California axe massacre
Lisa, lisa / axe
Après avoir tabassé à mort un homme et égorgé son ami, puis s'être amusés un peu avec la vendeuse d'une superette, trois truands se retrouvent dans une petite ferme isolée, où ne vit que Lisa, jeune fille de quatorze ans environ, et son grand-père, entièrement paralysé et muet. Le soir venu, l'un d'entre eux tente de violer Lisa…
California Axe Massacre. Ca sonne comme Texas Chainsaw Massacre. Les auteurs de ce titre alternatif ont-ils voulu surfer sur le succès du film de Tobe Hooper ? On peut le penser, le titre original de l'œuvre étant "Lisa, lisa". C'est sûr que ça donne tout de suite moins envie…
Connu aussi sous le titre tout simpliste de "Axe", ce film de Frederick R. Friedel (trois films seulement à son actif) est un pur "exploitation movie 70'S", que les Drive-in de l'époque ont du s'arracher dès qu'ils ont lu le titre, qui possède encore aujourd'hui son pouvoir hypnotique et fait que, dès qu'on l'entend ou qu'on le lit, on a envie de voir le film ! Est-ce pour autant une bonne idée que de se ruer dessus ?
La vision des quarante premières minutes nous indique clairement que ce n'était pas vraiment une bonne idée. Qui plus est quand le film ne dure qu'un petit peu moins d'une heure dix. Quarante minutes plutôt pénibles à suivre, quasiment dénuées d'intérêt, nous présentant les exactions de ce trio de truands dont on ne saura en définitive rien, ni pourquoi ils tabassent la première victime jusqu'à la mort (question d'argent ?), ni pourquoi la police les recherche. On les suit, c'est tout, et on regarde le compteur de durée qui avance sans qu'aucune émotion, sourire ou tout autre sentiment ne vienne éclairer notre visage, si ce n'est celui de la déception. Les acteurs, dont le réalisateur lui-même, sont mauvais, sur-jouent, et ne parviennent pas à nous intéresser. On comprend juste que sur les trois, un n'a pas l'air d'être franchement à l'aise avec eux et leurs méthodes expéditives, préférant rester cloîtré dans la voiture pendant que ses camarades s'amusent avec la pauvre vendeuse d'une petite boutique qui préférerait être ailleurs plutôt que de devoir faire tenir sur sa tête une pomme pour que l'un des truands puisse se prendre pour Guillaume Tell, le pistolet ayant remplacé l'arc et la flèche. S'ajoute à tout ça un rythme lent au possible et on se demande sans cesse s'il ne vaudrait mieux pas que notre index vienne appuyer sur le bouton "stop" pour nous libérer de cette torture visuelle. Ce qui serait une grave erreur.
Une erreur en effet car parfois, des miracles se produisent et quelques scènes parviennent à racheter un début catastrophique et à nous laisser au final une bonne impression. Ce qui sera le cas ici.
En fait, le film démarre lorsque nos trois compères viennent se cacher dans une petite ferme isolée. Ils font la connaissance de Lisa et de son grand-père. Lisa, malgré son très jeune âge, est la femme de la maison. Elle s'occupe de tout et veille sur son grand-père, un vieillard paralysé, muet, qui passe son temps à regarder une télé mal réglée sur laquelle on ne distingue aucune image si ce ne sont des parasites. Lisa le lave, lui donne à manger, bref, gère la vie de tous les jours. Une aubaine pour des fuyards, ne voyant aucune source d'inquiétude à avoir avec ce genre de "proies". Vous l'aurez compris, c'est là que la surprise va être de taille. Après avoir subit les assauts d'un des trois truands le soir même, Lisa s'en sort en lui coupant le cou avec un rasoir. La suite va emmener le film dans une ambiance assez glauque, macabre, en particulier grâce à Leslie Lee qui joue le rôle de Lisa mais également avec la musique, qui n'est pas sans rappeler celle de "Massacre a la tronçonneuse" justement, pour ce qui est de son côté expérimental. Leslie Lee confère à Lisa un aspect effrayant de sobriété, le regard perdu, aucune expression au niveau du visage, tel un fantôme qui se trouve là et qui n'attend plus rien de la vie.
Après avoir tué son agresseur, Lisa le place dans le baignoire et va le découper avec une hachette (le "axe" du titre, enfin…) pour cacher les morceaux dans une grande malle. La scène est filmée en hors-champs, on voit juste les bras tenant l'arme tranchante s'abattrent mais cela n'est pas très grave. Ce qui intéresse ici, c'est la froideur avec laquelle Lisa effectue ce travail, tout comme lorsqu'elle nettoie le sang qu'elle a répandu, elle exécute ce nettoyage sans sembler éprouver la moindre émotion et cela fait froid dans le dos. La suite sera du même acabit, un autre meurtre peu visuel mais toujours la même froideur dans les gestes et les expressions de Lisa, comme si c'était une simple routine. On pourrait presque voir en Lisa le personnage de Jodie Foster dans "La petite fille au bout du chemin".
Cette ambiance fort bienvenue après un début catastrophique est augmentée par la musique expérimentale qui inonde les images. Des bruits, des sons, des roulements de tam-tam, des sonorités étranges achèvent de donner à l'ambiance un aspect angoissant. On en vient carrément à regretter que des dialogues surgissent dans ces séquences. Honnêtement, ces vingt dernières minutes auraient encore gagné en puissance s'il n'y avait eu aucun dialogue. Juste des images et la musique auraient suffi.
Faîtes donc l'effort de tenir pour arriver aux séquences se déroulant dans la ferme si vous êtes amateur de climat étrange et de "rape and revenge", vous ne le regretterez pas. A la rigueur, zappez les quarante premières minutes, on ne vous le reprochera pas ! Grâce à ces séquences, ma note de 0,5/6 se transforme en 3/6. J'aurai bien monté à 4/6 mais il faut quand même tenir compte de l'insupportable début de film.