Festival : compte-rendu du Pifff 2012

Festival : compte-rendu du Pifff 2012

PIFFF 2012

JOUR 1- OUVERTURE DU FESTIVAL

La cérémonie d'ouverture débute par la présentation du festival, avec les prises de parole de Gérard Cohen, Cyril Despontin et Fausto Fasulo. C'est donc la 2eme année qu' est organisé le Paris International Fantastic Film Festival, avec cette fois-ci une durée dans le temps plus longue: dix jours contre cinq l'année passée. Bravo à eux ainsi qu'à tous ceux ayant participé à ce qui est une franche réussite.
Lancé dans la joie et la bonne humeur par ses différents intervenants, le festival débute par un morceau de choix.
* «John dies at the end» (Hors compétition), le dernier film en date du bien trop rare Don Coscarelli («Phantasm», «Bubba Ho-Tep») ouvre donc les festivités et se révèle être l'un des meilleurs films montrés. Rempli d'humour et de second degré délicieux, ce long-métrage fait preuve d'une inventivité de tous les instants. Le dosage humour/horreur fonctionne à plein et ose aller sur les sentiers parfois de l'humour absurde. Drôlissime.

JOUR 2

* «Here comes the devil» (Compétition): un vent nouveau se lève concernant le cinéma fantastique en Amérique Latine, comme on le verra aussi avec «The cleaner». Ce film mexicain se révèle une intéressante relecture d'un cinéma sauvage et lubrique que l'on croyait disparu. Osant aborder de front la thématique de la sexualité à l'occasion d'une scène d'amour dans une voiture, il ne faudrait pas que les seins que l'on voit cachent le fait qu'il s'agit aussi d'une tragique histoire de perte, nimbée aussi de rites anciens.
* «The ABCs of death» (Hors compétition): attendu par les aficionados des anthologies horrifiques, c'était un pari risqué que de faire un film autour de 26 réalisateurs. Compilation inégale du fait d'une mise en chantier laissant chacun des intervenants faire ce qu'il veut dans le coin avant de soumettre leurs travaux. A l'exception des asiatiques (et d'un très sexuel et dérangeant segment indonésien), il est agréable de constater que c'est de l'hexagone que sort l'une des histoires les plus abouties grâce à Xavier Gens. Sinon, on ne retiendra pas grand chose de ces historiettes...Fortement décevant.
* «Stitches» (Compétition): l'irlandais Conor McMahon («Dead Meat») revient avec un slasher mais pas un enième thriller pour teeenagers. On est ici dans le festif et l'humour décomplexé comme en témoigne la plupart des meurtres et le politiquement incorrect (le sort réservé au pauvre chat). Bien que charpenté de manière classique (les codes du genre sont respectés), nos zygomatiques sont soumis à rude épreuve tellement les meurtres et les dialogues s'adonnent à un humour potache débridé. Enjoy!

JOUR 3

* «The cleaner» (Compétition): ce petit film péruvien fait preuve d'une grande sensibilité en utilisant la menace épidémiologique pour mieux s'attarder (et s'attacher) aux relations entre un homme et un enfant, dont personne ne veux et ne se soucie. Ce drame de la solitude est décuplé par le choc des images d'une ville où on ne trouve presque personne. Il faut accepter le principe d'un rythme contemplatif car tout y est exprimé dans une certaine lenteur. Quand on sait que c'est un premier film, on ne peut qu'être étonné d'une telle maîtrise artistique.
* «Quatre mouches de velours gris» (restauré): Précédant de peu la sortie dvd/ blu ray du très rare «Quatre mouches de velours gris», cette séance culte tombe au bon moment. Dernier film de la trilogie animalière du maestro italien, le plaisir de le découvrir sur grand écran est un régal.
* «Citadel» (Compétition): véritable bête de festival, c'est donc auréolé de tout un buzz favorable que le film de Ciaran Foy est montré au PIFF. Brut de décoffrage, il prend pour cadre une cité en pleine décrépitude. Dans cette violence non stop, on sent que plane une influence de Clive Barker et même du «Heartless» de Philip Ridley, avec la représentation fantasmagorique des racailles). Excellent dans sa représentation de la violence urbaine, il a fait forte impression sur les spectateurs.
* La soirée s'est achevée avec le virevoltant «Dragon Gate, la légende des sabres volants»...

JOUR 4

* Les films de Home Invasion sont monnaie courante ces derniers temps. Il est donc difficile de passer après certains d'entre eux (le «Mother's day» de Bousman) qui ont placé la barre très haut et le sujet semble bien avoir été étudié sous toutes les coutures. Sans surprises, «In their skin» (Compétition) , se suit néanmoins sans véritable déplaisir. Bénéficiant de deux acteurs particulièrement convaincants: James d'Arcy et Selma Blair.

JOUR 5

* «Crave» (Compétition): écho lointain et tardif au «Taxi Driver» de Martin Scorsese, mais sans grande finesse. Très bien shooté, «Crave», fait illusion, le temps qu'on s'aperçoive que les propos et la direction voulus ne mènent nulle part, donnant l'impression de tourner en rond. Notre antihéros finalement ne sombre pas dans cette folie qui pourrait lui faire perdre pied (à l'instar de Michael Douglas dans «Chute libre»), mais déraisonne par intermittences, du fait de ses émois amoureux.. Bien léger.
* «The Seasoning House»: alors là, on est face à ce qu'on nomme un film coup de poing ! Démarrant comme un torture porn, avec scène de violences sexuelles en sus, c'est avant tout un film de femmes, plaçant d'emblée une fillette dans le rôle de la Némésis de toute ces femmes violentées.

