Turbo kid
Turbo kid
Les pluies acides ont rendu les terres stériles et les eaux toxiques, notre bonne vieille planète ressemble à un vaste champ de bataille où chacun cherche de la nourriture et de l’eau, n’hésitant pas à troquer ce qu’il trouve de vestiges de l’ancienne civilisation contre un petit quelque chose qui pourrait lui permettre de survivre.
Comme si cette vie misérable ne suffisait pas, il faut qu’un vilain tyran appelé Zeus sème la terreur et attise la peur sur ce que l’on appelle aujourd’hui « les Terres Désolées ».
Un jeune garçon, passionné de comic books et collectionneur de tout ce qui touchait à la culture geek avant que l’apocalypse ne vienne tout anéantir, fait la connaissance d’une belle inconnue nommée Apple.
Alors partis en expédition sur les Terres Désolées, Apple se fait enlever par le machiavélique Zeus. Le jeune garçon, héros de notre histoire, va devoir se battre contre l’armée sanguinaire de Zeus pour retrouver son amie et venger la mort de ses parents, assassinés par ce même homme des années auparavant.
Un trio de réalisateurs-scénaristes (François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell) avait proposé pour le fameux "ABC of death" un segment intitulé "T is for turbo". Remarqué lors de ce concours organisé pour confectionner "ABC of death", "T is for turbo" est ensuite devenu un long-métrage répondant au nom de "turbo kid".
Attendu par de nombreux fans de cinéma fantastique, "turbo kid" fut découvert par le festival de Sundance 2015 avant notamment d’arriver par chez nous lors de l’Etrange Festival la même année.
"T is for turbo" avait fait mouche en nous proposant une touche rétro très plaisante et un aspect comico-gore bienvenu. Qu’en est-il donc de ce "turbo kid" ? Réponse tout de suite !
La première chose que nous pouvons dire est que "turbo kid" est plutôt fidèle à son aîné (et prototype dirons-nous) "T is for turbo" dans le sens où nous retrouvons bien là ce qui faisait le charme de ce petit segment : un côté Eighties clairement mis en évidence, un humour entrecroisé avec un peu de grand n’importe quoi et du gore en veux-tu en voilà !
Croisons le ravageur "mad max 2 - le défi", le culte "waterworld" et le fou-fou "bounty killer" et vous obtenez "turbo kid". Notre trio de réalisateurs-scénaristes nous offre en effet ici un savoureux mélange de comico-gore, de post-nuke et de film d’aventure saupoudré d’une ambiance très 80’s (une musique électro, des costumes ringards, ce bon vieil ami de walkman qui parfois massacrait les bandes de nos petites cassettes audio, les VHS que tout fan qui se respecte conserve amoureusement chez lui… sans oublier la sublime affiche rappelant certains post-nuke italiens d’antan !).
L’humour conserve une place de choix dans "turbo kid". Drôle, souvent grand-guignolesque, cette extension de "T is for turbo" nous amusera avec ses personnages décalés (mention toute particulière à la jeune actrice canadienne Laurence Leboeuf jouant le rôle de l’illuminée et fofolle Apple), ses armées de motards en BMX (car oui, dans "turbo kid", les courses-poursuites « haletantes » se font en BMX étant donné que les motos ne fonctionnent pas sans essence !), ses incohérences volontairement flagrantes et si bêtes que nous en rigolons volontiers (nos héros qui parviennent à sortir tranquillement d’une piscine transformée en arène sous le regard de tous leurs ennemis / la facilité déconcertante qu’ont les personnages de se retrouver sur cette vaste map / une tête de robot scotchée sur un autre corps robotique sans tête et qui reprend vie sans le moindre bidouillage informatique et connectique…) et ses séquences gores carrément jouissives.
Car oui, outre l’humour omniprésent dans cette grande farce en hommage aux années 80, les effets spéciaux sont également mis à l’honneur dans "turbo kid". Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre équipe en charge des SFX se sont fait plaisir : explosions de corps à tout-va, œil arraché/crevé/extirpé, gorges sectionnées, crâne ouvert, têtes coupées dans tous les sens, corps découpé façon puzzle ou tout simplement coupé en deux dans le sens de la largeur, mandibule inférieure arrachée, charcutages à la scie circulaire ou à l’aide de petites hélices… Bref tant de joyeusetés saignantes à souhait qui viennent agrémenter les quelques séquences de combat (à noter également une torture des plus originales avec les tripes d’une victime reliées par un câble à la roue arrière d’un vélo sur lequel pédale un bourreau !)
Seulement voilà, malgré toutes ces bonnes petites choses que nous avons à nous mettre sous la dent, il faut bien avouer que malheureusement la mayonnaise peine parfois à prendre parfaitement (oui, une mayonnaise en tube pourrait être tout aussi bonne par moments). La faute principalement à un rythme très décousu : certaines séquences très blablateuses (celles mettant en scène nos deux jeunes amis plus particulièrement) cassent un rythme pourtant bien lancé en début de film (musique nostalgique, découverte du milieu et des nouvelles habitudes de vie des gens…).
Heureusement, les scènes de combats sont là pour nous remettre d’aplomb (nous en retiendrons surtout deux, plutôt bien réparties dans le film mais séparées par un grand vide scénaristique…).
Par ailleurs, ne cachons pas notre petit regret de ne pas avoir un scénario un peu plus riche en péripéties, en surprises… L’histoire qui nous est pondue ici s’avère des plus simplistes (même si nous ne sommes pas non plus tombés sur le scénario vide et frustrant d’un "mad max : fury road" par exemple, je m’excuse auprès des fans…) et se limite à « sauver mon amie et tuer le vilain méchant pas beau ».
Au final, ce "turbo kid" est une assez bonne surprise. Certes, le film n’est pas exempt de défauts (un scénario bien mince et un rythme très irrégulier) mais parvient tout de même à nous faire passer un agréable moment entre humour parfois bien con, scènes saignantes à foison et nostalgie des années 80 !