.
* Disponible en dvd chez Bach Films :
http://www.bachfilms.com