Snuff

Snuff

Un gourou, qui se fait appeler "Satan", domine plusieurs femmes qui lui sont entièrement dévouées, et fait subir un rite de passage à sa dernière recrue, Anjelica. Celle-ci doit rester en contact avec le fils d'un milliardaire, Horst, vivant dans une splendide villa, et qui va recevoir la visite d'une actrice, Terry London, avec qui il a déjà eu une liaison. Le but étant de savoir si l'actrice est enceinte, afin d'offrir le nouveau-né en sacrifice…

SNUFF | SNUFF | 1976

"On a dit de ce film qu'aucun producteur n'aurait pu le produire, qu'aucun distributeur le distribuer et aucun public le regarder… Aucune violence pareille n'avait jamais été filmée auparavant et avant d'être interdit définitivement aux USA, certains projectionnistes de cinéma ont fuit leur cabine… Filmé en Amérique du Sud et à New York, la légende qui accompagne ce long métrage laisse planer un doute : des hommes sont réellement morts pendant le tournage ! Mais, après tout, est-ce possible ??!!"
"Le film que vous n'oserez JAMAIS voir jusqu'au bout !"
"Un dernier quart d'heure à vous couper le souffle !"
"The film they said could NEVER be shown…"
"The film that could only be made in South America…where life is cheap!"

Si ça ce n'est pas de l'accroche publicitaire !! Voici donc le film de tous les excès, dont le célèbre "le film que vous n'oserez jamais voir jusqu'au bout" a alimenté mes fantasmes d'adolescents accros aux films d'horreur. Que pouvait donc bien montrer ce film qui soit si horrible que même un rédacteur de la défunte revue "Vidéo 7" avait dit de son collègue, qui l'avait visionné, qu'il ne s'en était pas remis !!??

La genèse de "Snuff" se doit d'être décrite pour bien comprendre les mécanismes qui ont amené ce film à devenir l'un des plus controversés de l'histoire du cinéma. De nombreuses versions ayant circulé sur cette genèse, je me suis alors tourné vers Jean-Claude Michel, éminent spécialiste du cinéma fantastique, pour avoir plus d'amples renseignements : le film a donc été réalisé en 1970 par Michael Findlay, avec l'aide d'un co-réalisateur argentin, Horacio Fredricksson. Le tournage s'est déroulé à Buenos Aires et dans ses environs. Le titre prévu pour l'Argentine était "El angel de la Muerte" et pour les USA : "The Slaughter". Un certain Carter Stevens, voyant une opportunité avec ce film, rajouta une séquence de meurtre à la fin du métrage en jouant sur son caractère "réel". Le film sortit alors en 1976 sous l'anonymat le plus total concernant les crédits sous le titre "Snuff". La controverse concernant cette fameuse séquence finale prit une ampleur soudaine et de nombreuses plaintes ont suivi contre le film, qui fut alors interdit dans de nombreux pays. On peut dire que la légende des "snuff movies" est née avec ce film de Michael Findlay.

Ce qui a également joué avec la controverse est bien sûr le scénario même du film. Je pense que vous avez tous pensé à la tragédie survenue à la femme du réalisateur Roman Polanski en lisant le résumé. En effet, les similitudes entre ce film et l'affaire Charles Manson sautent aux yeux. Le personnage de l'actrice Terry London peut être vu comme Sharon Tate, le gourou Satan et son gang comme Charles Manson et sa "famille". Villa luxueuse, femme enceinte, gourou d'une secte, membres de cette secte commettant les meurtres, tout concorde avec cette triste journée du 8 août 1969, où cinq personnes furent massacrées par la Famille, dont l'actrice Sharon Tate ("Le bal des vampires"), enceinte de 8 mois.

