Visitation - the

Visitation - the

La petite ville d’Antioch est depuis quelque temps le théâtre de miracles, plus précisément depuis l’arrivée de Brandon Nichols. Un homme tétraplégique retrouve l’usage de ses jambes, un autre sort indemne d’un accident routier des plus violents, une femme guérit soudainement de ses cicatrices… Tant de miracles qui laissent penser que Brandon n’est pas étranger à tout cela. En véritable messie, ce dernier organise des réunions dans une grange aux abords de la ville durant lesquelles beaucoup espèrent un don de Dieu.

Travis, un ancien pasteur ayant perdu la Foi, et Morgan, une vétérinaire fraîchement arrivée dans la petite bourgade d’Antioch, vont mener leur enquête au sujet de ce mystérieux individu qui semble cacher bien des secrets… Véritable messie ou cruel usurpateur ? Qui est en réalité Brandon Nichols ?

VISITATION - THE | VISITATION - THE | 2006

Petit film américain réalisé par un certain Robby Henson (à qui l’on doit également "thr3e"), "the visitation" est sorti très discrètement par chez nous. Une sortie si discrète que c’est en se promenant dans les allées d’un magasin discount que votre rédacteur est tombé par pur hasard sur ce film. Inconnu au bataillon, c’est le résumé au dos du dvd qui a intrigué votre homme qui s’est alors empressé de voir cet intrigant "the visitation" pour vous en faire ensuite part.

Malgré cette forte impression de déjà vu à l’annonce même du résumé (les films de messies ou autres gourous sont devenus monnaie courante de nos jours), le film de Robby Henson tient la route et réussit même à nous tenir en haleine du début à la fin.

Et pourtant "the visitation" a une narration très lente dans sa première partie et il est vrai que le manque d’action se fait parfois cruellement ressentir. Toutefois, il faut bien reconnaître que l’intrigue, aussi longue soit-elle à se développer, est aboutie et le scénario s’avère même bien plus intelligent qu’il n’y parait aux premiers abords (même si, comme nous le verrons dans les paragraphes suivants, certains freins subsistent dans la narration).

Avec ses allures de téléfilm (rythme lent, grain d’image peu aguicheur, effets spéciaux très basiques pour ne pas dire parfois poussifs, cadrages grossiers par moments…), le long-métrage de Robby Henson nous livre une critique sociale axée sur la dévotion, voire même le fanatisme religieux, très intéressante et retranscrite de façon on ne peut plus explicite face à la caméra (vénération à outrance, marée humaine…).

Considéré comme un messie, Brandon Nichols est au cœur de toutes les préoccupations de cette petite bourgade dont les habitants, aveuglés par les miracles survenus, semblent tout simplement incapables de penser que tout ceci n’est qu’usurpation et illusion. Un rapport de force (spirituel) semblable à celui d’une secte dans laquelle notre cher Brandon Nichols serait le gourou.

Une histoire qui d’ailleurs se passe dans une petite ville de campagne : une critique sociale renforcée par cette impression de frontière entre le monde urbain et le monde rural qui nous place clairement face à des hommes éloignés de toute civilisation, facilement endoctrinables, visiblement fragiles (pour ne pas dire naïfs). Comme si le fait de ne pas vivre en ville impliquait que chaque habitant d’Antioch et ses environs soit ignorant et influençable au possible, "the visitation" va même plus loin dans cette critique du monde rural en nous montrant des gens en quasi transe (certaines scènes de dévotion sont parfaitement rendues) devant Brandon, incapables de percevoir les quelques indices (pourquoi Brandon viendrait-il dans cet endroit si reculé ? Les acolytes de notre « messie » n’ont-ils pas l’air quelques peu louches ?...) qui nous poussent, nous spectateurs, à croire en une supercherie voire même, au vue de ces miracles accomplis (car ils sont bien réels eux!), en une force maléfique…

Quelques écueils donc (il y a anguille sous roche, c’est flagrant… mais les habitants d’Antioch ne le voient pas, fascinés par tant de miracles) dans une narration peut-être un peu trop facile et se plaisant dans cette critique sociale fortement étirée tout au long du film.

"The visitation" nous livre en tout cas un casting de bonne facture. Pour un film pas tape-à-l’œil pour un rond, il faut bien reconnaître que les acteurs et actrices passent bien à l’écran et sont convaincants en majeure partie.
Edward Furlong ("terminator 2", "american history x"…) nous livre ici une interprétation honnête en jouant le rôle phare de Brandon Nichols, un être intrigant et énigmatique au départ qui se dévoilera progressivement au fil de l’histoire. Un rôle qui lui colle plutôt bien à la peau (qui s’est d’ailleurs étirée avec les années… hum hum), même si son personnage s’avèrera moins charismatique dans la seconde partie du film.
Du côté du duo de héros, si le personnage de Travis (Martin Donovan) demeure assez banal, celui de Morgan (Kelly Lynch) par contre aura le mérite de ne pas tomber dans la facilité, préférant la carte de la discrétion et du réalisme plutôt que l’héroïsme à deux balles énervant ou au contraire la victimisation poussée à l’extrême (je crie, je pleure, je hurle pour que l’on me libère).
Enfin, n’oublions pas le personnage du shérif (joué par Richard Tyson) qui nous offrira l’une des toutes meilleures scènes du film (un cache-cache quelque peu oppressant, bien que pas assez long, dans une cave) où notre ami des forces de l’ordre, victime d’une folie dévastatrice (qui m’a fait penser à ce bon vieux "simetierre 2"… avec Edward Furlong justement!) et en proie à des hallucinations, va tirer sur tout ce qui bouge.

Au final, malgré des allures de téléfilm et un goût prononcé pour l’exagération (une critique sociale peut-être un peu trop poussée rendant difficile le réalisme de plusieurs situations, sans oublier certaines énormités comme le fait de balancer une Bible pour qu’elle s’interpose entre un couteau et le corps d’une victime…), "the visitation" n’est pas pour autant un mauvais film. Avec son histoire, certes longuette par moments mais assez plaisante il est vrai, et son casting d’honnête facture, le film de Robby Henson vaut tout de même la peine d’être vu, un dimanche en soirée quand il pleut par exemple…

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Note
3
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David Maurice