Cabin fever 3 : patient zero
Cabin fever 3 : patient zero
Préquelle des deux premiers "Cabin Fever", ce troisième opus permet de découvrir (ou pas) d’où vient ce foutu virus qui a contaminé l’eau et créé des purulences ignobles et mortelles sur le corps des personnes infectées. Jonglant entre le camp militaire ou le patient zéro est gardé en quarantaine et une plage des caraïbes sur laquelle une bande de jeunes profitent de la vie avant que les choses ne dégénèrent, "Cabin Fever 3" nous éclairera t’il sur les raisons de cette catastrophe cutané et nous apportera t’il la dose de gore et d’humour escomptée ? Pas si sûr…
Même si tout le monde ne l’admet pas, "Cabin Fever", premier du nom, était (et est toujours) une bande efficace, maline, drôle qu’on à plaisir à revoir régulièrement. Ce premier opus était un film léger mais malgré tout plus profond qu’il n’y paraît doté de comédiens talentueux et shooté par un Eli Roth tout jeunot et en pleine possession de ses moyens. Le second film, réalisé par Ti West, était une pantalonnade qui n’arrivait pas à la cheville du premier volet mais qui possédait tout de même un sens du gore et de la blague cradingue plutôt bienvenu. Si ce début de paragraphe à tendance à s’attarder sur le début de la saga et à ne pas trop parler du volet qui devrait normalement nous intéresser c’est tout simplement car il est difficile de trouver autant de compliments et de choses à dire sur ce troisième opus.
Mais bon, puisqu’on est là pour parler de "Cabin Fever 3 : Patient Zero", alors allons y et commençons par le casting : soyons direct, il n’est pas spécialement de grande qualité. Enfin, pas que les jeunes acteurs soient particulièrement mauvais mais ils sont tout à fait interchangeables et bien loin des charismatiques Joey Kern, Rider Strong ou encore Giuseppe Andrews du premier volet. Ce problème d’interprétation n’est pas totalement imputable aux comédiens mais surtout à une caractérisation des personnages complètement inexistante. Même Sean Astin, interprète potentiellement correct, semble n’être là que pour cachetonner et tenter d’assurer un minimum sa reconversion post-« Seigneur des anneaux ». Des comédiens pas aidés par un scénario indigent tentant de recycler les idées des volets précédents tout en y ajoutant, en parallèle, une partie militaire bien fade. Alors que l’idée du patient zéro et de l’origine du virus aurait pu être bonne, elle n’est prétexte qu’à des scènes soporifiques au sein d’une base de l’armée dans laquelle le soi-disant virus aurait fait son apparition. Et qui en fait les frais ? Une bande de jeune en vacances, bien sûr, mais faut bien dire qu’ils le méritent ces jeunes vu qu’ils ne pensent qu’à boire et à copuler. Bref, deux parties distinctes qui ont bien du mal à cohabiter, leur seul point de convergence étant le manque d’originalité et l’ennui qu’elles provoquent. Un scénario extrêmement plat écrit par Jake Wade Wall auquel on doit déjà celui d’un des pires films des années 2000 : « When a stranger calls ». Cela aurait pu nous mettre la puce à l’oreille concernant la médiocrité de l’histoire de « Cabin Fever 3 » si seulement Wade Wall n’était pas aussi l’auteur de "Amusement", film à sketchs plutôt réussi. Un scénariste capable du pire comme du plutôt bon donc, mais qui cette fois-ci se rapproche plus du fond du panier.
Avec un matériau de base aussi faiblard, le réalisateur, Kaare Andrews, fait ce qu’il peut mais sans grande conviction, pour intégrer les éléments du cahier des charges de ce genre de film, à savoir du gore et un peu d’humour noir. Malheureusement, sans grande réussite non plus puisque les scènes sanglantes, bien que présentes dans la seconde moitié, ne sont ni répugnantes ni vraiment réussies esthétiquement et les tentatives de gags ragoutants (point fort des deux premiers opus) sont eux-mêmes plombés par une mise en scène plate et surtout, ils n’ont rien d’originaux et se contentent de reprendre la recette des autres films en remplaçant quelques détails. Exemple avec la scène du film d’Eli Roth dans laquelle le héros caressait l’entrecuisse de sa compagne avant de se rendre compte que son « intimité » était infectée et purulente. Dans « Cabin Fever 3 », on a le droit à une scène identique en version «too much » puisque cette fois, le héros ne met pas la main mais la tête entre les jambes contaminées de sa partenaire. Plus « trashy » mais moins efficace et moins bien joué, la scène tombe complètement à plat comme la majorité des scènes gores du film. Si l’on ajoute à ça, une dernière partie, certes plus rythmé, mais complètement tirée par les cheveux et sans intérêt, il n’y a pas grand-chose à sauver de ce troisième opus. Avec un peu de bonne volonté, on pourrait sûrement trouver quelques qualités au métrage mais l’envie de les chercher est anéantie par l’ennui profond et le sommeil qui nous guette tout du long. Une bien triste nouvelle surtout pour les fans du film d’Eli Roth ou même de celui de Ti West.
S’il avait été un film original et non une suite, « Cabin Fever 3 » aurait peut être mérité plus d’indulgence mais, en l’état, il n’est seulement qu’une suite mercantile, fainéante et sans âme. Même si le métrage se laisse regarder, on ne peut que pester devant un spectacle si paresseux à tous les niveaux alors que la saga « Cabin Fever » a pourtant un potentiel certain. Espérons juste, qu’au minimum, la saga suive l’exemple de celle de « Détour Mortel », qui elle aussi avait eu un troisième opus poussif avant de repartir vers une voie, certes débile et bancal, mais délicieusement gore et fun. A défaut de redevenir une saga horrifique de qualité, on demande juste à ce que les films « Cabin Fever » redeviennent simplement un plaisir coupable. Espérons que cela soit le cas pour le futur "Cabin Fever : Outbreak" !