Affiche française
Other side - the | Andra sidan | 2020
Affiche originale
Other side - the | Andra sidan | 2020
Date de sortie
Pays
Couleur ?
oui
Musique de

Other side - the

Andra sidan

Shirin, débutante dans son rôle de belle-mère, emménage dans une nouvelle maison avec son compagnon Fredrik et son fils Lucas. Ce nouveau foyer lui semble être l’endroit idéal pour fonder une famille. Mais lorsque Fredrik part en déplacement professionnel, Shirin entend des bruits étranges émanant de l’autre moitié du pavillon, alors que Lucas se fait un nouvel ami mystérieux...

Other side - the | Andra sidan | 2020

L'AVIS :

« Il y a quelques années, nous sommes entrés en contact avec une famille qui prétendait avoir vécu quelque chose de très effrayant et paranormal en 2014. Selon eux, une sorte d'entité avait tenté d’enlever leur enfant. Tout a commencé avec leur emménagement dans une nouvelle maison. Et tout s'est terminé lorsqu'ils ont décidé de déménager. La mère de la famille a d'abord été accusée par le mari d'être responsable des blessures subies par l'enfant. Mais lorsque le mari lui-même a vécu des événements inexplicables, il en est venu à croire que "quelque chose" hantait la famille. La famille souhaite rester anonyme. Peu de temps après, j'ai moi-même vécu une expérience effrayante. Je vis dans une maison en duplex et nos voisins ont déménagé. Quelques nuits plus tard, nous avons entendu des bruits provenant du côté de la maison maintenant vide. On aurait dit que quelqu'un descendait les escaliers... Cela a continué pendant une semaine environ, puis ça s'est arrêté. Tous les soirs, à peu près à la même heure. Je n'ai jamais eu d'explication. Cette expérience et celle de la famille nous ont inspirés le film. » Ces propos sont ceux du réalisateur Tord Danielsson, qui a œuvré en tant que metteur en scène de séries-télévisées suédoises avant de tenter l'expérience cinématographique en 2020, aidé par son ami Oskar Mellander, qu'il a rencontré en 2012, lors du tournage de The Last Reality Show, une série-télé horrifique. Leur projet commun est donc "The Other Side", qui a été sélectionné au festival de Gerardmer 2021 entre autres.

La lecture du résumé de l'histoire, ainsi que les propos de Tord Danielsson ci-dessus, nous font rapidement comprendre qu'on ne va pas être en présence d'un film qui mise sur l'originalité, puisque le sujet retenu a déjà été traité des dizaines de fois dans d'autres films, avec plus ou moins de bonheur. Le couple avec un enfant qui s'installent dans une nouvelle maison qui va devenir un lieu anxiogène, on a déjà donné, c'est du vu et revu. Maintenant, même avec un thème rabâché maintes fois, on peut être en présence d'une bonne surprise et d'un film qui fait le job à défaut d'innover. C'est le cas de "The Other Side". Même si on a absolument tous les clichés inhérents à ce type d'histoire, même si les deux réalisateurs recyclent toutes leurs influences, tous les artifices qu'ils ont apprécié dans leurs films de prédilection (bruits sourds dans les cloisons des murs, le grenier inquiétant, les voix lugubres, le copain imaginaire, la "chose" présente dans une chambre vue à travers un écran vidéo, la créature contorsionniste et même la Spider Walk de la version longue de L'Exorciste à un moment et j'en passe), il faut reconnaître que l'attention et le souci du détail avec lesquels ils ont façonné leur première oeuvre cinématographique font de "The Other Side" un bel hommage aux films de maisons hantées modernes.

Si l'originalité n'est pas à chercher du côté du scénario, le savoir-faire des deux hommes se fait néanmoins ressentir tout au long du film. Car niveau technique et rendu d'atmosphère angoissante, on ne peut pas dire que Tord Danielsson et Oskar Mellander soient des manchots ! Visuellement, le film est très travaillé et superbement mis en scène. Les plans, le cadrage, et surtout le jeu sur le contraste entre lumière et obscurité est vraiment réussi, servant à merveille les scènes de stress dans lesquelles on sait qu'une présence se cache dans la pénombre, comme sous le lit du jeune Lucas par exemple. Tout est mis en place par les deux réalisateurs pour faire grimper votre trouillomètre et ce, en évitant l'avalanche de jump-scares, le travail sur l'atmosphère étant privilégié ici. La caméra devient souvent les yeux des protagonistes de l'histoire et nous place donc avec eux au sein de cette maison qui va voir de curieux événements se produire. Le décor même de la maison est à mettre en avant. C'est en effet une maison accolée, uniquement séparé de la même maison par un mur. Celle qui viennent d'acheter les trois héros du film a été réaménagé et la façade rafraîchie, ce qui fait qu'elle se montre lumineuse vue de l'extérieure. A contrario, la maison d'à côté, abandonnée depuis longtemps, fait figure de côté face, puisque sa façade est décrépie, sombre, ténébreuse, avec ce jardin laissé à l'abandon. Le contraste entre les deux est assez saisissant et provoque déjà un sentiment d'inquiétude. Plus flippant encore, le grenier est un grenier commun au deux maisons et seule la trappe d'accès fait office de porte d'entrée, permettant à qui le voudrait de se déplacer d'une maison à l'autre. C'est donc dans cette nouvelle demeure que vont évoluer Fredrik, son fils Lucas et sa nouvelle femme Shirin. La bagage émotionnel concernant Lucas est bien mis en avant, avec la perte de sa vraie mère, décédée d'un cancer. Ce petit garçon de cinq ans doit déjà vivre avec la mort et apprendre à aimer sa belle-mère. Une relation compliquée pour un enfant, qui l'est tout autant pour l'adulte représenté par Shirin.

Cette dernière est admirablement interprétée par l'actrice Dilan Gwyn, qui donne une vraie épaisseur à son personnage et va passer par diverses émotions, qu'elle parvient fort bien à retransmettre à l'écran. Il en est d'ailleurs de même pour le jeune acteur jouant Lucas, qui s'en sort vraiment très bien. Le rapport fils/belle-mère est l'une des thématiques principales du film et si, là encore, on n'est pas en présence de quelque chose de très original, leur duo fonctionne du tonnerre et l'évolution de leur rapport deviendra le fer de lance de l'histoire. Car c'est bel et bien l'amour que peut ressentir une personne pour un enfant qui n'est pas le sien qui est en fait la clé de voûte du film et cette idée est parfaitement insérée au sein de l'histoire, qui se sert des éléments fantastiques et horrifiques pour la mettre en avant. On notera au passage la très bonne partition musicale de Jonas Wikstrand, qui remplit parfaitement sa fonction et assure quelques frissons bienvenus. La Suède nous offre donc un film des plus convenables, qui fera flipper bon nombre de néophytes. Les amateurs du genre y verront plus un film passe-partout, recyclant les codes et préceptes déjà usités auparavant, tout en reconnaissant le soin formel apporté aux images et surtout, l'envie de bien faire des deux réalisateurs, qui est plus que palpable. "The Other Side" remplit le cahier des charges en tout cas, dommage qu'il arrive après la bataille. Mais dans son genre, on ne peut pas dire qu'il n'est pas réussi en tout cas et l'interprétation de Dilan Gwyn y est pour beaucoup.

Other side - the | Andra sidan | 2020
Other side - the | Andra sidan | 2020
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Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti