Camp blood
Camp blood
En 1999, trois ans avant "Death factory", Brad Sykes réalise ce petit film indépendant avec trois fois rien. L'année précédente, il fait ses premières armes dans le milieu cinématographique en travaillant notamment comme assistant effets-spéciaux aux côtés de Brian Yuzna. Cette incursion sur les plateaux de "Progeny" et "Le dentiste 2" laisse à penser qu'il projette alors de réaliser son propre film.
Débutant et dépourvu de moyens, il envisage probablement de faire dans la simplicité et du même coup s'attaque à un genre bien connu : le slasher. Original ? Non. Le tueur sera un clown ( "Killer klowns", "It"…), donc rien de nouveau dans le personnage et encore moins dans le scénario. Les ingrédients empruntés à ses prédécesseurs restent les mêmes : une légende, un tueur, un coin isolé.
Deux jeunes couples décident de se rendre au camp Blakwood pour faire du camping durant le week-end. Perdus sur la route qui doit les mener à destination, ils ne prêtent pas attention aux dires d'un illuminé qui les met en garde : certaines personnes ont disparu il y a quelques années, et leurs corps n'ont jamais été retrouvés.
C'est sur cette trame somme toute assez simpliste que la totalité du film va se dérouler. Le film s'ouvre sur une scène érotique, plongeant le regard du téléspectateur sur une opulence mammaire inévitable et indiscutable. Nous sommes donc en droit d'imaginer qu'en bon slasher qui se respecte, nous aurons notre lot de déshabillés propres aux victimes féminines.
Négatif : cette première scène permet juste d'installer la présence de notre clown sans toutefois nous en dévoiler son explication.
Très vite, c'est la réalisation qui saute aux yeux avant toute chose. Nous avons affaire à un petit film indépendant, aux menus moyens évidents, qui essaie tant bien que mal de nous proposer du sang neuf. En vain. Premier détail, certes anecdotique : le film ne dure qu'1h10, à l'image de son budget et de son manque évident de paternité. Mais non pas en manque d'inspiration.
En effet, Sykes ne fait que proposer des scènes déjà vues et revues. Pas sûr que cela soit uniquement du pompage volontaire. On peut éventuellement lui laisser le bénéfice du doute et se dire que ses copies sont un hommages à ses films références. Ainsi sa maladresse lui permet de revisiter tous les clichés de la saga "Vendredi 13" : le vieux fou qui les met en garde, la scène de douche, les victimes suspendues… Mais l'exemple le plus évident reste la scène des chasseurs quasimment plagiée dans son intégralité sur celle de "Jason le mort-vivant".
Hélas, il ne suffit pas d'avoir du goût dans ces appréciations pour avoir du talent. C'est à présent le tour de "Délivrance", à travers quelques accords de guitare, et une pseudo course poursuite dans les rochers en guise de clin d'œil.
Le film n'a pas vraiment d'histoire (comme beaucoup de slashers me direz-vous), et les scènes se suivent sans discontinuer mais emplies de monotonie : les proies fuient, et le clown suit. Point final.
Il est fort dommage que tout cela se rapproche plus du film amateur qu'autre chose. Car installer l'action en plein jour et tout le long du film était en soi une bonne idée. Cela nous changeait des nuits forestières et des maisons aux portes systématiquement bloquées.
L'action aurait pu monter crescendo si ce n'est que l'incohérence du scénario et de l'espace temps rendent impossible au téléspectateur une quelconque envie de dénouer l'intrigue.
Il reste en revanche quelques points positifs non négligeables. Tout d'abord une bande musicale assez bien fichue, ainsi qu'un casting plutôt flatteur. Tant les rôles principaux que ceux plus secondaires sont crédibles et tirent honnêtement leur épingle du jeu. A souligner car au vu de la réalisation, il n'est pas impossible que la direction d'acteurs fut inexistante (pour l'anecdote, Tim Young travaille actuellement comme chef menuisier sur les décors de "Land of the dead" de Romero ).
Une certaine ouverture d'esprit aussi (l'homosexualité en filigrane) pas forcément recherchée dans les slashers.
Malheureusement, le final nous ramène 25 ans plus tôt, et Leatherface poursuivant Sally sur la route Texane. Une succession d'erreurs qui font donc de Camp Blood un petit gâchis. Camp Blood 2 verra le jour l'année suivante toujours dirigé par Brad Sykes.
Certains crieront au scandale que je puisse m'intéresser et trouver quelques qualités à ce petit film. Un froncement de sourcil de courte durée, car malgré l'ambiguïté de mon sentiment, je ne peux m'empêcher de basculer du côté obscur de la note.