Train des epouvantes - le

Dr terror's house of horrors

Dans le premier film à sketches du réalisateur britannique Freddie Francis, cinq hommes vont prendre place dans un train à destination inconnue. Ils seront rejoints par un homme mystérieux qui se présente comme étant le Dr Schreck, le mot allemand pour terreur. Il sort un jeu de tarots et leur assure qu'il peut prédire leur avenir. Les cinq hommes ne croient pas trop en ces balivernes, mais Schreck va les convaincre l'un après l'autre. Leur destin sera révélé sous forme de cinq segments distincts, liés entre eux par la sombre présence du mystérieux Dr Schreck.

Produit par la compagnie Amicus, ce film rappelle néanmoins de nombreuses productions Hammer, tant au niveau de la mise en scène que des acteurs, tous britanniques. Francis réalisera deux autres films à sketches pour Amicus, le très bon Torture Garden (1967) et Tales from the crypt (1972), inspiré des célèbres histoires de la BD d'horreur de William Gaines.

TRAIN DES EPOUVANTES - LE | DR TERROR'S HOUSE OF HORRORS | 1964

La première histoire suit Jamie Dawson (Neil McCallum) dans une vieille demeure où il doit effectuer des modifications pour la propriétaire. Dans la cave, il découvre par hasard la tombe d'un ancien propriétaire, réputé s'être transformé en loup-garou et voulant se venger des descendants de l'homme lui ayant soi-disant volé sa propriété, et qui n'est autre que Dawson. La fille du majordome est tuée et Dawson va réaliser la vraie raison pour sa présence en cette sinistre demeure.

Ce segment est plutôt bien mis en scène, avec quelques scènes de suspens efficaces, une ambiance étrange et une musique agréablement mystérieuse. Mais malgré un bon début, la fin est assez confuse et on regrette de ne pas voir de véritable loup-garou. En effet, la bête se limite à l'image furtive d'un vrai loup et de mains griffues vues à la toute fin. Les effets spéciaux sont donc de piètre qualité et la couleur du sang franchement cheap. Néanmoins, ce segment est une très bonne entrée en matière et l'on se réjouit déjà pour la suite.

Malheureusement, la deuxième histoire n'est pas à la hauteur de la première. Bill Rogers (Alan Freeman) part en vacances avec sa femme et sa fille. La maison où ils vont séjourner est rapidement envahie par une plante grimpante qui s'avère être munie d'un cerveau, donc d'une intelligence. Oui, c'est effectivement assez drôle, en particulier les dialogues dont voici un avant-goût : "Une telle plante pourrait dominer le monde". Une phrase pleine de menace sous-jacente, n'est-ce pas ? Au moins, ce segment a le mérite d'être très drôle à défaut d'être bon mais à aucun moment, l'on ne ressent une menace réelle. Même pas lors de la dernière image ambiguë. Les acteurs sont moyens et le scientifique appelé à la rescousse nous donne un cours de botanique tout à fait superflu. On sait ce qui va se passer, inutile de prolonger les explications.

La troisième histoire est aussi la plus mauvaise du lot. Elle concerne Biff Bailey (Roy Castle), un musicien qui est envoyé sur l'île de Haïti pour jouer dans un restaurant local. Au travers un incident risible, il va découvrir que la religion de la population est le vaudou et cela va attiser sa curiosité. Il assiste en secret à une cérémonie mais lorsqu'il note par écrit les mélodies qu'il entend, il est découvert par les participants. Leur chef le menace de tous les malheurs du monde s'il ose s'en servir, mais il ne l'écoutera pas. Son destin est scellé.

Roy Castle est un acteur particulièrement mauvais et inspire plus à la franche rigolade qu'autre chose. On se dit qu'il mérite vraiment ce qui lui arrive. L'histoire est également gâchée par des relents désagréablement racistes et sexistes, tournant le vaudou et ses pratiquants en ridicule. L'idée de ce qui arrive lorsque l'on passe outre les droits de propriété d'une œuvre d'art est pourtant bonne, mais très mal exploitée ici. Les décors et les costumes ont l'air de sortir tout droit d'une imagination pleine de clichés sans avoir fait l'objet d'aucune forme de recherche réelle. La musique est beaucoup trop présente et répétitive et la fin est tout simplement nulle, vide de tout suspens horrifique.

