V/H/S 99
V/H/S/99
Faisant suite à "V/H/S", "V/H/S/2", "V/H/S Viral" et "V/H/S 94", ce V/H/S 99 voit, comme pour ses prédécesseurs, son équipe de réalisateurs et de scénaristes totalement renouvelée. Ainsi, ce long-métrage est un film d'horreur anthologique dans lequel l’usage du found footage est toujours la marque de fabrique de la franchise, même si on dira plutôt que c’est devenu un prétexte ! Comme à l’accoutumée, un conglomérat d’influences métissées nous sera proposé du début à la fin. En revanche, ce qui changera un petit peu c’est que V/H/S 99 n'a pas de fil directeur véritable entre chaque court-métrage. Au lieu de cela, de brèves animations en stop-motion avec de petits soldats réalisées par le jeune Brady serviront d’intermèdes. On retrouvera toutefois le même Brady dans le segment The Gawkers…
V/H/S 99 est donc le cinquième volet de la saga V/H/S. Le film présente des segments de Johannes Roberts ("F" et "The strangers : prey at night", notamment), Vanessa & Joseph Winter, Maggie Levin, Tyler MacIntyre ("Tragedy girls") et Flying Lotus. Présenté en septembre 2022 dans la catégorie Midnight Madness du Festival international du film de Toronto 2022, notons qu’il est sorti en tant que film original sur Shudder en octobre 2022 et qu’il a battu des records de streaming, devenant ainsi la première la plus regardée de la plate-forme, un titre détenu précédemment par "V/H/S 94" ! Mais est-ce bien là un gage de qualité ?
On commencera ainsi notre périple par Shredding (« Déchiquetage »), écrit et réalisé par Maggie Levin, segment dans lequel, le R.A.C.K. (acronyme des membres Rachel, Ankur, Chris et Kaleb), un groupe de punk rock enregistre régulièrement des farces pour une émission Web. Pour sa dernière vidéo, le groupe décide de s'introduire dans le Colony Underground, une ancienne salle de concert souterraine qui a brûlé trois ans auparavant dans un incendie mortel ayant entraîné le piétinement à mort des quatre membres du groupe de punkettes « Bitch Cat ». Toutefois, il semblerait qu’ils ne soient pas tout seuls dans ces sous-sols…
Ce premier court avec de jeunes rockers désireux d’aller explorer des souterrains désormais désaffectés là même où un groupe de jeunes punkettes a été écrasé par un public forcené est filmé en found footage avec des personnages désagréables au possible, dont celui qui s’en prend à l’un des siens, Ankur, d’origine indienne, qui les avertira tous que leurs blagues pourraient réveiller la colère du Bhuta. Des jeunes insupportables qui jouent avec des poupées gonflables, des zombies punks, le tout filmé avec les pieds, voilà en gros le résumé de cette histoire de fantômes pitoyable. Heureusement que les imbéciles y meurent vite, bien fait !
On enchaîne avec Ozzy’s Dungeon (« Le donjon d’Ozzy »), écrit par Zoe Cooper et Flying Lotus, aussi réalisateur. Ici, « Ozzy's Dungeon » est un jeu télévisé dans lequel de jeunes concurrents participent à des défis physiques pour avoir une chance de descendre dans le donjon et d’y rencontrer Ozzy, qui permettra au gagnant de réaliser un vœu. Au cours d’une émission, l'enthousiaste Donna, dont le souhait est d'aider sa famille pauvre à quitter un quartier délabré de Détroit, est brutalement paralysée par son concurrent rival et perd le jeu alors que le présentateur n'arrête même pas l’émission afin que sa blessure puisse être soignée ! Des années plus tard, alors que l’émission a été annulée, Donna et ses proches enlèvent l'ancien animateur, contraint de relever plusieurs versions tortueuses des défis du donjon d'Ozzy, au risque d’y perdre la vie…
Cette histoire de vengeance autour d’une émission style « Ninja Warrior » du pauvre n’est pas terrible car seule la fin bizarroïde aussi cheap que sympathique vaut le coup d’œil. Toutefois, il aura fallu se farcir tout ce qu’il y avait avant comme : des acteurs qui cabotinent à mort dont le présentateur télé, abject au possible, ainsi que la famille de Donna filmant ses méfaits sous toutes les coutures et surtout, une image crasseuse rendant le tout assez inintéressant au final.
