Lamberto

BAVA

Larry Louis, John Old Jr

BAVA  Lamberto

réalisateur

Naissance

3 avril 1944

Rome

Biographie

Être le fils de Mario Bava fût certainement un handicap pour Lamberto, qui dans l’ombre de son géant de père, tenta de se créer un prénom. Souvent comparé de manière négative par rapport à son illustre prédécesseur, il mérite néanmoins une place de choix dans le cœur des amoureux du cinéma bis auquel il contribua à donner ses meilleurs représentants au cours de la décennie 80. Depuis quelques années, écarté du cinéma, comme la plupart de ses collègues (le cinéma italien connaissant une grave crise), Lamberto est devenu un réalisateur de téléfilms réputés en Italie. Mais reprenons le cours de sa carrière par le début.

Avant de se lancer dans une carrière de réalisateur, Lamberto fait ses armes auprès de l’illustre Mario Bava. Ainsi, il le seconde en tant qu’assistant réalisateur sur des films tels que "Opération Peur", "Danger Diabolik" ou encore "La Baie sanglante". La collaboration familiale se déroule si bien que les deux hommes travaillent de concert sur le scénario de "Shock" ("Les démons de la nuit") (1977), et même plus, puisque indéniablement une partie de ce long-métrage doit beaucoup à l’apport de Lamberto, ce dernier (différence de génération oblige), y apportant des éléments venus du cinéma de Dario Argento, un ami de la famille, qui va prendre le fiston Bava sous sa protection. Ce n’est donc pas une surprise de retrouver les deux hommes sur "Inferno" (1980) et "Ténèbres" (1982). Autre réalisateur et non des moindres avec lequel Lamberto Bava a collaboré : Ruggero Deodato, à l’occasion du controversé "Cannibal Holocaust".

Au début des années 80, il se lance seul dans la réalisation avec "Baiser macabre", un film d’horreur glauque où le réalisateur n’a pas peur d’aborder le thème de la nécrophilie, avec cette histoire inspirée d’un fait divers où une jeune femme conserve la tête de son mari dans un frigo. Co-scénarisé par Pupi Avati ("La maison aux fenêtres qui rient"), cette première œuvre personnelle va assez loin dans la folie et la cruauté pour marquer les esprits. Initiée comme un film à suspense, l’intrigue dérive progressivement vers une ambiance purement fantastique. Avec "Macabro", Lamberto frappe ainsi les esprits au point que les portes du succès semblent s’ouvrir devant lui. Quelques années avant, il a co-réalisé avec son père mourrant (Mario Bava décèdera peu après), "La Vénus d’Ille", épisode d’une série plus vaste consacrée au fantastique dans la littérature.

En 1983, il rend un hommage virulent au giallo, qui semble revenir en force suite au "Ténèbres" de Dario Argento, avec "La maison de la terreur". Classique, ce thriller horrifique se démarque de ses congénères par la présence d’un réel second degré (une constante dans le cinéma de Lamberto Bava), avec une mise en abîme très prononcée. Que l’on retrouvera bien évidemment dans le fameux diptyque "Demons". Motivé par le succès de "Evil Dead" de Sam Raimi, Dario Argento producteur, confie à Lamberto Bava le soin de mettre en scène cette histoire kitsch et fort amusante de démons qui sortent des écrans pour massacrer, dans un déluge de scènes plus gores les unes que les autres, des adolescents aussi dégénérés que leurs congénères américains. Dans la foulée, une suite "Demons 2" arrive sur les écrans en 1986. Pas forcément utile, mais ces deux films permettent à Lamberto Bava de connaître un succès mondial. Ce que ses précédentes productions n’avaient pas permis.

Entre deux projets personnels, il faut bien continuer à tourner, et pour ce faire, notre réalisateur transalpin accepte des films de commande : "Blastfighter", conçu comme une sorte de sous "Mad-Max", et "Apocalypse dans l’Océan rouge" qui lui, lorgne carrément sur "Les dents de la mer". Plus intéressante est la persistance de notre Bava junior dans le giallo avec deux films qui tracent le sillon initié par "La maison de la terreur" : "Midnight horror" et "Delirium". Pour le premier film cité, Lamberto préfère miser sur une atmosphère étrange plutôt que sur le gore le plus craspec, alors que "Delirium" lui permet de dépeindre les dessous d’une certaine bourgeoisie. Au menu des réjouissances, "Delirium" réunit ce qui se fait de mieux en la matière (Daria Nicolodi, ex-épouse de Dario Argento, et le géant George "Anthropophagous" Eastman), se permettant de manier l’humour noir et l’érotisme comme seul le cinéma italien de cette période là pouvait se l’autoriser.

Etrangement, Lamberto Bava poursuit sa carrière à la télé (la RAI), mais tout en restant dans le cadre du fantastique et de l’horreur (c’est là que nous nous rendons compte à quel point les temps ont changé….) : "La maison de l’ogre" (dont la récupération commerciale paraît évidente car il est rebaptisé un peu partout "Démons 3" alors que n’entretenant que peu de rapports), "Deux amants diaboliques", "Le château de Yurek", "Outretombe", "Le maître de la terreur". Des œuvres diversement intéressantes mais valant le coup d’œil. Pour son retour sur grand écran, Lamberto commettra l’irréparable, faire un remake d’un chef-d’œuvre de son paternel, à savoir "Le masque du démon". Inévitablement, le réalisateur court au désastre. L’année suivante, Lamberto réalise son dernier long-métrage jusqu'à 2005, "Body Puzzle". Exit le cinéma pour Lamberto ? Pas si sûr. Ce n’est pas sans difficulté qu’il tente de revenir au cinéma puisqu’il vient de terminer "Ghost son" et qu’il tourne actuellement ce qui s’annonce comme son retour au giallo, "The torturer".

Il ne faut pas croire que la décennie 90 fût une période de vache maigre car il se fait alors une solide réputation dans le domaine des productions télés. Personne n’a pu oublié "La caverne de la rose d’or" (série d’héroïc-fantasy diffusée sur M6) : ses effets spéciaux ringards, son histoire débordante d’imagination, ses guests stars sur le retour (Brigitte Nielsen) et l’occasion de voir débuter Alessandra Martines (future madame Claude Lelouch).

Réalisateur tant décrié, Lamberto Bava mérite de sortir de l’ombre paternelle, pour prendre sa place parmi les solides artisans du cinéma bis, celui que nous chérissons tous.

Gérald GIACOMINI
Le 25/11/2005

Lionel Colnard