Z movie
Z movie
Vous vous demandiez quelle mouche pouvait bien piquer les réalisateurs de séries Z ? Ce n'est pas une mouche, mais un moustique.
Qu'y a-t-il de plus désagréable qu'un moustique overdosé au sang de partouzard sous viagra, au creux de l'oreille quand on essaie de s'endormir ? Imaginez donc que l'insecte se soit humecté la trompe dans un baril de déchet radioactif.
Sa compétence à rendre insomniaque même le plus gros des dormeurs, n'en est que décuplée. Ce n'est pas tout, chaque piqûre est atrocement douloureuse et provoque l'apparition d'immondes bubons purulents.
Quand l'immonde pompeur de sang mutant se retrouve dans l'appartement d'un beauf dégoûtant, le résultat ne manque sûrement pas de piquant !
Krakatoa Ink est une petite société de production italienne qui jette un sacré parpaing dans la marre qu'est le cinéma actuel, allumant au passage une bonne douzaine des canards qui traînaient là.
Plus sérieusement, Z-Movie est un moyen métrage d'une quarantaine de minutes, mettant en scène un énergumène, se démenant pour tuer un moustique mutant. Le titre est en fait un titre tiroir, autrement dit, disposant d'une double signification.
Tout d'abord, il indique au spectateur potentiel, que le métrage est une série Z bien assumée. Pas d'effets spéciaux saisissants, pas de plan expérimental, pas grand-chose en fait. Dans ce cas là, il faut prononcer "Zède Movie".
Le titre ne fait pas uniquement référence à un cinéma fun et fauché. Si la sonorité de la lettre "Z" qui compose le titre est étirée ("Zzzzz Movie"), cela rappelle le bruit émis par le moustique en plein vol.
Armez-vous donc d'une tapette à mouche ou d'un magazine porno roulé en tube dans une main, dans l'autre de votre boisson favorite. C'est fait ? Alors installez-vous donc confortablement dans votre canapé, et préparez-vous à déguster l'un des 25 métrages des XV derniers siècles, comme le dirait si bien Monsieur Tarantino.
Un amas de viande virile se débattant de toutes ses forces alcoolisées contre un moustique mutant dans un appartement pourri, comment verser plus dans le Z ?
Certes le concept est très décalé, mais le traitement visuel n'est pas en reste. Le moustique est en fait une espèce de grosse mouche en plastic grossier, pendue au bout d'un fil de nylon, lui-même rattaché à un bâton, ou à tout autre objet oblong un tant soit peu rigide. Pour tous ceux qui voudraient essayer cela à la maison, et que je vois déjà venir, non votre pénis ne fera pas l'affaire ! (Quoi que le résultat pourrait être intéressant, à condition d'être bien équipé). Quant aux restes des effets spéciaux, la panoplie Z est complète : maquettes, papier mâché et costume ridicule.
Cet aspect visuel délibérément désinvolte et charismatique, est typique des séries Z. Ici, il renvoie directement aux films de monstres des années 60. Ceux qui faisaient l'affiche des Drive-In aux Etats-Unis d'Amérique. Cela ne fait qu'accroître la qualité de Z-Movie. Pas question de se prendre la tête, le métrage italien est là uniquement pour nous délivrer 40 minutes de pur fun.
Non content d'en mettre plein les yeux au travers d'un aspect visuel déjanté, le film de Dagoberto Brasile vous ramonera aussi les cages à miel, avec une bande originale signée Stefano Galeone. Sa recherche musicale porte la saveur psychotique du métrage à un degré supérieur. Grâce à un rythme élevé et un flux saccadé, la chasse au nuisible prend tout son sens. La cohésion image / bande son n'en est que meilleure.
Krakatoa Ink lance donc un nouveau style, le Bzz Movie. La chasse au moustique a rarement été aussi attrayante et amusante. Regarder des publicités débilitantes pour des sprays anti-moustiques n'a rien d'attrayant, une potiche avec autant de charisme que le moustique qu'elle poursuit en train de couiner que "décidément les moustiques sont résistants, et que rien ne vaut le nouveau Pshit, plus de moustiques, plus de couche d'ozone". C'est qu'elle y croit en plus, la donzelle, avec sa tête de moucheron qui se serait mal réceptionné sur un pare-brise, à batifoler dans toute la maison, brandissant fièrement son vaporisateur.
Au contraire, le héro de Z-Movie avec son incroyable lourdeur, passe son temps à tenter d'écrabouiller l'animal, en grommelant des injures. Le moustique étant bien plus rapide que lui, Doc Butcher brasse de l'aire sans résultat.
Voir l'acteur se débattre comme un diable contre le moustique est fort cocasse, et fait vibrer cette corde qui nous fait rire du malheur des autres. Voir le gros balourd hirsute, se jeter corps et âme dans une pitoyable tentative d'insecticide, est hautement jouissif pour le spectateur.
La performance d'acteur est remarquable. Le rôle est certes simple, mais Doc Butcher a su inculquer à son personnage une fibre grotesque qui se ressent dans chacun de ses faits et gestes.
Voilà donc une petite douceur que je ne saurais que trop conseiller. Z-Movie est une réussite absolue, et cela sur tous les plans. Alors ne boudez pas votre plaisir, en le pensant coupable, rien de tel qu'une bonne série Z pour éveiller les sens, et décrasser les neurones. Ce n'est pas ici que vous attraperez de vilains boutons, de ceux que l'on gratte jusqu'au sang, en pensant "surtout ne pas gratter, surrrtoooout ne pas --- gnaaaa". Le plus gros risque que vous courrez est de passer un bon moment.
Incroyablement drôle et irrésistiblement crétin, Z-Movie marquera les spectateurs par son authenticité, et son honnêteté. En effet, l'équipe derrière le métrage s'est donnée corps et âme pour obtenir cet incroyable résultat, et cela se sent. Une série Zzzz de haut vol qui ne manque pas de piquant. D'une légèreté à vous donner des ailes.
BRAVO !
Site web de Krakatoa Ink : http://krakatoaink.net/