V/H/S 94

V/H/S/94

Après la découverte d’une mystérieuse VHS datant de 1994, une équipe du S.W.A.T. lance un raid dans un entrepôt délabré. L’endroit s’avère être le repaire d’un culte sinistre, dont la collection de cassettes révèle une conspiration cauchemardesque et tentaculaire. Alors que l'équipe explore le bâtiment de fond en comble, les téléspectateurs ont le droit à plusieurs histoires, celles des séquences diffusées sur les nombreux écrans de télévision de la secte…

V/H/S 94 | V/H/S/94 | 2021

Après deux bons chapitres ("V/H/S" en 2012 et "V/H/S/2" en 2013) et un troisième un peu en deçà ("V/H/S Viral" en 2014), la populaire franchise de found footage nous ayant fait découvrir le talent de certains réalisateurs (notamment Nacho Villalonga et surtout Timo Tjahjanto), est de retour avec V/H/S/94. Après un revival des années 80 lancé à la télévision par "Strangers things" et au cinéma par "Ready player one", on ne peut que se réjouir du retour de l’esthétique des années 90 en vogue ces derniers temps (voir la franchise Fear Street ou encore "Malignant") et justement perceptible ici dans ce film omnibus dont les rushs sont issus de cassettes de caméscopes et visibles sur magnétoscopes, de quoi raviver des souvenirs à certains fans nostalgiques des vidéoclubs !

Vous l’aurez aisément compris à la lecture du synopsis : les premières images qui nous font suivre une équipe de la S.W.A.T. en pleine descente dans un bâtiment désaffecté, constitueront celles du segment fil directeur liant tous les autres. Conçu par Jennifer Reeder et intitulé Holy Hell (« Juste ciel »), il nous fera suivre, avant chaque histoire, la journée de cette équipe de terrain qui découvrira du sang, des morceaux de corps, des victimes, mais surtout une série d’écrans cathodiques par lesquels nous visionnerons alors le contenu d’inquiétantes VHS.

C’est ainsi à Storm drain (« collecteur d’eaux fluviales », autrement dit « égout » dans la langue de Shakespeare !) d’ouvrir le bal des horreurs. Dans ce court de la scénariste/réalisatrice Chloe Okuno, on y suit la journaliste de « Channel 6 » Holly Marciano et son caméraman Jeff qui enquêtent sur l'histoire de l'homme-rat, une créature étrange, mi-homme, mi-rat, qui est signalé comme vivant dans les égouts.

Cette histoire d’enquête caméra à l’épaule sur une légende urbaine sise dans des canalisations lugubres était vraiment sympathique car offrant quelques frayeurs raisonnables et un certain suspense relativement décent. Mais c’est surtout la dernière scène (rappelant un peu le final de "Hurlements" pour les connaisseurs) qui sera ce dont les gens se souviendront le plus car c’est une récompense gore formidable et donnera le ton pour le reste du film...

La deuxième histoire The empty wake (« Sillage vide »), écrite et réalisée par Simon Barrett (le segment Tape 49 dans "V/H/S/2") voit une jeune femme, Hayley, laissée seule un soir de tempête dans un salon funéraire pour mener une veillée funèbre et devant la filmer à la demande de la famille du défunt. En attendant des visiteurs qui n'arrivent jamais, elle entend des bruits semblant provenir du cercueil et téléphone alors à un collègue pour lui demander conseil. Ce dernier la rassure en lui disant que ce sont probablement des gaz dans le corps du cadavre qui produisent des sons et que de toute manière celui-ci a eu un accident, qu’il est bien mort et qu’on a eu du mal à recoller les morceaux pour le rendre présentable. Toutefois, après un grand coup de tonnerre et une panne d’éclairage, la lumière revient, mais le cercueil est ouvert et surtout vide…

Bien sûr, le collègue en question aura tout faux et même si le found footage est ici un prétexte (Hayley s’emparant elle-même de la caméra pour s’éclairer et du coup changer l’angle de vue), l’ambiance est au rendez-vous et la tension est bien palpable lorsqu’on découvre le contenu dudit cercueil. Ce sera bien gore comme on aime et anxiogène au possible, mais la toute fin un peu confuse pourra en laisser plus d’un sur le carreau.

