Affiche française
SEVERANCE | SEVERANCE | 2006
Affiche originale
SEVERANCE | SEVERANCE | 2006
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Severance

Severance

Sept membres d'une société multinationale d'armement partent en séminaire dans un pays d'Europe de l'Est indéterminé pour, entre autres activités champêtres, s'adonner à la pratique du paint-ball. Cette promenade supposée être de santé, est organisée par leur entreprise "Palisade Defense" dans le but de renforcer les liens entre collègues et consolider l'esprit d'équipe, c'est ce qu'on appelle le "team building". Seulement voilà, à cause d'une route barrée, les salariés se voient lâchés en pleine nature par le chauffeur du bus en charge de les amener à bon port. Et c'est là que les ennuis vont commencer. Nos employés de bureau ne sont pas seuls dans la forêt. Des soldats d'élite dégénérés ont, en effet, investi les lieux et semblent prêts à ne laisser aucun survivant. Qui sortira alors indemne de ce cauchemar rural et sera élu employé du mois ?

SEVERANCE | SEVERANCE | 2006

Il est assez étrange ou alors c'est une super coïncidence, de remarquer que ces derniers temps, pas mal de films sur le monde du travail et la lutte du pouvoir au sein des entreprises sont sortis dans nos salles. On a ainsi pu voir le mois dernier "Fair play" avec le très bon Benoît Magimel pour la France et "La méthode" avec le ténébreux Eduardo Noriega, pour l'Espagne. C'était donc à la Grande-Bretagne de s'y coller. Et c'est chose faite avec ce petit film qui se laisse regarder avant tout pour ce qu'il est : un pur divertissement.

Sorte de croisement hybride entre "Shaun of the dead" (pour l'humour), "Hostel" (pour le décorum en pays slave et certaines scènes de torture) et "Détour mortel" (pour le côté survival rural), le dernier avatar de Christopher Smith, encore une bleusaille dans le sérail du film horrifique, qui débarquait il y a peu avec "Creep", reprise musclée du "Métro de la mort" de 1972, respecte convenablement le cahier des charges inhérent aux films de genre dernier cri. En effet, on retrouve ça et là de bons gags qui vous décrochent les mâchoires, de sympathiques scènes gore et enfin, tout un tas de références à la jeunesse d'aujourd'hui, comme les joints, les ecstasy et les filles de joie aux gros seins louées sur le Net. Et oui, tous des drogués et des vicelards ces "Djeuns" !

Dès le début, où le premier meurtre apparent est en total désaccord avec la musique (sorte de pop / country des familles) l'ambiance est donnée : ce sera un bon film qui tâche avec blagues à gogo. Par la suite, après une première partie assez longuette où les protagonistes principaux sont dépeints un à un, Smith passe enfin à la vitesse supérieure en nous faisant assister à un véritable jeu de massacre parsemé de scènes hilarantes et ce jusqu'au final, pastiche d'un célèbre film avec l'ami Sylvester…

Malgré les genres dont on a pu l'affubler (comédie noire horrifique, slasher, etc.) Severance, est avant tout un survival bien burné mâtiné de scènes d'humour irrésistibles à l'instar de "Shaun of the dead" lequel a semble-t-il favorisé l'émergence de métrages à faible budget d'excellente qualité en provenance du vieux continent.

Severance balance sans cesse entre horreur et comédie, si bien que ce savant mélange auquel on n'est pas tant habitué que cela peut détonner. En effet, entre deux scénettes à fort suspense et aux effets sanguinolents fournis, on peut voir une scène hyper drôle à vous pisser dessus. En clair, c'est un peu comme les montagnes russes : la montée ça va à peu près mais quand ça s'enchaîne à vive allure avec des descentes escarpées, ça devient vite haletant. Et bien là, c'est pareil !

Ce qui est déroutant par rapport à ça, c'est que par moments, on ne sait si l'on doit rire ou pas (la partie avec le piège à loup en est la parfaite illustration), ce qui est, avouons-le, très gênant. Ainsi, on peut se poser la question suivante : est-on malsain ou normal ? Ce côté voyeur complaisant est donc très bien trouvé et exploité suffisamment pour nous faire douter.

Autre élément intéressant à mettre au crédit des scénaristes, c'est la critique antimilitariste latente dans le film car les mercenaires utilisent pour chasser nos employés de bureau, les propres armes de la compagnie qu'ils sont partis représenter en Europe de l'Est ! Avouez que comme message sous-jacent à connotation politique, c'est plutôt bien vu !

Mais le point fort du film qui malgré un scénario des plus ténus et un faible budget tient la route, c'est son casting de choix. Effectivement, d'une part les personnages choisis sont divers et pas trop caricaturaux, alors que d'autre part, l'interprétation est parfois brillantissime. Aussi, Danny Dyer, le personnage principal, gros fumeur de joints et obsédé sexuel est certes stéréotypé, mais est impeccable dans son rôle d'amuseur et certaines de ses répliques font très souvent mouche. Laura Harris est superbe en femme d'action tandis que Toby Stephens (excellent dans le rôle du cynique), Andy Nyman (magnifique fayot et maladroit en puissance) et Tim McInnerny (campant parfaitement le boss en fin de parcours) viennent compléter le reste de la galerie des personnages aussi hétéroclites que différents quant à leurs réactions face aux événements subis. Quant aux méchants, ils ne parlent jamais et sont juste là pour tuer, point final. Pas la peine d'en dire plus si ce n'est qu'ils sont méga sadiques et adeptes de la torture.

Par ailleurs, si on voulait encore ajouter du positif au dernier opus de Smith, on pourrait mettre en avant les scènes de meurtres très diversifiées. Encore mieux : il y a des assassinats tous azimuts perpétrés avec un arsenal hyper étoffé comme la mitraillette, le fusil, le couteau à la Rambo, la mine anti-personnelle et le lance-flammes, tous utilisés par nos tueurs de la forêt quasi muets pour décimer nos employés de bureau modèles.

Ainsi, le titre, qui signifie licenciement en anglais, sied donc parfaitement au métrage puisque s'ils ne participent pas à ce séminaire, les employés de "Palisade defense" seront probablement virés de leurs jobs ! A moins que ce ne soit une habile juxtaposition de "sever", sectionner dans la langue de Shakespeare et de "Délivrance" en abrégé, roi des survivals ruraux, qui sait ?

Pour conclure, si vous recherchez un film d'horreur inhabituel, je vous recommande fortement celui-ci. Certes, on a le sentiment de temps à autre d'avoir déjà vu certains artifices empruntés ailleurs, mais on parlera ici, plus d'un hommage que d'un réel plagiat. Ce qui importe avant tout c'est le côté rafraîchissant du film : c'est hilarant par moments (cf. la scène ahurissante du missile), flippant juste comme il faut (pas mal hein les petits gimmicks avant l'ouverture de certaines portes !) et les séquences gore sont vraiment bien foutues (ah, piège à loup, quand tu nous tiens !). C'est sans compter également sur un casting choc qui en fait, en plus des qualités énumérées ci avant, une belle surprise à découvrir.

SEVERANCE | SEVERANCE | 2006
SEVERANCE | SEVERANCE | 2006
SEVERANCE | SEVERANCE | 2006

* site officiel du film :
http://www.severance-lefilm.com

Note
4
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Vincent Duménil