Venons-en au film lui-même. C'est un pur film d'exploitation comme on en produisait à la pelle dans les années 60/70, avec des réalisateurs comme Herschell Gordon Lewis, Al Adamson, Doris Wishman, Ted V. Mikels, Russ Meyer, Robert Lee Frost, Harry Novak et d'autres encore, dont le fameux duo Michael et Roberta Findlay…
Ce couple de réalisateurs/producteurs a réalisé de nombreux "sexploitations" dans les années 60, avec des films comme "The touch of her flesh", "Take me naked", "The kiss of her flesh", ainsi que des films d'horreurs à très faible budget, comme "Shriek of the Mutilated" et "Snuff" justement. Pour l'anecdote, Michael Findlay a trouvé la mort en 1977, décapité par une pale d'hélicoptère. Roberta a continué de réaliser des films, on lui doit "Blood sisters", "The oracle", "Game of survival" par exemple…

Petit budget donc pour ce film, qui n'est pas vraiment fameux. Acteurs de second plan, interprétations de faible qualité, érotisme soft et quelques meurtres qui ne feront pas faire de cauchemars à vos enfants. Les films des Findlay ont souvent cette réputation d'être de mauvais films, ce n'est pas "Snuff" qui viendra démentir cette rumeur, la version française de la VHS éditée par VIP n'aidant pas à relever le niveau. Le gourou de la secte fait une interprétation assez théâtrale, qui en devient vite ridicule. Le principal attrait vient du gang dévoué au gourou. Composé de jolies jeunes filles, qui ne reculent devant aucune exaction, que ce soit le meurtre, la torture ou le sexe, ce sont elles qui pimentent le film et lui donnent du relief. On notera la beauté de deux actrices en particulier : Margarita Amuchastegui, qui joue le rôle d'Anjelica et qui a des yeux à tomber ; Mirtha Massa, qui joue le rôle de Terry London. Un côté charme pas désagréable du tout. Le film nous fait donc suivre les journées de ces demoiselles, accros à la drogue, dangereuses, véritables meurtrières en puissance, tout en se focalisant également sur l'arrivée de Terry London, actrice venue tourner dans un film érotique et qui retrouve son ancien amant, Horst, fils de milliardaire. Les scènes s'enchaînent sans grande passion, nous entraînant dans un ennui qui ne s'estompe pas au fur et à mesure de la progression. Les meurtres qui vont avoir lieu dans la villa relancent l'intérêt et nous arrachent de notre torpeur, même s'ils s'avèrent assez légers en termes de violence. Mais le gang féminin donne de l'énergie à l'ensemble et cela se ressent. Une équipée sauvage à la manière du gang féminin du célèbre "Faster pussycat, kill, kill" en quelque sorte. Mais on est quand même loin du niveau de qualité du film précité !

Vient donc cette fameuse séquence ajoutée, source de scandale. L'idée en soi n'est pas mauvaise, puisqu'on se retrouve, pendant une scène de meurtre avec deux filles du gang, avec la soit-disant équipe technique du film, qui était donc en train de filmer la scène. Bon, pour rajouter à la crédibilité, il aurait fallu habiller l'actrice censée être le personnage du film, avec les mêmes vêtements. Passons ce détail…
Le pseudo réalisateur ayant terminé la scène, il félicite l'une des filles avant de lui proposer de faire l'amour avec lui, en dehors des caméras. L'actrice, peu disposée au départ, se laisse convaincre et se retrouve donc sur un lit avec le réalisateur. Tout à coup, les caméramans se saisissent de leurs instruments de travail et se mettent à les filmer. Surprise, la jeune fille commence à se débattre, déclenchant la folie du garçon, qui hurle à l'équipe de venir l'aider et à ne surtout pas arrêter de filmer. S'ensuit alors ce qui est censé être une séquence "snuff", réelle, filmée sans trucage, et sur laquelle s'est basée la controverse. Découpage de doigt à la pince coupante, tronçonnage de la main à la scie sauteuse, éventration au couteau, main plongeant dans le ventre de la malheureuse pour lui extirper les viscères sous des hurlements hystériques… Fin. Le film vient de se conclure de manière particulièrement abrupte, laissant le spectateur perplexe devant ce qu'il vient de voir. Une seconde vision nous fera vite découvrir la supercherie, néanmoins, on peut dire que cette scène a été efficace un court instant.

"Snuff", malgré sa réputation sulfureuse, n'est au final qu'un film de qualité plus que moyenne, qui se regarde aussi vite qu'il s'oublie. Beaucoup de tapage pour pas grand chose en fait. Reste de jolies actrices, un scénario plutôt glauque compte tenu des faits s'étant déroulés en 1969, quelques scènes intéressantes avec le gang féminin. C'est peu mais c'est toujours mieux que certains autres films que j'ai vus récemment…

SNUFF | SNUFF | 1976
SNUFF | SNUFF | 1976
SNUFF | SNUFF | 1976
Note
2
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Stéphane Erbisti