Dans la quatrième histoire, Christopher Lee joue Franklyn Marsh, un critique d'art prétentieux sans bornes. Son seul amusement est de casser les artistes exposants, faisant transparaître sa propre frustration d'être incapable de créer de façon subtile. Dans un coup du destin particulièrement retors, Marsh va écraser le peintre dont il rabaisse les oeuvres au début du sketch, Eric Landor (joué par Michael Gough, le Alfred de la série Batman), et s'enfuir en le laissant pour mort. Le peintre sera amputé de sa main et voit sa vie détruite du fait de ne plus pouvoir créer. Sa main coupée va désormais s'acharner sur Marsh, ne lui laissant aucun répit, rappelant de façon amusante bien des scènes d'Evil Dead II.

La présence statuesque de Christopher Lee est pour beaucoup dans la réussite de ce segment. Les attaques incessantes de la main coupée le voient de plus en plus décomposé et son talent d'acteur brille à chaque image. La mise en scène est efficace, et la tension au rendez-vous, en particulier lors de la séquence de fin, où Marsh va lui-même découvrir ce qu'un artiste privé de son plus précieux atout peut ressentir en le perdant. La morale est un peu lourde, mais rien ne peut gâcher ce petit bijou.

Dans le dernier segment, Donald Sutherland joue Bob Carroll, un médecin nouveau-venu dans une petite ville en compagnie de sa femme. Il sera amené à examiner un petit garçon qui présente une sorte de morsure dans le cou et un manque évident de sang. Vous l'aurez compris, c'est une histoire de vampire sous les traits charmants de la femme du docteur. Son côté sombre nous est indiqué au tout début lors d'une scène teintée d'érotisme où elle lèche une coupure sur la main de son mari. Malheureusement, nous ne voyons pas grand chose d'autre et ses escapades nocturnes nous sont juste montrées par le vol très mal fait d'une chauve-souris en plastique aux yeux qui brillent comme les phares d'une voiture. Par le biais du Dr Blake, le deuxième médecin de la ville, Carroll se verra convaincu du vampirisme de sa femme et lui plantera un pieux dans le cœur. Mais Blake porte un secret bien à lui.

La fin du film voit nos cinq voyageurs arriver à ce qu'ils croient être la ville de Bradley. Mais il n'y a rien ici, rien d'autre que la mort qui rôde. L'on se demande alors pourquoi le Dr Schreck s'est donné la peine de prédire le destin des hommes. En battant ses cartes de tarot au début du trajet, il précise bien qu'elles ne montrent qu'un futur surnaturel, c'est à dire quelque chose dont la vérité ne peut être prouvée. Alors quelles sont ses raisons ? Tous ne sont pas destinés à une mort certaine dans les différents segments. Faut-il y voir le fait que la mort ne peut être contournée ? Ou que leurs véritables destins auraient été bien pires ?

Il faut bien le dire, le trio d'acteurs de haut niveau que sont Cushing, Lee et Sutherland relèvent grandement le niveau du film. Cushing fait un très beau vieux mais il est affublé d'un accent supposé allemand des plus ridicules. Cependant, il joue son personnage avec tout le sérieux du monde, lui conférant un air des plus sinistres et subtilement menaçant. Freddie Francis est un bon technicien qui sait placer sa caméra et suivre une action afin d'impliquer le spectateur directement. Son travail de caméraman brille par ailleurs de façon spectaculaire dans Les innocents (1961, Jack Clayton). Mais il a moins de chance avec les acteurs dont il est évident qu'il ne sache pas toujours qu'en faire. Il aurait mieux valu couper un segment afin de développer les autres histoires davantage, donnant notamment plus de profondeur aux personnages. Mais on ne va pas faire la fine bouche, étant donné que ce film est une façon très agréable de passer 1h35, ne serait-ce que pour les fans du trio cité plus haut.

TRAIN DES EPOUVANTES - LE | DR TERROR'S HOUSE OF HORRORS | 1964
TRAIN DES EPOUVANTES - LE | DR TERROR'S HOUSE OF HORRORS | 1964
TRAIN DES EPOUVANTES - LE | DR TERROR'S HOUSE OF HORRORS | 1964
Note
4
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Marija Nielsen