Watchmen

Watchmen

Les Watchmen (les Gardiens en français) sont des super-héros américains à la retraite qui en 1985, sont rappelés aux premières loges. Pourquoi doivent-ils à nouveau enfiler leurs guêtres et autres juste-au-corps colorés en plein mandat de Nixon, aux commandes du gouvernement étasunien ? Eh bien tout simplement pour enquêter sur l'assassinat de l'un des leurs, le Comédien, tué par un mystérieux meurtrier dans son appartement à New York. Mais également parce que Rorschach, justicier masqué à l'origine de la renaissance du groupe, a percé à jour, au cours d'investigations plus ou moins musclées, un complot de grande envergure pouvant avoir de catastrophiques conséquences sur le futur de l'humanité. Qui peut bien être à l'origine de cette machiavélique machination et surtout, qui est le tueur ? Y a-t-il un lien entre les deux événements ? Afin de répondre à ces questions, nos vengeurs masqués entament alors une traque sans pitié, où chacun va apporter sa pièce au puzzle pour révéler peu à peu l'inimaginable vérité…

WATCHMEN | WATCHMEN | 2009

Longtemps jugé inadaptable (cela faisait en effet à peu près une vingtaine d'années qu'Hollywood tentait de le porter à l'écran) "Watchmen", roman graphique et visionnaire de Dave Gibbons au dessin, et surtout du génial Alan Moore au texte, a enfin vu le jour cinématographiquement en 2009. Faut-il rappeler que de nombreux réalisateurs à l'instar de Terry Gilliam, Darren Aronofsky ou encore Paul Greengrass se sont cassés les dents sur le projet et que c'est le jeunot Zack Snyder, fraichement auréolé du succès de "300", qui a remporté le gros lot ? Eh bien oui car il était attendu au tournant le petit gars. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réalisé un métrage au-delà de nos espérances. Mais avant de discuter du film, parlons déjà de l'œuvre originelle, afin de mieux comprendre ce à quoi nous avons affaire.

Publié en 1986 et 1987 par DC comics, "Watchmen" est considéré comme le chef-d'œuvre absolu des comics-books. Signée Alan Moore ("From hell", "La ligue des gentlemen extraordinaires") et croquée par Dave Gibbons, cette bande-dessinée, d'une richesse graphique et scénaristique hallucinante est tellement dense qu'elle peut être comparée à un véritable roman si bien d'ailleurs qu'elle reste à ce jour la seule BD à avoir été citée par le Times parmi les "100 meilleurs romans en langue anglaise depuis 1923" ! Mais qu'est-ce qui a pu faire de ce comics un authentique roman graphique ? Tout d'abord, "Watchmen" a profondément marqué les lecteurs en leur présentant une réalité qu'ils estimaient plus tangible qu'abstraite. Elevés au milieu de la course au nucléaire, les gens y ont en effet vu l'illustration du malaise qui régnait à cette époque, celle des années 80. L'histoire tient effectivement lieu et place dans un 1985 parallèle, où la Guerre Froide est à son zénith, où les Yankees ont remporté la Guerre du Vietnam et où Richard Nixon est à la Maison-Blanche. Exit donc Reagan ! Dans une atmosphère de fin du monde, des super-héros vieillissants (sans superpouvoirs, à l'exception du Dr. Manhattan) ressortent leurs costumes du placard pour enquêter sur la mort d'un des leurs, le Comédien. Profondément humains et donc imparfaits, les Gardiens vont mettre à jour un étrange complot...

Non content de brasser réalisme, anticipation et critique politico-sociale, "Watchmen" fait également dans le symbolisme et la parabole philosophique. Sont en effet évoquées différentes doctrines telles que le nihilisme et l'humanisme, tout comme sont mentionnées certaines vues de l'esprit que l'on doit à Nietzsche, Aristote et Freud. Enfin, est également cité Juvénal, poète latin de la fin du Ier siècle et à qui l'on doit la citation suivante : "sed quis custodiat ipsos custodes ?" pouvant se traduire par : "Mais qui veille sur ces gardiens ?", phrase reprise et transformée dans la BD sous cette forme : "Leur mission est de protéger l'humanité... Mais qui veille sur ces gardiens ?". Vous l'aurez donc compris, cette bande-dessinée est d'une richesse extrême et vous conviendrez donc aisément que son adaptation sur les écrans ait suscité moult inquiétudes.

Super fan de la BD, Watchmen était assurément pour moi l'un des films les plus attendus de l'année 2009, et c'est désormais à mon sens, ni plus ni moins que LE meilleur long-métrage de super-héros à ce jour donnant un sacré coup de vieux à tous les autres ! Après le jouissif "Iron man", l'excellent "Dark knight : le chevalier noir", voici désormais le mètre-étalon ultime en la matière !

Zack Snyder continue ainsi sur la lancée de son "300" et nous offre ici, une adaptation remarquable du roman graphique d'Allan Moore. Au menu, des effets spéciaux sans faille comme on en a déjà vus dans "300" (les combats sont tournés de la même manière, le personnage du Dr. Manhattan a été totalement réalisé en images de synthèse à l'aide de capteurs), une bande-son monstrueuse (notamment Bob Dylan, Simon & Garfunkel, Jimmy Hendrix, Leonard Cohen, The Chemical Brothers et même "La chevauchée des Walkyries" de Richard Wagner), des acteurs principaux très bons car incarnant des personnages tout en complexité (mention spéciale à Patrick Wilson en Hibou, Jeffrey Dean Morgan, le Comédien, et Jackie Earle Haley, le psychotique Rorschach), des décors sublimes nous plongeant directement dans un univers de polar (le film a été tourné en studio et majoritairement à Vancouver), des costumes stupéfiants (près de 150 000 pièces ont été retenues vu la variété de personnages de 1938 à 1985) et enfin, un respect parfait du matériau d'origine. Bref, on a vraiment l'impression de voir au cinéma la BD tellement celle-ci est bien adaptée ! Les plans sont ainsi majoritairement repris de la bande-dessinée, dont la puissance visuelle reste intacte et à laquelle il faut ajouter des dialogues très bien intégrés au film, des scènes de violence jamais gratuites (le Vietnam, la vie tumultueuse de Rorschach, entre autres) car servant le récit et un peu de sexe (en témoigne la magnifique scène d'amour entre le Hibou et le Spectre de soie 2, incarnée par la sublissime Malin Akerman avec "Hallelujah" de Leonard Cohen en fond musical).

Seul petit accroc : le choix de Matthew Goode en tant qu'interprète d'Ozymandias, l'homme le plus intelligent de la Terre ayant même créé sa propre franchise et vivant désormais de la vente d'objets à son effigie. Trop lisse, il se pose comme la grosse erreur de casting du métrage. Insipide, frêle, ne reflétant à aucun moment une once de charisme, l'acteur est vraiment un supplice à regarder, heureusement que le reste suit !

Fidèle à l'œuvre visionnaire de Gibbons et Moore, Zack Snyder leur rend vraiment justice grâce à un excellent casting concernant les acteurs principaux, une incroyable fluidité narrative, des costumes somptueux et un score phénoménalement dense. On peut redouter toutefois que Watchmen reste incompris car pouvant être considéré comme trop cérébral pour certains, des références étant effectivement nécessaires pour comprendre pleinement le film. Mais pour les fans ultimes de la BD comme votre serviteur, c'est le long-métrage qui désormais, fera référence. Enjoy !

WATCHMEN | WATCHMEN | 2009
WATCHMEN | WATCHMEN | 2009
WATCHMEN | WATCHMEN | 2009
Note
5
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Vincent Duménil