Team america : world police
Team america : world police
Trey Parker et Matt Stone reviennent avec une nouvelle offrande. Si vous pensiez qu'après South Park ils ne pourraient pas aller plus loin tant le dessin animé repoussait les frontières de la décence, et bien vous aviez tort. En fait, vous n'aviez encore rien vu !
Paris. Des terroristes islamistes détenant une arme de destruction massive s'organisent au pied de la tour Eiffel. C'est alors que surgit la Team America, un commando indépendant d'américains persuadés d'œuvrer pour le bien de l'humanité. Leur seul défaut, c'est d'avoir tort ! Ainsi lorsqu'ils quittent Paris, ils ne laissent que cendres et chaos : la tour Eiffel s'est écroulée sur l'Arc de Triomphe, et le Louvre est en ruine.
Mais au cours de la mission un des membres de la Team America est tué. Leur tâche de "seul espoir de l'humanité contre la menace terroriste" est compromise… A moins qu'ils ne réussissent à recruter Gary, la coqueluche de Broadway.
Les deux joyeux lurons responsables de South Park mais aussi de "Cannibal the Musical", vous ont préparé ici un cocktail explosif. Une touche de parodie de blockbuster, un trait de "Thunderbirds" et un sacrée dose de cet humour qui leur est propre ; secouez très fort, et voici et vous obtiendrez un film de marionnettes très adulte. Tellement adulte en fait, que des scènes d'urophilie et de scatophilie ont dues être évincées par la censure (mais les deux amis ont promis de les inclure dans les bonus du DVD). Mais rassurez-vous, ce qui est donné en pâture au spectateur n'en demeure pas moins offensif. Des marionnettes décapitées dans des gerbes sanguinolentes, ou encore un passage en revue du kama-sutra, voilà ce que les esprits malades de Parker et Stone ont pondus.
Toutefois, ils sont loin de s'en tenir à ces quelques "banalités" puisque la bande originale du film est elle-même explicite ("America – Fuck Yeah !"). Chacune des chansons est directement liée à l'image et contribuent au déroulement du métrage. Comme c'est trop peu souvent le cas, elles ne jouent pas qu'un rôle de remplissage. Le métrage pousse même le bouchon jusqu'à la comédie musicale. Et voir un dictateur nord coréen chanter sa solitude avec un accent à couper au couteau est vraiment irrésistible.
Cependant rien à voir avec les marionnettes du "Meet the Feebles" de Peter Jackson. D'une part il s'agit ici de pantins. Les personnages sont manipulés à l'aide de ficelles, volontairement visibles, et ressemblent à des jouets. En outre le contexte est différent : le but de Team America est d'en mettre plein la figure au plus grand nombre. Outre les films parodiés outrageusement, nombre de personnalités en prennent pour leur grade (pour ne pas gâcher la surprise, je ne révèlerais pas de qui il s'agit) et l'administration Bush, si elle n'est pas nommée, est ouvertement critiquée.
En définitive la société américaine en ressort peu glorieuse.
Pourtant on est loin de Michael Moore et de ses critiques "intelligentes", le métrage de Trey Parker est plutôt du genre bulldozer. Les protagonistes sont constamment projetés dans des situations peu reluisantes desquelles ils sortent encore moins reluisants. A ce titre la scène de contre-terrorisme à Paris est tout a fait représentative du message passé par les deux américains. C'est probablement grâce au ridicule poussé a son paroxysme que le métrage se trouve être aussi efficace. Grâce à un enchaînement de situations cocasses des plus habiles, il n'est laissé aucun répit au spectateur. Assis dans son fauteuil le pauvre quidam peut sentir son esprit devenir contaminé par les blagues tordues qui noient sa rétine d'un flot quasi-continu.
La morale du film elle-même suit ce fil rouge : afin d'être un "héros" il faut passer sous le bureau. Mais les choses sont présentées de façon bien plus directes sur pellicule, humour maison oblige…
Ce qui est la grande qualité du film pourra donc lui être préjudiciable. En effet si la perspective de voir des marionnettes détruire le monde au nom de la paix mondiale, le tout sur fond d'humour scato, ne vous intéresse pas, alors Team America vous sera indifférent. Dans le cas contraire, préparez-vous à rire jusqu'à en tomber de votre siège.
Une réserve toutefois, la version française du film risque d'endommager considérablement le métrage qui repose majoritairement sur des expressions typiquement anglophones. En ce sens, la scène finale est celle qui serait la plus susceptible d'être endommagée. Délaissez donc les doublages et préférez-leur la version originale.