Rosewood Lane
Rosewood Lane
Le Dr Sonny Blake, une psychiatre animant une émission radiophonique, revient au village de son enfance, un an après la mort de son père, afin de vivre dans la maison de celui-ci après un difficile traumatisme. A son arrivée, un voisin lui apprend que le livreur de journaux est complètement cinglé et qu’il aurait pu s’en prendre à son géniteur. C’est alors qu’il commence à la harceler…
Cinq ans après son précédent film (« Le guerrier pacifique », inconnu dans nos contrées) le metteur en scène du très remarqué et culte "Jeepers Creepers" revenait en 2011 avec un thriller horrifique plutôt pas mal pour un DTV. En même temps, il faut bien avouer que les ¾ des métrages méritent ce sort, tellement ils sont mauvais ! Mais revenons à nos moutons, dans Rosewood Lane, Victor Salva endossant la double casquette de réalisateur/scénariste, va exécuter son film à partir d'une trame déjà mille fois vue avant : quelqu’un du voisinage du personnage principal est en fait un parfait psychopathe qui le harcèle alors que personne ne semble le croire car il n'y a pas le moindre début de preuve, ni témoin encore vivant. Ainsi, Le scénario suivra une évolution classique dans ce genre avec : la rencontre, le harcèlement, la disparition de témoin gênant, l’absence de preuve probante, l’étonnement des voisins, l’assassinat de proches, j’en passe et des meilleurs. Seulement voilà, c’est Salva derrière la caméra et à partir d’un matériau de base restreint sur le papier, il arrive à nous faire quelque chose de pas mal. Manifestement, il maîtrise parfaitement les codes de ce genre de récit et en joue pour notre plus grand plaisir, il sait également y faire pour tenir en haleine ses spectateurs et surtout, il connait les ficelles pour rendre une trame ténue assez intrigante, voire prenante par moments et du coup son métrage se laisse visionner sans que l’on regarde trop sa montre, c’est déjà ça ! D’autant plus que la photographie, très sombre, est superbe et que le thème récurent avec violon et piano de la bande-son est relativement ensorcelant.
Il est vrai qu'il est plutôt plaisant de retrouver Rose McGowan que l'on n'avait pas vue depuis quelques temps dans un premier rôle. Elle incarne sûrement mais sans plus l'héroïne au passé douloureux alors que le jeune livreur de journaux (Daniel Ross Owens, aperçu dans "The final") est très intéressant et vraiment investi dans son rôle. Côté seconds rôles, on rencontre le visage très reconnaissable de Ray Wise ("Robocop", la série "Twin Peaks", "Dead end"), une valeur sûre côté interprétation, mais également la toujours aussi charmante Lauren Velez (vue dans «la série « Oz » mais surtout Capitaine Maria Laguerta dans « Dexter »), ainsi que Lesley-Anne Down ("Nomads", "Dark house" de…Victor Salva) mais le temps de jeu à l’écran des deux dernières est trop bref pour que l’on puisse juger pleinement de leur prestation.
Après, c’est sûr qu’à aucun moment on a peur et on déplorera que le suspense n'ait pas la force nécessaire pour clouer le spectateur sur son siège. Ce n’est pas si mal que ça, mais bon ce n'est pas transcendant non plus même si l'intrigue se laisse suivre malgré quelques procédés scénaristiques un peu faciles et usants à la longue. De plus, d’aucuns pourrait reprocher au métrage que sa fin soit un peu trop tirée par les cheveux. Pourtant, si on y regarde de plus près, c'est assez logique et cet argument vient donner une explication acceptable à ce film honorable mais sans plus. De fait, l’ultime révélation sur l’étrange capacité du paper boy à se déplacer vite vient contrebalancer l'invraisemblable passivité de la police, qui n’a jamais été, de mémoire, aussi incompétente dans un film (cf. la scène avec le tuba dépassant du monticule de terre) !
Mais ce qui vient saborder ce long-métrage c’est quelques ratages (comme celui incroyable du flic qui meurt d'une flèche digne d'un "Scary Movie" ! ou encore le rire ridicule du jeune livreur de journaux notamment lorsqu’il est perché en haut d’un arbre !) et surtout, des questions qui demeurent sans réponses. En effet, quid du copain enterré ? D'où sort ce jeune psychopathe ? Pourquoi ce lien avec l'adresse de parents adoptifs ? Et pourquoi il vient la persécuter elle ? Pourquoi alors Salva a-t-il pris le parti de donner si peu de réponses au spectateur au final ? Alors peut-être qu’il a voulu entourer son film d'un certain mystère, mais bon, là il se moque carrément du sort de certains de ses personnages et du coup du spectateur par la même occasion ! Cela donne juste le sentiment qu'il ne savait pas comment conclure son récit, et de fait, il serait alors légitime que les plus exigeants d’entre nous restent sur leur faim et soient déçus par ce thriller parfois bancal.
Au final, Victor Salva réalise un film parfois maladroit mais qui reste prenant pour partie et assez efficace dans son déroulement. Rosewood Lane est donc un thriller horrifique qui se laisse regarder, l'histoire est, au final, plutôt originale, même si l’ultime plan ne donne pas beaucoup de réponses et laissera les spectateurs les plus pointilleux assez perplexes. A voir, mais ce n'est pas non plus un incontournable.