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Kaiju, envahisseurs et apocalypse
Kaiju, envahisseurs et apocalypse
1954. Godzilla surgit des profondeurs du Pacifique pour poser son empreinte sur le Japon et l'histoire du cinéma. Durant les décennies qui vont suivre, les studios japonais rivalisent de créativité et d'ingéniosité pour produire des oeuvres qui vont façonner la culture populaire du pays : kaiju eiga, invasion extraterrestre, expériences scientifiques démentes, super-héros, odyssées spatiales et catastrophe imminente.
Pour la première fois en France, Kaiju, envahisseurs & apocalypse se propose de raconter une histoire du cinéma de science-fiction japonais, de l'âge d'or des studios au milieu du XXè siècle à leur déclin dans les années 1970. De Godzilla à Gamera, de l'homme invisible à Super Giant, de la cité engloutie d'Ataragon aux galaxies lointaines des Evadés de l'espace, c'est toute la richesse de cet univers que vous retrouverez au sein de 25 chapitres thématiques et d'une encyclopédie exhaustive.
L'AVIS :
Il faut bien l'avouer, le kaiju eiga et la science-fiction japonaise n'ont pas formidable réputation en France. Souvent réduits aux plus honteux de ses rejetons, aux dérives des pires épisodes de Godzilla, d'Ultraman et de leurs cousins, ces genres bien particuliers commencent néanmoins à être peu à peu réhabilités chez les amateurs de cinéma : de Jean-Pierre Putters et ses Craignos Monsters au coffret Majin du Chat qui fume, du Cinéma de Quartier de Jean-Pierre Dionnet au regain d'intérêt ayant suivi les versions américaines de Godzilla, en passant par ma modeste tentative de vous faire découvrir ces films sur ce site (et en attendant que mon harcèlement régulier envers Stéphane Erbisti le voit enfin y consacrer un numéro de son Toutes les couleurs du bis !), le genre s'est peu à peu (re)fait une petite place dans la grande famille des amateurs de cinéma fantastique, jusqu'à accoucher de sa Bible : Kaiju, envahisseurs & apocalypse - l'âge d'or de la science-fiction japonaise.
Fabien Mauro, à qui l'on doit déjà le passionnant livre sur Ishiro Honda : un humanisme monstre, nous livre ici un pavé de plus de 500 pages consacré au kaiju eiga et à la science-fiction japonaise de 1949 à 1980. L'occasion de revenir, grâce à des descriptions très détaillées, sur les grandes étapes du genre, sur ses grandes figures (Godzilla et Gamera se taillent une belle part, évidemment), sur ses déclinaisons, sur ses inspirations et son influence à l'international. On s'aperçoit ainsi de la richesse de ce cinéma, qui explore autant ses propres spécificités (kaiju eiga, tokusatsu, importance de la nature, conséquences des bombardements atomiques) qu'il développe des thèmes classiques (homme invisible, chaînon manquants, invasions extraterrestres, savants fous...).
On ne se lassera pas de parcourir les 25 chapitres, auxquels s'ajoutent des Focus sur certaines oeuvres remarquables (The Visitor in the eye, Le Visage d'un autre...) ou sur les héros de la TOEI (Kamen Rider ), des biographies... On prend ainsi plaisir à découvrir une quantité inouïe de films (les classiques Matango, La Submersion du Japon, L'Homme H, les peut-être moins connus Goke ou Genocide...), et à en redécouvrir de nombreux autres au travers d'innombrables détails et anecdotes (on n'ose imaginer le travail titanesque qu'a nécessité l'ouvrage), jusque dans une encyclopédie assez folle en fin de livre reprenant fiches techniques, synopsis, notes, revue de presse et un détail terriblement frustrant des éditions vidéos, qui rappelle la difficulté que l'on peut rencontrer pour voir certains de ces films dans de bonnes conditions !
Et si le plaisir de lire la plume de Fabien Mauro n'était pas suffisant, le livre propose également une iconographie extrêmement riche : affiches de films (et notamment des affiches françaises, preuve d'une époque révolue où Godzilla connaissait les joies de nos grands écrans), images de tournage, extraits de films ou de série et matériel promotionnel, souvent en grande taille : on en prend véritablement plein les yeux tout en découvrant, une nouvelle fois, certaines spécificités de l'exploitation cinématographique japonaise grâce à plus de 700 illustrations.
Bref, Kaiju, envahisseurs & apocalypse est tout simplement... monstrueux. Un livre absolument essentiel, autant pour les amateurs du genre (qui découvriront de toute façon énormément de choses) que pour les néophytes et curieux. Espérons que l'ouvrage permette de témoigner à son tour de l'intérêt du public pour ces films, voire même d'inciter les éditeurs à nous offrir certains de ces bijoux !