Le court numéro trois The Subject (« Le sujet »), est l’œuvre de Timo Tjahjanto, un réalisateur indonésien qui nous avait beaucoup impressionnés sur "V/H/S/2" avec son formidable Safe Haven. Encore une fois, son segment sera le meilleur de ce long-métrage. Ici, le cinéaste combinera action, horreur et cyberpunk avec cette histoire d'une unité de police d'élite qui fait irruption dans le laboratoire d’un scientifique fou, le docteur James Suhendra, qui a enlevé des gens et les a transformés en cyborgs dont certains sont encore dans le labo...

Comme à son habitude, Tjahjanto orchestre de violentes mises à mort assez créatives dans son court ultra dynamique qui vaut à lui seul le visionnement de V/H/S/94. Les éclaboussures et autres effusions sanguinolentes commencent alors que le docteur Suhendra opère un homme et une femme en leur ôtant des parties du cerveau ainsi que des membres en les couplant avec des pièces détachées mécanisées. De fait, le sujet masculin est équipé d'une lame géante alors que le féminin, qu’on ne verra jamais hormis fugacement dans un miroir, est muni d’une caméra à la place de la tête filmant ainsi tout ce carnage et d’un accessoire de taille : une mitrailleuse lance-grenades ! Découpages, fusillades, explosions, coups de poing, j’en passe et des meilleurs, mais on en aura pour notre argent avec ce généreux spectacle et cela rappellera également les plus belles heures de "Tetsuo" avec ce mélange mi organique, mi robotique ! Et même si l’histoire est somme toute banale, que c’est jouissif de voir un tel étalage de violences en tous genres !

Ryan Prows clôturera ce bal de l’épouvante avec Terror (« Terreur »), un segment dont l’intrigue est centrée sur les activités d'un groupe d'extrémistes armés appelé « First Patriots Movement Militia » qui complotent pour faire exploser un bâtiment fédéral en utilisant a priori un individu qu'ils ont enfermé dans une grange. Tout ce que l’on sait c’est que chaque jour il tue le captif d’une balle dans la tête….

Ce court sur fond de suprématisme laissera perplexe car si visuellement, la proposition semble être la seule à avoir été tournée véritablement à l’aide d’un caméscope, que le côté crasseux du repère de ces rednecks fonctionne assez bien avec le concept, l'attente n'en vaut pas vraiment la peine car c'est la plus faible des quatre histoires qui aurait dû être la première pour que le film ne se termine pas sur un pétard mouillé et surtout assez incompréhensible ! En effet, il faut vraiment faire appel à toutes ses capacités de concentration pour bien comprendre ce qu’il se passe à l’écran ! Et même si on ressent un malaise au visionnage, on n’aura pas, comme pour les précédents segments, ce petit frisson qui viendra nous parcourir l’échine, au contraire, on aura une fin qui tombe à plat !

Avant le générique final du film, on fait un dernier détour pour la conclusion de Holy Hell, le court fil directeur, mais la vidéo se termine assez promptement sur une idée déjà vue pour certains voire usée jusqu’à la corde pour les spécialistes, délivrée un peu à la va-vite qui plus est. Dommage ! Notons également qu’à un moment donné du film, on voit une fausse publicité sur un écran (The veggie Masher alias « Le presse-légumes »), spot réalisé par Steven Kostanski (le génial "The void"), mais c’est une information plus qu’anecdotique, tout comme ce mini segment !

Ainsi, disons que deux histoires et demie sur quatre sont de bonne facture dans ce long-métrage à sketchs horrifiques, mais on ne peut s'empêcher d'être un peu déçu par le récit enveloppant l’ensemble manquant cruellement de peps et d’originalité venant clore cette anthologie de façon frustrante, laissant un mauvais goût dans la bouche. On retiendra pourtant le court indonésien hyper efficace constituant la proposition la plus ingénieuse du lot et la plus jouissive également avec ce mélange cyberpunk et trash au point de vue subjectif inventif nous faisant assister au plus près à une véritable tuerie sanglante mais ô combien délectable !

V/H/S 94 | V/H/S/94 | 2021
V/H/S 94 | V/H/S/94 | 2021
V/H/S 94 | V/H/S/94 | 2021
Bande-annonce
Note
3
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Vincent Duménil