Affiche française
VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001
Affiche originale
VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001
Un film de
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Voyage de chihiro - le

Sen to Chihiro no kamikakushi

Venant de déménager avec ses parents, la petite Chihiro part en ballade avec eux dans un parc d'attraction apparemment abandonné. Mauvaise surprise, il n'est pas abandonné mais habité par des êtres effrayants et magiques. Après la transformation de ses parents en cochon, la petite fille tente de se frayer un chemin parmi les dieux et les monstres…

VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001

Equivalent de Disney au Japon, le studio Ghibli commence à acquérir une certaine importance dans notre beau pays vers le milieu des années 90 via le fameux "Porco Rosso". Petit à petit, les films du studio sont distribués chez nous, permettant de se faire connaître du grand public. L'objectif a été atteint mais peut être trop tard (car il reste encore quelques inédits). Le studio Ghibli se démarque de Disney par une intelligence, une maturité et un talent tout simplement uniques. Supprimant la mièvrerie et les chansons inutiles, pour les remplacer par des sentiments d'une force sans égale et de magnifiques bandes sonores signées par Joe Hisaishi, le studio s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes par des chefs d'œuvres qu'il serait dommage de rater.
Plus rêveur et plus optimiste que son collaborateur Isao Takahata, Hayao Miyazaki signe des œuvres magiques en tout point de vue, dotées d'atouts considérables comme une qualité graphique bluffante et un univers gonflé d'espoir et de fraîcheur. Avec "Princesse Mononoké" et "Le voyage de Chihiro", il arrive à un cinéma plus adulte, empli de moult détails que n'oserait appliquer le royaume de Mickey.

Carrément encensé par la critique et le public, "Le voyage de Chihiro" se verra décrocher l'Ours d'or au festival de Berlin (premier film d'animation à recevoir un tel prix) et sera acclamé un peu partout où il passera. Pour certains le film le plus abouti de Miyazaki, "Le voyage de Chihiro" va effectivement très loin en termes de qualité et de maturité. Sorte de "Alice aux pays des merveilles" version cauchemardesque, "Le voyage de Chihiro" fait un peu moins dans la tendresse que "Mon voisin Totoro" ou "Kiki la petite sorcière" qui sont des films "pour kids" peut-être, mais des chefs-d'œuvres sans aucun doute. Chihiro est donc la nouvelle héroïne de Miyazaki, qui préfère mettre un personnage masculin en second plan. Après la guerrière farouche dans "Nausicaa" ou "Princess Mononoké", ou la petite sorcière guillerette dans "Kiki la petite sorcière", ici on a droit à une simple gamine, paumée, froussarde, rêveuse, effrayée… Tout comme le spectateur, elle ne sait pas exactement où elle se trouve et va se lancer dans une aventure jonchée de surprises plus ou moins agréables. Une quête initiatique, aussi dangereuse que merveilleuse, où la jeune Chihiro va tenter de retrouver ses parents, et par la même occasion, son nom.

Complexe et débordant de poésie, le film de Miyazaki n'a pas besoin d'en faire des tonnes dans l'action et l'émotion, tout est là (rire, larmes, frissons, aventures, réflexion…) et tout y est harmonieusement mis en place. L'ambiance et l'univers du film , très travaillés, montrent une fois de plus que les animateurs du studio sont très attachés au folklore japonais : après la collection hallucinante de "yokai monsters" dans "Pompoko", ici on croise une bonne vingtaine, voire plus, de dieux et créatures issus de l'univers fantasmagorique japonais. Guettez bien, on n'est jamais à l'abri d'un détail croustillant. Aussi chaleureuse que curieuse, l'atmosphère de la maison des bains imprègne le spectateur du début à la fin, respirant à plein nez un style japonais absolument séduisant. Miyazaki nous en met plein la vue, avec des images d'une beauté fulgurante (le train planté au milieu de la mer, les nombreuses vues du temple, ou la ville se remplissant de fantômes la nuit tombée) qui laissent le spectateur sur le carreau. Epoustouflant. De même que les personnages sont pour la plupart ambigus, une caractéristique rare chez Disney. Certains relèvent d'un coté rassurant, disparaissant bien vite (les parents de Chihiro se transformant en cochons dans une scène assez dérangeante, ou le fantôme au masque blanc dévoilant des envies de cannibalisme assez inattendues), alors que d'autres plus mystérieux voire limite inquiétants, nous font découvrir de bons côtés (le jeune Haku, la sœur de Yubaba, le dieu boue, l'homme araignées, le bébé géant…).

Miyazaki prend un malin plaisir à offrir un panel de clins d'oeils à d'autres films Ghibli, par des détails voyants pour certains ou discrets pour d'autres : la tête du dragon Haku fait penser au loup géant de "Princess Mononoké", le visage du chef de la chaufferie rappelle celle d'un machiniste dans "Le château dans le ciel", les noiraudes (boules de suies vivantes) de "Mon voisin Totoro" font une apparition remarquée, l'envol final rappelle celui du "Château dans le ciel", le visage de Yubaba fait penser là encore à celui de la mère brigand dans "Le château dans le ciel", les cochons semblent donner un lien avec "Porco Rosso"… Et si on cherche bien, même "Akira" (qui n'est pas un Ghibli attention) y passe puisque la masse boueuse fait penser au magma de chair dans le film de Otomo. Encore une chose qu'évite Disney : la vision du sang. Miyazaki s'en fiche, il le montre quand il peut : on se souvient de mutilations sanguinolentes et barbares dans "Princesse Mononoké", d'une balle de pistolet effleurant la joue d'un gosse dans "Le château dans le ciel", et bien ici on a quand même droit à un dragon pissant le sang, dans une scène qui n'a justement rien de drôle. Même certaines idées surprennent par leur cruauté, comme le fils de Yubaba, menaçant de casser le bras de Chihiro ou l'accès de gourmandise cannibale du fantôme suivant Chihiro un peu partout. Encore un chef-d'œuvre pour Miyazaki, qui en enchaîne quand même continuellement, ouf ! Une telle force créatrice, un tel débordement d'émotion et de moments inoubliables, Miyazaki nous l'apporte sur un plateau d'argent avec ce chef d'œuvre définitivement inoubliable.

VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001
VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001
VOYAGE DE CHIHIRO - LE | SEN TO CHIHIRO NO KAMIKAKUSHI | 2001
Note
5
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Jérémie Marchetti