JOUR 6

* Il y a des projets fantasmés. C'est à ce groupe là qu'appartient «The Butterfly Room» (Compétition), qui nous met en avant l'égérie des sixties, la divine Barbara Steele. Cinquante ans ont passés depuis «Le masque du démon» et à part pour les nostalgiques, on est loin d'une quelconque réussite formelle. S'il y a l'ombre de Dario Argento qui plane sur ce film, c'est avant tout celui de «Giallo»!
* «Universal soldier: day of reckoning» (hors compétition): quatrième opus de la franchise «Universal soldier» on ne change pas une formule qui a fait ses preuves. Série B bourrine, elle ose s'aventurer dans le gore généreux. S'offre en plus une belle (en terme d'efficacité) introduction en vue subjective. Les amateurs d'action apprécieront.

JOUR 7

* «Doomsday Book» (Compétition): 3 films pour nous dépeindre 3 visions de la fin du monde, apocalypse imminente oblige ! Si le premier et le troisième s'adonnent volontiers à l'humour si cher aux terres asiatiques, on y trouve un opus plus sérieux, de la part du réalisateur du tourmenté «J'ai rencontré le diable». Une réflexion sur les robots, créés par l'homme et donc ici potentiellement détenteurs d'une âme...

JOUR 8

* «Modus Anomali» (Compétition): débutant comme une sorte d'éloge à la nature- façon «Long Week-end»-, ce film tourné en 8 jours se révèle extrêmement nerveux et incisif. Il se pare des vêtements du survival durant 50 minutes où l'angoisse marque des points. Mais, le vernis se craquelle: décors répétitifs donnant l'impression que la forêt est plus réduite, twist qui nous fait revisiter tout ce qu'on a vu.
* La soirée se termine par l'un des premiers films de Peter Jackson, «Bad Taste».

JOUR 9

* «The Body» (Compétition): l'un des co-scénaristes de «Les yeux de Julia» passe à la mise en scène. Si on est réducteur, je dirai que ça se voit, tellement la réalisation joue la carte du classicisme. Ce qui est voulu car de l'aveu même de son réalisateur, il s'agit de s'inscrire dans les pas d'Hitchcock et même de Clouzot. L'approche fantastique est distillée au compte-gouttes et son scénario est si bien huilé qu'on est finalement surpris par les révélations finales. Bien joué.
* Compétition courts métrages français: se détachant largement du lot, «Nostalgic Z», est très pro dans sa démarche et la charge anti banquier passe sans être alourdie. Largement au dessous niveau qualitatif, «Alice et Lucie», nous parle d'amour et de filiation dans des rapports plus qu'étranges; «La mort du loup» aborde l'inceste....voilà pour ceux qui nous paraissent les plus aboutis.
* La nuit Clive Barker: écrivain avant d'être réalisateur, c'est à un homme faisant preuve d'un talent multiple que le PIFFF décide de consacrer une nuit entière. Que des œuvres phares du genre. A commencer par «Cabal» qui se trouve rallongé par l'occasion grâce au travail de Russel Cherrington qui a retrouvé des morceaux enlevés du film. Un travail de patience qui méritait d'être visionné sur grand écran. Tant pis si l'on a dû regarder des passages en très basse qualité. Suivirent «Hellraiser-Le pacte», «Hellraiser II- Les écorchés» (version uncut) et à une heure matinale ou tardive, le sublime «Candyman».

JOUR 10

* Compétition courts métrages internationaux: deux films de très grande qualité et qu'on retrouvera dans le palmarès, se trouvent au dessus du lot: le très british «Exit» démontrant que le fantastique littéraire fait souvent des merveilles. La preuve ici! Le temporel «Record/Play» qui arrive de manière ingénieuse à nous tenir en haleine sur un concept pourtant bien éprouvé. Le dernier court présenté nous vient d'Espagne, «Llagas». Jouant sur la créativité d'un écrivain qui a contracté la lèpre, s'inspirant de Cronenberg, et de son rapport avec la transformation de la chair.
* «Horror Stories»: grande pourvoyeuse d'histoire horrifiques, l'Asie continue ici avec quatre histoires made in Corée. Des histoires terrifiantes pas trop inégales (pour une fois). Même si ma préférée reste celle où un mariage aux consonances culinaires va voir s'opposer une mère contre une de ses filles.
* Et le soir, le film de clôture du PIFFF 2012, est l'une des attractions les plus attendues de cette fin d'année:«Silent Hill: revelation 3D», sur lequel il n'est pas la peine de s'attarder plus longuement ici vu le piètre niveau du film.

RECOMPENSES
*Prix du meilleur film décerné par le jury international:«The Body»
*Mention spéciale: «The cleaner»
*Prix du meilleur court métrage international: «Exit»

*Prix du meilleur court- métrage français: «Nostalgic Z»
*Mention spéciale du cour-métrage français: «Food Elle»

*Prix du meilleur long-métrage décerné par le public: «Citadel»
*Prix du meilleur court-métrage français décerné par le public: «Nostalgic Z»
*Prix du meilleur court-métrage international décerné par le public: «Record/Play»

*Prix Ciné + Frisson meilleur film: «The Body»
*Prix Ciné + Frisson meilleur court français : «Nostalgic Z»

Gérald Giacomini