Suivra Suicide bid (« Tentative de suicide »), écrit et réalisé par Johannes Roberts et dans lequel on y suit Lily, jeune fille souhaitant rejoindre Beta Sigma Eta, la sororité la plus prestigieuse de son campus. Pour se faire, la jeune étudiante est invitée à passer une soirée en ville avec « les sœurs » qui l’emmènent dans un cimetière voisin où, dans le cadre d'un rituel de bizutage, elle doit passer la nuit enterrée dans un cercueil. Cette soi-disant cérémonie vise à recréer un mythe selon lequel une autre étudiante de première année, Giltine, a osé commettre le même acte pour entrer dans la même sororité vingt ans plus tôt, pour finir oubliée par ses camarades de classe pendant une semaine. La rumeur dit qu'elle aurait disparu lorsque le cercueil a été déterré…
Entre légende urbaine, sorcière et de forts relents de "Buried", ce court est assez sympathique car forcément « les sœurs » sont pimbêches comme pas possible et vont jouer des tours pendables à la pauvre Lily : coups donnés sur le coffin, boîte avec une surprise glaçante, tout en laissant une caméra dans le cercueil pour filmer les réactions de la pauvre fille disposant tout de même d’une cloche à n’actionner qu’en cas d'urgence. Mais la suite ne se passera pas comme initialement prévue et nous assisterons alors à une fin hautement appréciable quant au sort réservé aux mégères. Pour l’instant, c’est le meilleur récit.
Dans The Gawkers écrit par Chris Lee Hill et Tyler MacIntyre, par ailleurs réalisateur, alors que Brady enregistre sa dernière vidéo, Dylan, son frère aîné, fait irruption dans sa chambre et lui confisque la caméra, qu'il utilise pour se filmer en train de pratiquer des répliques. Dylan et ses amis Kurt, Mark et Boner excluent alors Brady de leurs activités, le considérant comme un loser. Les amis sortent ensuite pour se faire des farces entre eux ainsi qu’aux habitants du quartier, puis effectuent des tours au skate-park local. Obsédés par Sandra, une jolie blonde qui a emménagé dans la maison d’en face avec son jardin aux statues de pierre étrange, les garçons la filment sans cesse à son insu. Quand ils découvrent que Brady la connaît, ils demandent ainsi à ce dernier de se faire inviter par elle et de pirater son ordinateur, à leurs dépens…
« Inégal », c’est ce qui nous vient à l’esprit après le visionnage de ce segment dans son intégralité. Si les films de petits soldats servant d’interludes entre les courts n’ont aucun intérêt malgré deux, trois effets sanglants, tout le récit avec les ados pénibles à supporter et la voisine Sandra sera bien plus intéressant à visionner car la fin sera délectable au possible car forcément, la belle demoiselle cache quelque chose qu’ils découvriront malheureusement bien trop tard !
Ce film omnibus se conclura avec le court To Hell and back (« Aller/retour en enfer »), scénarisé et réalisé par Vanessa & Joseph Winter. Ici, on peut découvrir Nate et Troy, deux gars ayant été embauchés le soir du Nouvel An 1999 par une secte. Leur tâche est de filmer un rituel lors duquel une femme nommée Kirsten s’est portée volontaire pour être offerte comme « vaisseau » à un puissant démon connu sous le nom d'Ukabon. Tout d’abord sceptiques, les deux cinéastes en herbe vont vite déchanter quand ils se retrouveront en enfer !
Vraiment superbe du début à la fin et nanti d’effets spéciaux de qualité, ce segment nous plonge en totale immersion dans ce monde du dessous horrible. Sabbat, démons, sorcières et âme damnée qui parle en termes archaïques seront au rendez-vous dans ce mini survival en Enfer d’où nos amis vidéastes devront s’échapper avant minuit sous peine d’y être coincés pour l'éternité et d’y subir toutes sortes d’atrocités !
Dans l’ensemble, V/H/S 99 est assez irrégulier, deux segments sur quatre valant vraiment la peine d’être visionnés. Et comme pour "V/H/S 94", son prédécesseur au titre similaire, on ne pourra s'empêcher d'être déçu par le récit enveloppant l’ensemble manquant cruellement de tonus et indigne de la franchise ! Heureusement, cette dernière se conclura par un court véritablement captivant où l’utilisation de la caméra à l’épaule prend tout son sens pour nous faire assister au plus près à une véritable visite de ce que pourrait bien être l’Enfer sous Terre !